«Rokia contre 200 dinars» proposée à Bab El Oued,Les nouveaux médecins «halal» envahissent Alger

«Rokia contre 200 dinars» proposée à Bab El Oued,Les nouveaux médecins «halal» envahissent Alger

La récente affaire de Bordj El Kiffan concernant un charlatan qui se faisait passer pour un «raki» (un guérisseur par les versets coraniques) et qui a violé 30 jeunes filles après les avoir endormies, ranime la polémique sur le rôle des «rakis» à Alger.

Après cette importante affaire qui a coûté leur honneur à trente jeunes filles, c’est au tour de Bab El Oued d’accueillir ce genre d’activité. Un jeune «raki» élisant domicile au quartier des Trois horloges, exerce en toute quiétude. Il reçoit de dizaines de personnes, dont la majorité sont des femmes, et exigent d’elles le versement de 200 dinars après chaque «visite». La prolifération des lieux clandestins de «rokia» inquiète à Alger. Hormis les vrais «rakis» qui ne sont pas nombreux, de jeunes salafistes résidant dans les quartiers populaires algérois se présentent comme étant des guérisseurs puisqu’ils connaissent les versets coraniques capables d’exorciser le mal dont souffrent certaines personnes. Du coup, des appartements loués par de jeunes salafistes se réclamant au service des personnes en détresse se sont transformés en lieux de «rokia». Des appartements comparables à des «cabinets médicaux», avec des personnes qui vous reçoivent et vous demandent de rester dans une «salle d’attente» avant de vous orienter vers le «médecin», entendons par là le «raki». Il s’agit souvent d’un barbu vêtu d’un «kamis», un habit qui met en confiance les «clients et clientes».

A Bab El Oued, c’est le cas. L’appartement sis aux Trois horloges est ouvert aux femmes en situation désespérée. Il y a celles qui pensent avoir été victimes du «mauvais œil» et se présentent chez le jeune «raki» pour se soigner et trouver enfin le prince charmant. On peut trouver également des femmes mariées avec leurs enfants, en vue de recevoir des soins à travers les versets coraniques du jeune barbu. Celles qui se rendent chez ce «raki» doivent impérativement se munir d’une bouteille d’eau minérale afin qu’il récite des versets du Coran sur cette eau que les femmes boivent pour être délivrées du mal. Revenons à ces «salles d’attente» des appartements de «rokia» sis à Bab El Oued. Une foule nombreuse est observée chaque jour devant la porte d’entrée. Tout le monde croit à la «rokia», certes, c’est une méthode connue depuis longtemps, mais il se trouve qu’aujourd’hui des gens qui, n’ont rien à voir avec ce soin spirituel, profitent de l’engouement des malades pour faire fortune ou pour abuser des femmes. Dans cet appartement de Bab El Oued, le «raki» reçoit huit à neuf femmes dans la chambre «secrète». Là, il commence à réciter des versets coraniques dans la bouteille d’eau tout en tenant la tête de sa cliente. Selon des témoignages de personnes qui se sont rendues chez ce «raki», il arrive que les femmes s’évanouissent, d’autres crient, croyant ne plus être envoûtées. Une femme qui accompagnait sa fille a été transportée en urgence à l’hôpital Maillot, n’ayant pas supporté le climat, d’autant que les gens criaient et d’autres s’évanouissaient. Une fois que le soin spirituel prend fin, les clientes doivent s’acquitter de la somme de 200 dinars exigée par le «raki». Pour rappel, récemment un charlatan, nommé S.L. âgé de 43 ans, escroc de la pire espèce résidant à Bateau-Cassé dans la commune de Bordj El Kiffan, a été arrêté par la police après que 30 jeunes filles ont déposé plainte contre lui pour viol après les avoir endormies. Le charlatan s’est fait en quelque temps la réputation de guérir le mal qui touche des jeunes filles qui rencontrent des difficultés à dénicher le prince charmant. Profitant de cette réputation, S.L. promet à ses victimes que la question peut être réglée grâce à la «rokia», se vantant d’être un maître en la matière. De bouche à oreille, sans toutefois aucune preuve de son efficacité, il s’est forgé une solide réputation. Ses agissements ont fini par être dévoilés grâce à l’intervention des policiers. Ce charlatan est, comme beaucoup d’autres, derrière les barreaux.

Par Sofiane Abi