Seul le parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia a osé croiser le fer avec les islamistes de l’Alliance Verte qui se sont ligués vent debout contre le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, à propos de la statue de Aïn Fouara à Sétif. On croirait revenir aux années 1990 où ce courant multipliait les fetwas et autres condamnations à l’encontre des démocrates accusés tour à tour de produire les valeurs de l’Occident et de travestir la personnalité algérienne. Le chef du groupe parlementaire du RND, Bellabes Belabes, député de Djelfa, a été le seul parmi les autres formations dites démocratiques à prendre la défense du ministre de la Culture : « Est-ce que ce n’est pas vous qui avez été chargés de mettre en application un projet des frères musulmans, wahhabite ou chiite, ou les trois à la fois », a-t-il déclaré à l’adresse des députés de ce courant : « Il se dit que vous avez touché de l’argent pour réaliser cette mission. Ce qui veut dire que vous avez été financés à partir de l’étranger », a-t-il encore ajouté. D’après lui, si l’Algérie a connu une « guerre civile » au début des années 1990, c’est parce que « l’Etat avait renoncé à lutter contre ces idées extrémistes durant les années quatre-vingts, » dit-il. Cette déclaration n’a pas plu au député Ahcene Aribi, qui a immédiatement réagi en postant un commentaire où il a encore une fois proféré des insultes, dans une seconde attaque au vitriol, postée sur compte Facebook contre le ministre de la Culture. Il s’en est pris au ministre pour s’être opposé à la demande d’une députée du courant islamiste de retirer la statue d’Aïn El-Fouara à Sétif au lieu de la restaurer. Dans une réaction postée sur sa page Facebook, Aribi accuse le ministre de la Culture d’être « l’employé de l’homme des sales besognes » . Il y a quelques jours, questionné à l’APN par la députée Khemri Beldia, de l’Alliance El Adala, Nahda et El Bina, au sujet de la « nécessité » de transférer cette statue vers un musée. Azzedine Mihoubi, droit dans ses bottes, lui a répondu que « ce sont ceux qui portent cette thèse qui devront être mis dans un musée ».
Pour autant, le courant démocrate n’a pas jugé utile de relayer le député du RND, le laissant seul dans l’arène au moment où ce courant religieux retrouve une seconde vitalité via ses nombreux réseaux et notamment par le courant salafiste. Le tête de pont de ce courant en Algérie est Mohamed-Ali Ferkous, professeur à l’université de Kherrouba qui compte de nombreux adeptes et qui a qualifié d’illicites les grèves, manifestations et autres mouvements de protestation.
Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a ainsi mis en garde en affirmant que « l’État va faire face aux idées du courant sectaire dont se réclame Ali Ferkous. Des idées qui peuvent diviser la société ». Plus que cela, le ministre rappelle que « cette idéologie est celle-là même qui a engendré le courant de pensée qui a précédé la décennie 1990. C’est celui-là même qui a été à l’origine de la tragédie des années 1990 ». Avant le ministre, le président de l’Association des oulémas musulmans algériens, Abderrezak Guessoum, a lui aussi critiqué la sortie de Mohamed-Ali Ferkous.