Il est de tradition que les prix flambent à la veille de chaque Aïd
La valse des prix va-t-elle se répéter la veille et les lendemains de l’Aïd, cette année?
A l’approche de l’Aïd, la crainte qui taraude les ménages. La raison? Il risque d’y avoir une rupture dans l’approvisionnement du marché et les commerçants n’assureront pas les permanences. Ce n’est pas la première fois que ça arrive. La valse des prix des fruits et légumes, accompagnée de celle des vêtements pour l’Aïd, continuera à narguer le consommateur la veille et le jour de l’Aïd El fitr pour se poursuivre jusqu’à presque une semaine après. Du coup, les citoyens se mettent au stockage des produits alimentaires allant des légumes jusqu’au pain.
Pourtant, les commerçants ont été sommés par le ministère du Commerce d’ouvrir leurs portes les jours de l’Aïd en vertu de la loi. En avril dernier, la commission permanente des affaires économiques, du développement, du Commerce, de l’industrie et de la planification de l’Assemblée populaire nationale(APN) a amendé la loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales. Cette loi porte sur l’institution de l’obligation de la permanence par les commerçants pendant les jours fériés et les congés. A la faveur de cet amendement, des pénalités entre 50.000 et 300.000 DA ont été prévues à l’encontre des commerçants qui n’observent pas la permanence.
Cette loi intervient suite aux plaintes des citoyens quant à la pénurie des produits de première nécessité durant les jours fériés. En octobre 2012, les walis ont reçu une instruction interministérielle (ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, et le ministère du Commerce) portant sur l’instauration de la permanence durant l’Aïd. Cette situation n’est pas spécifique à la capitale où la majorité de l’effectif des boulangeries vient des autres wilayas.
L’an dernier, l’approvisionnement des citoyens en pain a connu ainsi de grandes perturbations. Pourtant, les 4 000 boulangeries ouvertes avaient fabriqué 80 millions de baguettes. L’Etat doit sévir pour faire appliquer la loi.Ce qui est difficile en pratique, car il est légitime que ceux qui ont leur famille ailleurs que dans les grands centres urbains du pays, veulent, et sont dans leur droit, de passer l’Aïd en famille. Qu’à cela ne tienne.
Les pouvoirs publics n’ont qu’à instaurer une feuille de route qui exigerait que les commerçants, principalement de denrées alimentaires et du pain, s’organisent et établissent des permanences à travers les différents quartiers et localités. Il faut établir une liste de permanence à respecter avec la plus grande rigueur. A la seule condition que cette liste soit élaborée avec une large concertation. «Il ne faut pas que la liste se fasse à huis clos», avertit le porte-parole de l’Ugcca.
La désignation des commerçants concernés par la permanence se fait conjointement par le wali, la direction du commerce, les élus locaux ainsi que les représentants des commerçants. Car même avec ces permanences, il risque d’y avoir des défections. Très souvent, c’est la main-d’oeuvre qui fait défaut. Habituellement, c’est désormais ancré dans les moeurs des commerçants, les bras sont embauchés de façon précaire sans contrat et payés journellement sans être déclarés pour échapper au fisc. Ces employés, des jeunes généralement, acceptent de travailler au jour le jour presque. Ils s’absentent pour un oui, pour un non, désertent les commerces pendant les fêtes religieuses ou nationales en imposant leur diktat, en constituant une main-d’oeuvre disparate. A telle enseigne que le commerçant doit parfois s’adapter à cette situation en embauchant quiconque, souvent des journaliers sans expérience pour préserver leur emploi.
La faille dangereuse, on va le constater cet Aïd, les commerçants s’y engouffrent en augmentant les prix au vu de la rareté des livraisons et de l’absence presque totale de cette précieuse main-d’oeuvre.
Cette rareté et cette hausse des prix n’est qu’une répercussion de plusieurs autres facteurs qui freinent en cette période, les récoltes et les cueillettes, en subissant
l’absence de transporteurs et autres agents des secteurs du circuit de distribution.
L’an dernier, à pareille époque, nombre de localités du pays ont connu une grave crise de disponibilité de produits alimentaires.
Les commerces avaient fermé plusieurs jours durant, laissant le consommateur pantois et obligé de puiser dans ses réserves (lorsqu’elles existent) ou de consommer des légumes secs et force couscous. Le ministère du Commerce a promis d’appliquer la loi. Wait and see.