Risque d’inondations sur l’Autoroute

Risque d’inondations sur l’Autoroute
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Le professeur Chelghoum affirme que Amar Ghoul «n’est pas apte à donner des explications, c’est aux experts de le faire».

Le risque d’inondation n’épargne pas l’autoroute est/Ouest. Selon le président du Club des risques majeurs, le Professeur Abdelkrim Chelghoum, des tronçons autoroutiers risquent sérieusement d’être submergés par les eaux pluviales, même si les précipitations ne sont pas fortes. Et pour cause, les travaux ont été réalisés sans que les études sur les risques majeurs ne soient effectuées.

L’orateur cite, à titre d’exemple, des tronçons situés au niveau des wilayas de Bouira et El Tarf. Ainsi, il estime «non convaincantes» les explications du ministre des travaux publics, soutenant, suite à l’inondation dernièrement de certaines routes, que «cela se passe dans le monde entier».

Le professeur Chelghoum affirme que Amar Ghoul «n’est pas apte à donner des explications, c’est aux experts de le faire». Précisant que les précipitations en question n’étaient pas si intenses pour occasionner de tels dé-sagréments. «Le ministre n’aurait pas dû comparer l’Algérie aux USA, notre pays n’est pas affecté par les ouragans et les grandes tempêtes pour qu’il soit touché de telle manière» a-t-il précisé. Ajoutant qu’en cas de fortes pluies, la situation sera encore pire et les lacunes de réalisation des infrastructures seront mises à nue.

M. Chelghoum indique également que le tracé de l’autoroute est-ouest traverse plusieurs oueds, sans que des études appropriées ne soient faites, ce qui augmente sa vulnérabilité. Tirant la sonnette d’alarme, l’orateur dira que le projet de construction de 1 million de logements n’est pas en reste. Plusieurs sites d’habitations sont à revoir et restent menacés par les aléas de la nature. Pire, il explique que les sociétés étrangères chargées des travaux de réalisation «sont au courant de cette réalité», mais «leur seule préoccupation est la réception des chantiers, dans de brefs délais». Plus grave encore, il affirme que des sociétés chinoises chargées de projets d’habitat «utilisent un béton qui ne répond pas aux normes».

«Certes, ils sont rapides dans les travaux, mais rien ne garantit la résistance des édifices» note-t-il. Le président du Club des risques majeurs explique que l’on ne peut pas faire face aux aléas climatiques sans que les experts ne soient associés à la conception des projets.

«Avec les projets pharaoniques réalisés, le risque s’est plutôt multiplié par dix» soutient-il. «On continue toujours de construire sur des zones inondables et inconstructibles» regrette notre interlocuteur. Des situations, plutôt, dangereuses ne sont toujours pas corrigées malgré la menace évidente encourue, fait-il savoir, citant le cas du ministère de l’Energie et des mines, dont le siège a été implanté sur un oued, à Val d’Hydra.

«Son inondation est une question de temps» met-il en garde. M. Chelghoum ajoute que des institutions publiques ont été construites sans le respect des moindres normes. Il a cité la caserne de la protection civile, de la wilaya de Ghardaïa, érigée dans un lit de oued et qui a été touchée par les inondations en 2008.

Selon lui, «l’Algérie est l’un des pays les plus vulnérables au monde» et les budgets colossaux dégagés par les autorités publiques ne sont pas en mesure de faire face aux catastrophes sans l’implication active des experts et spécialistes.

Par Aomar Fekrache