Le Rassemblement national démocratique replonge dans la crise, une semaine à peine après la tenue de son congrès. Il aura suffi en effet que Abdelkader Bensalah rende publique la composante du nouveau bureau national pour qu’un … «mouvement de redressement» prenne forme contre lui. «C’est du sérieux !» nous confie-t-on de source proche du parti.
Pour notre source, cette composante «est un concentré de viols et d’entorses à tous les textes et à tous les usages qui ont régi le parti depuis sa création». Ainsi, et pour commencer, «il était de tradition, sous Ahmed Ouyahia, que, concernant la composante du conseil national déjà, le secrétaire général se réserve un quota de 15 membres désignés par ses soins.
En l’occurrence, Ouyahia désignait des personnalités nationales, d’anciens ministres, ambassadeurs, etc. Or, Bensalah, lui, se réservera un quota pléthorique de trente-huit membres. Majoritairement, ils sont des membres «redresseurs» qui s’étaient ligués contre Ouyahia mais qui, paradoxalement, n’ont pas réussi à se faire élire dans leurs wilayas respectives ! Pire encore, sept d’entre eux finiront même par être propulsés au bureau national». Deuxième grief retenu contre Bensalah, le coup de grâce porté au sacro-saint équilibre régional dans sa répartition des sièges du bureau national. Un bureau pourtant dont le nombre des sièges a été porté de quinze à vingt membres.
«Si la wilaya de Sétif à elle seule s’est vu octroyer trois sièges, les quatorze autres wilayas restantes de la région Est n’ont bénéficié que de deux sièges. Exactement le même nombre qu’une autre wilaya de modeste envergure en termes de population, Aïn Defla. Une vraie aberration !» fera remarquer encore notre source qui ne s’arrêtera pas là. «Au mépris des dispositions de la Constitution et de la loi sur les partis, les quotas qui devaient être obligatoirement réservées aux femmes et aux jeunes de moins de 35 ans ont été tout simplement ignorés. Ainsi, l’on ne retrouve que deux femmes, soit 10% seulement des membres, loin, très loin même du tiers exigé par la loi.» Curieuse méprise, à plus forte raison quand cela émane de celui qui, il y a trois ans, présidait la commission nationale pour les réformes politiques de Bouteflika, qui avait institué ce quota dans la loi sur les partis et celle relative au code électoral ! Quoi qu’il en soit, le fait est que, désormais, Abdelkader Bensalah aura affaire à un sérieux mouvement contestataire qui commence à prendre forme autour de grandes personnalités du parti comme le mouhafedh de Tissemsilt, Guidji Mohamed, membre fondateur et qui jouit d’une grande estime au sein de la base, mais aussi d’anciens ministres comme Belkacem Mellah.
«Bien d’autres ne manqueront pas, à coup sûr, de rejoindre ce groupe des frondeurs à l’image des anciens ministres Boubekeur Benbouzid, Chérif Rahmani, Abdesselam Bouchouareb, et beaucoup d’autres», estime notre source qui s’attend à d’énormes remous au sein du parti dans les jours à venir.
K. A.