À l’angoisse du gouvernement de ne pas parvenir à maintenir la paix sociale viendra s’ajouter la pression du risque sécuritaire aux frontières.
C’est à deux contraintes plutôt qu’à une que l’Algérie est désormais confrontée : la difficulté économique, induite par la dégringolade en continu du prix du baril du pétrole, qui a chuté vendredi, pour la première fois depuis 13 ans, à moins de 30 dollars, et la détérioration du climat sécuritaire dans la sous-région du Sahel, avec, notamment, l’attentat terroriste revendiqué par El-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar contre un hôtel au Burkina Faso.
C’est donc, autrement dit, deux défis que son gouvernement doit simultanément relever dans une conjoncture économique mondiale qui ne prête guère à l’optimisme. Les perspectives financières pour le pays sont plutôt inquiétantes, pour ne pas dire sombres. La reprise des exportations pétrolières iraniennes, après la levée, hier, des sanctions américaines et européennes qui frappaient le pays de Hassan Rohani depuis plusieurs années, maintiendrait, voire aggraverait, la tendance baissière des cours du Brent sur les marchés mondiaux. Ce qui, convenons-en, n’est pas une bonne nouvelle pour un pays comme l’Algérie dont les ressources financières sont fortement dépendantes de la vente des hydrocarbures. D’ailleurs, il est à se demander si le gouvernement ne serait pas amené à opérer un recadrage budgétaire à court terme, à travers une loi de finances complémentaire (LFC) 2016 plus tôt que d’ordinaire. Pour nombre d’experts, en tout cas, cela interviendra inéluctablement, puisque le niveau de la chute du prix du baril et sa durabilité faussent les calculs du gouvernement qui a élaboré la loi de finances 2016 sur un baril de référence à 37 dollars. Ce dernier, déjà forcé au choix de l’austérité économique, ne pourra pas échapper aux arbitrages budgétaires encore plus éprouvants.
Mais l’Exécutif, habitué à la dépense excessive et irrationnelle du temps de l’opulence financière, saura-t-il gérer une situation de crise aggravée, laquelle ne sera sans doute pas exempte de remous politiques et d’agitation sociale, dont les prémices se font d’ailleurs déjà ressentir ? Pas si sûr. On déduit au regard des tâtonnements qui caractérisent aujourd’hui ses actions, qu’il ne peut être le gouvernement de la situation. À plus forte raison lorsque, à son angoisse de ne pas parvenir à maintenir la paix sociale, viendra s’ajouter la pression du risque sécuritaire aux frontières. Un risque réel que rappelle, malheureusement à la fois, le regain d’activités du groupe terroriste de Mokhtar Belmokhtar, les arrestations de terroristes dans le Sud algérien, dans la région frontalière avec la Libye et le Niger, notamment, et les interceptions des armes qu’ils tentaient d’y introduire.
La difficulté pour le gouvernement est de pouvoir conduire une politique d’austérité sans coup férir, tout en maintenant une vigilance sécuritaire accrue.
La difficulté pour lui, aussi, est qu’il ne cède pas à son péché mignon qui consisterait à exhiber la menace sécuritaire pour s’éviter de gérer des situations préoccupantes au double plan politique et social.