Derrière la dévaluation du dinar sur le marché noir de la devise, se cache, en partie, une transformation de l’argent sale en comptes offshore.
L’euro a dépassé la barre des 150 DA sur le marché parallèle de la devise. Il est coté à 15,20 DA, contre 14,40 en décembre 2013. Le facteur psychologique a joué dans la hausse.
“La peur de troubles, d’émeutes, liés à l’organisation de l’élection présidentielle d’avril 2014 a conduit des fortunes à échanger en masse leurs dinars contre des euros, en vue de les placer sur des comptes à l’étranger. Cette forte demande sur l’euro est à l’origine de la flambée de la monnaie européenne. Elle se reflète à travers l’importance des transactions : 2 à 3 millions d’euros sont échangés à Port-Saïd contre des dinars”, a confié un cambiste très actif dans cette bourse parallèle de la devise.
Cette flambée de l’euro paraît étonnante car elle intervient dans une période habituellement de faible demande sur la devise européenne. À l’accoutumée, les pressions sur la devise se produisent lors des fêtes de fin d’année, le pèlerinage de La Mecque, les grandes vacances. L’euro, face à cette forte demande, connaît durant ces périodes une hausse. Rien à voir avec cette explication. Un spécialiste de la question pointe plutôt du doigt l’argent sale derrière cette flambée de l’euro. “Une partie de l’argent tiré d’activités parallèles, de sous-facturations à l’importation, est transformée en euros pour alimenter des comptes offshore, des sociétés ou des commerces-écran, notamment à Dubai, en Turquie.”
De peur d’une situation d’instabilité politique en Algérie, observe un spécialiste de la question, on prend les devants. On ne sait jamais. Selon le même cambiste, l’argent passerait, entre autres, par les frontières marocaine et tunisienne. “De telles pratiques s’assimilent à des infractions de change. En effet, la législation algérienne réprime toute détention de devises sans justification légale”, ajoute le spécialiste.
On est là dans des situations tolérées par les pouvoirs publics.
Mais les victimes de cette flambée de l’euro sont les petites et moyennes bourses qui devront avancer davantage de dinars pour acheter un médicament en rupture de stock, une prestation de santé ou les frais d’enseignement de leurs enfants inscrits dans des écoles ou des universités à l’étranger.
Les conséquences d’une telle flambée de l’euro sont bien plus désastreuses. Elles renvoient à une fuite illégale de capitaux, synonyme d’une véritable saignée de l’économie nationale, un déficit de confiance à l’égard de nos gouvernants et, surtout, à une vision pessimiste quant à l’évolution politique immédiate en Algérie.
K. R