Ronaldo : «Maintenant, je veux le troisième»

Ronaldo : «Maintenant, je veux le troisième»

Le 13 janvier 2014 restera gravé à jamais dans la mémoire de Cristiano Ronaldo. Le Portugais s’est rendu à Zurich avec un pressentiment. Entouré de sa famille, sa fiancée et son fils, il était convaincu que la chance pouvait lui sourire. Pourtant, ses sanglots et sa difficulté à trouver les mots sur scène ont surpris le monde entier. Ce sont sans doute ces aspects-là que retiendront ceux qui connaissent le mieux le vainqueur du FIFA Ballon d’Or 2013. Le Portugais, qui aura devancé Lionel Messi et Franck Ribéry dans la dernière ligne droite, a enfin remis la main sur le prestigieux trophée après son sacre de 2008. Et c’est rasséréné qu’il s’est présenté devant le micro de FIFA.com.

«Pour gagner un tel trophée, il faut beaucoup travailler»

«En apprenant que j’avais gagné, j’ai été submergé par le bonheur. C’est une immense fierté.» C’est avec ces mots que l’attaquant du Real Madrid a expliqué ce qu’il a ressenti au moment où Pelé prononçait son nom. «Pour gagner un tel trophée, il faut beaucoup travailler», a-t-il poursuivi, tout en soulignant «le dévouement et les heures de travail» qu’il faut consentir pour arriver au sommet.

«Sans mes coéquipiers du Real Madrid et de l’équipe nationale, je n’aurais rien pu faire»

L’ancien joueur de Manchester United, incapable de cacher sa joie, a reconnu que «la conquête de ce deuxième Ballon d’Or est ce que (j)’ambitionnais le plus», avant de signaler que «sans (mes) coéquipiers du Real Madrid et de l’équipe nationale, (je) n’aurais rien pu faire. Et (j’ai) aussi une pensée pour mes entraîneurs, en club comme en sélection, qui ont su (me) faire confiance», a-t-il complété en référence à Paulo Bento, José Mourinho et Carlo Ancelotti, qui l’auront dirigé tout au long de cette année.

«C’est un honneur de recevoir le trophée des mains de Platini et Pelé»

Avant de reconnaître qu’il s’agit d’un «grand bonheur personnel», Ronaldo a rendu hommage à ceux qui lui ont remis le prix, Michel Platini et Pelé, lequel avait reçu quelques minutes plus tôt un Ballon d’Or d’Honneur. «Ce sont deux immenses joueurs, de véritables légendes, et c’est pour moi un privilège d’avoir reçu ce trophée de leurs mains.» C’est ainsi que s’est achevée la soirée de l’attaquant lusitanien, qui vient de signer le 400e but de sa carrière et qui a quitté le Kongresshaus de Zurich entouré de l’affection de ses proches, ses collègues et ses fans. Avant de partir, il a bien sûr livré ses objectifs pour 2014, une année où il pourrait encore faire des étincelles : «Je vais essayer de donner mon maximum, comme toujours, et j’espère bien revenir l’année prochaine pour brandir le troisième Ballon d’Or de ma carrière. C’est ça mon but».

———-

Ibrahimovic : «Je suis content pour C. Ronaldo»

Interrogé au micro de L’Equipe 21, Zlatan Ibrahimovic, qui a remporté le Prix Puskas du plus beau but, a brièvement évoqué le triomphe de Cristiano Ronaldo, sacré FIFA Ballon d’Or 2013. «Je suis très content pour lui. Il le mérite», a déclaré l’attaquant international du Paris Saint-Germain, quatrième du classement final.

Cavaco Silva (Président du Portugal) : «C’est la fierté des Portugais du monde entier»

«Il est le premier joueur portugais à recevoir ce prix deux fois. Cela récompense son niveau exceptionnel, son dévouement et son engagement à toutes les étapes de sa carrière de footballeur. Il rend hommage aux couleurs nationales et fait la fierté des Portugais du monde entier.»

Neymar : «Ronaldo est également une idole pour moi»

«Tous les joueurs savent comme il est difficile de remporter des prix, surtout celui-ci. J’étais pour Messi, mais la décision est juste. C’est également une idole pour moi. Félicitations à Ronaldo.»

Bento (Ent. Portugal) : «Cristiano est un joueur extraordinaire»

«Je ressens une grande satisfaction car au fond, cela rend justice à une année extraordinaire de la part d’un joueur extraordinaire et extrêmement talentueux. Il n’y a que comme cela que l’on peut gagner ce genre de prix. En tant que Portugais et sélectionneur, je suis très heureux. C’est une personne sincère et il est très ému. C’est naturel.»

Scolari (Ent. Brésil) : «Il le mérite amplement»

«Je pense que c’est complètement mérité. Pas seulement pour cette année, mais pour l’ensemble de son œuvre sur ces dernières années. C’est un joueur qui travaille tous les jours pour s’améliorer d’année en année. C’est spectaculaire.»

Florentino Perez (Président du Real Madrid) : «Cette distinction est justifiée»

«La seule chose que je veux dire c’est que ce Ballon d’Or est justifié pour Cristiano Ronaldo, c’est la reconnaissance du travail, du talent, de l’envie au quotidien de gagner»

Fernando Gomes (Pdt. de la Fédération portugaise de football) : «Ce n’est que justice pour lui»

«En 2013, Ronaldo a été fantastique avec le Real Madrid et en équipe nationale. Il y a eu des moments de peur, mais grâce à lui, nous avons atteint notre objectif. Pour nous, Portugais, c’est une fierté de voir l’un de nos joueurs gagner le Ballon d’Or. Cela rend justice à tout ce qu’il a fait en 2013.»

Dani Alves : «Il faut le féliciter»

«Il faut savoir gagner et perdre. Aujourd’hui, c’est le jour de Cristiano. Il faut le féliciter»

Butragueno : «Ronaldo devra se contenter de la seconde place derrière Di Stefano»

Ex-légende du Real Madrid dans les années 80-90, Emilio Butragueno a évoqué, dans les colonnes de France Football, l’impact de Cristiano Ronaldo sur l’histoire du Real Madrid. Pour « el Buitre » (le Vautour en espagnol), l’attaquant portugais est un immense joueur mais ne sera à jamais que le second derrière Alfredo Di Stefano, «une légende qu’on ne peut comparer à personne pour tout ce qu’il a apporté au Real, mais aussi pour le moment auquel il est apparu. Quand Alfredo est arrivé, le Real n’était pas un club si important en Espagne, ce n’était pas un club qui gagnait. Alfredo a fait d’une équipe normale la meilleure équipe du monde. Cette mentalité, c’est Di Stefano qui l’a insufflée et gravée à jamais dans le blason du Real (…) Tout en haut, il y a donc Alfredo et, sur la marche juste en dessous, il y a désormais Cristiano».

«Je suis né en 1963 et je n’ai jamais vu un footballeur du Real offrir un tel rendement sur un terrain»

L’ex-international espagnol qui estime malgré tout que CR7 est devant tous les autres, Zidane, Raul et compagnie : «Cristiano n’a quasiment jamais de « coup de moins bien ». C’est hallucinant ! Je suis né en 1963 et je n’ai jamais vu un footballeur du Real offrir un tel rendement sur un terrain. Jamais ! (…) D’ailleurs, pour conseiller mes enfants dans leur vie, j’utilise souvent son exemple. Pour tout cela, alors qu’il est encore joueur, Cristiano appartient déjà à la légende du Real. Il est unique en son genre.»

————

C’est lui qui a lancé Ronaldo au Sporting

Lazlo Bölöni : «Même à 16 ans, il n’avait peur de rien, surtout pas des contacts»

Si vous aviez voté pour le Ballon d’Or, auriez-vous choisi Ronaldo ?

Déjà, il a fait une année remarquable avec son club. Même s’il n’a pas gagné de trophées, sa performance a été exceptionnelle. Et ce qu’il a fait avec son équipe nationale, c’est ce que j’attendais de sa part depuis très longtemps : il a totalement assumé l’énorme responsabilité qui pesait sur ses épaules. Pour ces deux raisons, oui, j’aurais voté pour lui, même si je ne suis pas forcément très objectif dans mes appréciations pour ce joueur que j’ai fait débuter et que j’admire. Au-delà de sa formidable puissance technique et athlétique, il a une telle réactivité et de telles qualités de coordination, qu’il continue à faire la différence face à des adversaires qui décortiquent pourtant son jeu depuis des années.

Il le mérite davantage que Lionel Messi et Franck Ribéry ?

Il a le handicap de l’absence de trophées, mais si le Ballon d’Or récompensait un palmarès, pourquoi toute l’équipe du Bayern ne serait-elle pas honorée ? Le Hongrois Albert l’a gagné (en 1967, Ndlr) sans avoir rien remporté (avec Ferencvaros) mais grâce à son seul talent individuel. Je le dis avec beaucoup de respect pour Franck Ribéry, un très bon joueur qui a réussi de grosses performances, y compris en sélection, mais il n’y a pas photo entre lui et Ronaldo ou Messi. Et, pour moi, Ronaldo, en 2013, est hors-catégorie, supérieur à Messi.

Racontez-nous vos impressions lorsque vous arrivez au Sporting Portugal à l’été 2001…

Ronaldo ne jouait même pas avec la réserve, il était chez les juniors. Je l’ai vu en amical, je l’ai pris quelque temps plus tard à l’entraînement… et je ne l’ai plus jamais laissé repartir ! Je ne voyais pas en lui un gamin de 16 ans encore assez maigre, mais un joueur déjà mature. Ce qui m’a impressionné, en dehors de sa technique, c’est son implication totale à l’entraînement, sans aucune appréhension ou excès de respect face à nos meilleurs joueurs. Il n’avait peur de rien, surtout pas des contacts. Sur le plan tactique aussi, il était précoce. Je me souviens lui avoir crié dessus en finale d’un tournoi amical en Espagne parce qu’il avait perdu la balle sur un passement de jambes. Il a aussitôt piqué un sprint, il a récupéré le ballon dans notre surface et il m’a fait un geste pour me dire : « J’ai compris ». Pour moi, le Ronaldo que nous connaissons aujourd’hui est né ce jour-là. Quelques semaines plus tard, il marquait un doublé pour son premier match en Championnat (contre Moreirense en septembre 2002, ndlr).

Dès ce premier match, vous le placez sur un côté alors qu’il avait toujours joué en position d’avant-centre chez les jeunes. Pourquoi ?

Parce qu’il y a beaucoup de joueurs brésiliens au Portugal, pas toujours brillants à mon avis, mais très expérimentés, et que mon analyse était qu’il exprimerait mieux ses qualités de vitesse sur un côté, face au jeu, que dos au but entre deux stoppeurs de 90 kilos. J’avais aussi remarqué à l’entraînement que ce positionnement ne nuisait pas à son efficacité. Je suis fier de cette décision. A Manchester, Alex Ferguson a partagé mon appréciation et confirmé ce choix.

Quelques mois après l’avoir lancé, alors que Cristiano Ronaldo n’a pas encore 18 ans, vous dites de lui dans la presse qu’il est «l’Eusebio de demain», une formule que l’on vous a beaucoup reproché à l’époque au Portugal…

Mon conseiller était proche du président du Benfica, le club d’Eusebio. Il m’a dit : « Tu es fou, pourquoi as-tu dis ça ? Comment peux-tu comparer un jeunot avec une personnalité pareille ? ». Moi, je ne pensais manquer de respect à personne et j’avais mes raisons de dire cela. Je n’avais peut-être pas compris à quel point Eusebio, qui vient de nous quitter malheureusement, est un monument intouchable au Portugal. Mais je l’ai rencontré par la suite : il ne m’en voulait pas du tout et il était… presque d’accord avec moi. Avec mon conseiller, nous avions fini par faire un pari. Je crois l’avoir largement gagné depuis mais j’attends toujours le champagne !»