Abdelkader Bensalah a présidé, hier mercredi, une réunion de «l’instance technique nationale», qui fait office de bureau national provisoire du Rassemblement national démocratique depuis le 17 janvier dernier. En soi, cette réunion est un événement.
En l’état actuel des choses, en effet, ce qui était une simple formalité que l’ex-secrétaire général expédiait de manière régulière, une fois par semaine, relève désormais d’une véritable prouesse pour l’actuel président du Sénat. Cela, en raison de facteurs tant endogènes qu’exogènes des plus défavorables. Ainsi, au plan interne, Bensalah fait face, depuis qu’il a succédé à l’ancien chef du gouvernement, à des tiraillements intenses entre deux clans inconciliables, les anti- Ouyahia n’admettant même pas la présence, au sein des structures dirigeantes du parti, d’éléments proches de l’ancien secrétaire général. Ce courant, mené par l’ancien ministre de la Santé Yahia Guidoum, exercera une pression telle sur Bensalah que ce dernier, connu pour son tempérament plutôt porté vers l’esprit de compromis, préfère diluer le problème en misant sur l’usure du temps.
A cette tension interne au parti, et qui n’épargne pas non plus la base, s’ajoute une situation politique nationale pour le moins inédite. A une année des présidentielles, le pays est plombé comme jamais en raison du brouillard sciemment entretenu par Abdelaziz Bouteflika quant à son avenir politique immédiat. Un état des lieux qui se répercute et qu’illustre en même temps la situation quasiment identique aux deux partis politiques du pouvoir, le FLN et le RND.
Tout le monde sait que l’enjeu unique et exclusif étant la prochaine élection présidentielle, les deux partis attendent, au sens propre du mot, les instructions des tenants du pouvoir pour voir dans quel sens ils doivent régler leurs crises respectives. Cela se lit aisément d’ailleurs à travers le communiqué du RND, qui a sanctionné la réunion de son instance provisoire, hier mercredi. Il y est question en fait de «préparatifs préliminaires nécessaires en prévision de la tenue de la prochaine session extraordinaire du conseil national et dont la date sera fixée ultérieurement». Laquelle session qui, lit-on dans le même communiqué, «interviendrait avant le quatrième congrès». Si Ouyahia avait prévu la tenue dudit congrès pour mars 2013, Abdelkader Bensalah tentera encore de gagner davantage de temps en ayant recours à une vieille méthode en la matière : «… il a été procédé (lors de la réunion, Ndlr ) à la distribution des missions sur chacun des membres de l’instance, chargés, chacun de son côté, de préparer les documents qui doivent être soumis à la prochaine réunion du conseil national.» En même temps, «il a été retenu le principe de la mise sur pied d’un mécanisme d’intégration, d’adhésion et de ré-adhésion des militants qui sera consolidé par un cadre qui se penchera sur les recours, et ce, dans un souci d’un surcroît d’unité des rangs…». Autrement dit, Bensalah préfère temporiser, pour voir plus clair avant de lancer la machine. Il faut, par ailleurs, savoir que l’homme avait clairement fait savoir en cercle restreint, qu’il ne compte pas rester à la tête du RND. «C’était d’ailleurs sa seule condition avant d’accepter de prendre le relais, le 17 janvier dernier», nous révèle une source très bien informée.
K. A.