L’Algérie dispose d’un réseau routier dense de 112 000 km. Mais 60 % de ce réseau est en mauvais état. L’entretien des routes, considéré dans le passé comme le parent pauvre du secteur des travaux publics, est placé actuellement au cœur de la politique de développement.
60 % des routes algériennes sont en mauvais état. Leur modernisation et leur réhabilitation restent toujours d’actualité. Des milliers de kilomètres à traiter avec des budgets conséquents. L’entretien des routes fait désormais partie des priorités de l’important programme des travaux publics.
L’Algérie dispose d’un réseau dense de 112 000 km. Mais 60 % de ce réseau reste en mauvais état, d’autant que 72 % de ces routes sont goudronnées.
C’est ce qui ressort d’une étude de la Banque mondiale publiée l’année dernière, intitulée «Corrections des défaillances de l’infrastructure routière et de transport», qui relève «des anomalies dans l’infrastructure du réseau routier», mais constate que «les efforts d’extension de ce réseau et son entretien sont visibles grâce à des montants financiers injectés à cet effet». Les routes et autoroutes consomment ainsi beaucoup d’argent.
On estime que 4 % du PIB hors hydrocarbures sont le résultat d’investissements colossaux pour la réalisation des projets, la réhabilitation et l’entretien des milliers de kilomètres d’asphalte. Très prudent sur la révélation des coûts des projets et leurs incidences sur le plan économique, seul le projet d’autoroute est-ouest a été estimé à presque 12 milliards de dollars après sa réévaluation.
Pour l’heure, le ministre des Travaux publics a pris le soin de préciser que le coût d’entretien des routes est de 20 milliards de DA. Il fait savoir désormais que «l’entretien des routes, qui était considéré dans le passé comme le parent pauvre du secteur des travaux publics, est placé actuellement au cœur de sa politique de développement». Entre 2005 et 2009, l’Etat dépensait environ 1 milliard de dollars pour remettre à neuf l’état vétuste des routes.
Une somme assez importante qui démontre qu’»une route est plus coûteuse dans sa maintenance que dans sa réalisation», selon un spécialiste des travaux publics. L’argent étant disponible, les autorités ont élaboré un calendrier précis de projets d’extension et de densification du réseau avec un schéma directeur et la mobilisation d’entreprises algériennes et étrangères.
C’est l’un des rares secteurs qui a été relancé avec force subventions. Très peu de rapports signalent les flux financiers affectés à une branche considérée comme «stratégique après le pétrole et l’éducation».
Cela dit, sur le chapitre des réalisations d’ouvrages routiers, les responsables et techniciens de différentes entreprises s’enorgueillissent d’une certaine amélioration par rapport aux années précédentes.
L’un des atouts est la multiplication des entreprises (4 000) réparties entre grands groupes et PME. Les bureaux d’études estimés à 650 affichent des ambitions pour combler le déficit en savoir-faire technique et conception des projets, qui s’effectuaient auparavant à coup de milliards en devises.
Les projets de réalisation à venir concernent principalement la réhabilitation des routes communales et nationales, ainsi que les chemins de wilaya. Un concentré de nouvelles techniques qui permettra d’étendre le réseau à 142 000 km dans les prochaines années. Le ministère des Travaux publics ne badine pas avec le respect de la qualité de l’ouvrage et celui des délais qui sont les traits essentiels dans ce domaine.
Les grands défis de la route neuve
Le défi qui attend d’être concrétisé est celui de la réfection de 1 500 km chaque année. Les Hauts Plateaux sont concernés par 700 km d’extension et de réfection, alors que le Sud sera étendu par un réseau de 1 300 km. Le ministre a fait état récemment de la «préservation du patrimoine routier sur 7 800 km de routes avec un renforcement sur 3 128 km». Le programme de confortement sera procédé par 24 ouvrages d’art.
De plus, on évoque un aménagement des routes côtières (RN 11, RN 24, RN 43) par des actions de modernisation, dédoublement et créations de nouvelles voies. Pour les grandes agglomérations, c’est tout un programme qui est actuellement en vigueur. Il s’agit d’un projet de contournement des grandes villes sur 195 km (25 villes/16 wilayas). Le plus important est celui de la rocade avec 1 300 km qui est en cours. Sur ce point, le désenclavement et le maillage sont inscrits comme priorités dans le cadre de création de nouvelles routes au niveau des frontières.
Pour les voies rapides, il est prévu 34 projets avec 100 km chacune. Décongestion de la circulation dans les grands centres urbains, par la réalisation d’un programme d’ouvrages d’art et de 24 trémies, à travers plusieurs wilayas.
De nouvelles routes visant le raccordement entre l’autoroute est-ouest avec les axes principaux des routes nationales et la rocade des Hauts-Plateaux sont également projetées pour la même échéance. Pour la capitale, il sera question de la décongestionner au fur et à mesure. Le plus gros se fera dans les dédoublements des pénétrantes vers la 2e rocade sud d’Alger.
Le nouveau schéma a pris en compte les différents greffages, bretelles et passerelles à réaliser pour permettre un accès plus fluide vers l’est de la capitale. Il est à noter que le réseau actuel compte 29 280 km de routes nationales, 59 645 de km de routes communales et 23 771 km de chemins de wilaya, avec en prime 4 910 ouvrages d’art. Un réseau qui compte parmi les premiers à l’échelle africaine.
Toutes les entreprises mobilisées
Il est prévu donc le lancement de nouveaux projets d’infrastructures routières devant permettre de faciliter et d’optimiser la circulation. Le ministre, lors d’un entretien avec les médias en juin dernier, a mis en relief «la mobilisation des entreprises nationales, qu’elles soient publiques ou privées».
C’est ainsi qu’il a mis l’accent sur le volet formation des cadres des entreprises publiques et privées. Plusieurs entreprises algériennes souhaitent acquérir des partenaires étrangers, le savoir-faire et la technicité pour ce genre de projets.
Dans cet axe, l’Italie, la France et l’Afrique du Sud sont les pays phares qui voudraient se lancer avec les entreprises algériennes dans les projets de consolidation des routes.
Pour le premier responsable des travaux publics, «il faut encourager les entreprises publiques et privées, et les bureaux d’études à s’encadrer de compétences». Ainsi, 3 000 projets de formation ont été lancés par le secteur pour une enveloppe de 2 000 milliards de dinars. Résultat : 7 000 cadres, dont 4 000 dans le cadre de la réalisation de l’autoroute est-ouest, ont été formés et recyclés.
Le ministre a réitéré, à chaque occasion, les entreprises à s’orienter vers de nouvelles filières, telles que celles de la signalisation routière, de l’aménagement de surface et de l’embellissement. Selon lui, il y a lieu « de consolider toutes les procédures entre les entreprises et l’administration pour améliorer trois paramètres importants : la qualité, les délais et le coût des projets».
En finir avec les routes cabossées
Le ministère des Travaux publics reconnaît l’état déplorable des routes algériennes. Le constat tourne autour du manque de signalisation horizontale et verticale, absence d’éclairage sur les tronçons autoroutiers, multiplication des ralentisseurs sauvages, détérioration rapide de la qualité de la chaussée.
Ce sont surtout les routes communales qui en paient le prix. Les revêtements de moindre qualité avec souvent la précipitation dans la réalisation laissent des traces visibles sur des tronçons mal faits, des fossés surélevés et un bitumage qui s’ajoute comme une couche de plus sur des routes déjà goudronnées.
Dans l’optique de la remise à neuf des routes, il ne s’agit plus désormais de rééditer des expériences qui ont échoué par le passé.
Les surcoûts des entretiens paraissent énormes au vu des résultats peu probants. Une route est faite selon les normes mondiales, pour être exploitée au moins pendant 10 ans, avec des travaux de réfection moins coûteux. Le nouveau programme compte bien établir près de 500 maisons cantonnières pour le suivi de la réfection et la maintenance. Toutefois, ce projet tarde à se concrétiser.
Fibres optiques
Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a souligné à Alger l’impact positif du réseau national de fibres optiques sur celui des routes et des autoroutes qui compte 52 000 km, d’une capacité d’extension de plus de 30 000 km à l’horizon 2025. «L’exploitation des réseaux de fibres optiques et des technologies satellitaires dans le secteur des travaux publics nous intéresse, que ce soit dans la réalisation des projets routiers ou dans la gestion des routes existantes.
Cela va booster le secteur et créer une forte dynamique socio-économique au pays», a-t-il considéré. Selon lui, l’utilisation des nouveaux supports de communication via les fibres optiques permettra aussi aux entreprises de réalisation «de suivre à distance l’avancement des chantiers, notamment ceux des grands ouvrages d’art». La fibre optique recèle l’avantage d’établir une nette amélioration du service public, notamment dans la téléphonie et l’ADSL.
L’autre atout réside dans l’amélioration des conditions de sécurité des usagers de la route. Le ministre explique «l’effort de prévention dans lequel plusieurs intervenants seront impliqués, à l’instar de la protection civile et la gendarmerie nationale».
Evoquant la prochaine mise en place d’un réseau de géo-localisation par satellite (GPS) destiné aux usagers des routes en Algérie, le ministre souligne que «ce système offre un gain de temps aux automobilistes, puisque sa première fonction est de guider l’usager de la route dans son trajet».
«Avec cette technologie spatiale, l’Algérienne de gestion des autoroutes (AGA) pourra organiser la circulation automobile sur les autoroutes et même à l’intérieur des villes», a-t-il encore indiqué. Le GPS facilitera donc les opérations de secours et d’entretien en cas d’accidents de la circulation.
Le second objectif est de raccorder «toutes les localités enclavées du Sud et des Hauts Plateaux».
Fayçal Abdelghani