Risque de dérapage à Illiten et gaspillage à Boudjima: Les paradoxes « hydriques » de Tizi Ouzou

Risque de dérapage à Illiten et gaspillage à Boudjima: Les paradoxes « hydriques » de Tizi Ouzou

Citoyens et élus passent, matin et soir, par la route qui donne l’impression de devenir une rivière à cause des incalculables fuites dans le réseau vétuste.

La gestion de l’eau potable est l’un des plus grands paradoxes qui caractérisent la wilaya de Tizi Ouzou. Alors que le conflits sur les sources ressurgit à Illiten, dans la daïra d’Aïn El Hammam, c’est le gaspillage qui frappe cette ressource rare à Boudjima dans la daïra de Makouda, du côté du littoral. A Illiten, des mois après l’accord conclu entre les quatre villages en conflit sous le patonage de la wilaya, les résolutions prises ne sont pas encore appliquées. Les protestataires venus pour tenir un sit-in avant-hier devant le siège de la wilaya affirmaient que les promesses faites n’étaient que «du pipeau».

A Boudjima, la situation se présente paradoxalement tout autrement. Après des années de souffrances à cause du manque d’eau potable, c’est le gaspillage qui frappe cette ressource rare, mais vitale. Les services concernés, apparemment dépassés par l’état de vétusté du réseau, ne réagissent plus laissant des milliers de m3 se perdre dans la nature chaque jour. Un réseau vétuste joint à une gestion locale frappée par le laisser-aller fait perdre de l’eau alors que dans d’autres communes, les populations en arrivent aux poings à cause de sa rareté.

Retour sur une situation explosive gérée à la légère. En fait, beaucoup de responsables croient que la situation n’est ni grave ni si inquiétante. La gestion de ce conflit est prise à la légère. Or, la situation risque de devenir dramatique à tout moment. Les villageois continuent de faire des concessions des deux côtés, croyant aux promesses des services concernés. La pression sur les responsables des villages est grande du fait du manque d’eau d’abord et à cause de l’impatience des villageois ensuite. D’un moment à l’autre, le contrôle de ces derniers sera perdu car l’autorité qu’ils exercent sur les villageois relève uniquement de la tradition ancestrale. Aussi, des actions risquent d’être entamées sans leur aval malgré les accords.

La preuve en est que dimanche, les villageois d’Igueflien et d’Azrou ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour rappeler aux responsables leurs promesses faites le 19 juin lors de la réunion à laquelle avait pris part le wali. Dans une déclaration remise à la presse à l’issue de l’action, les villageois on rappelé à leurs interlocuteurs leurs promesses de faire régner l’ordre. La réparation des captages endommagés volontairement et le retour à la répartition d’avant étaient les décisions les plus attendues et qui ont permis la conclusion de l’accord.

Mais aujourd’hui, constatent-ils avec dépit, aucune promesse n’a été tenue. Le danger à présent est de voir des débordements qui risquent d’être provoqués par la colère des villageois, d’autant plus que les travaux ont été bloqués par d’autres villageois malgré la signature de l’accord. Après plusieurs mois, le bureau d’études qui devait esquisser une nouvelle approche de répartition de l’eau de ces sources situées dans la montagnes n’a fait aucune apparition.

Enfin, il n’y a rien de mieux pour exprimer le danger de la prise à la légère de ce problème que de reprendre intégralement les termes des villageois eux-mêmes qui déclaraient que la pression qu’ils subissent est grande et qu’ils se désengageaient de leur rôle de représentants des villageois. Le risque de dérapage est imminent car, ces derniers ont donné un ultimatum de 10 jours pour que les pouvoirs publics interviennent afin de désamorcer la crise.

Quand beaucoup de citoyens et d’élus s’unissent pour gaspiller l’eau, la situation ne sera que grave.

Les vieux de la région ne cessent point de le dire et de le redire: l’eau est précieuse et la gaspiller risque d’attirer la malédiction. C’est le constat fait par cette catégorie de la population dans la commune de Boudjima qui se souvient bien des décennies de misère passées à rechercher des sources d’eau dans les profondeurs de la forêt. Jusqu’à l’année dernière, les populations de la commune souffraient le martyre pour se procurer un peu d’eau. Les robinets étaient restés secs près de 20 ans. Aujourd’hui, après les nettes améliorations apportées à la distribution de ce liquide si précieux, les populations et les élus locaux gaspillent à grande échelle. D’un côté, les populations, après avoir rempli des citernes, des puits et autres cavités, sortent les tuyaux dans la rue pour nettoyer le goudron.

De leur côté, les élus passent, matin et soir, par la route qui donne l’impression de devenir une rivière à cause des incalculables fuites dans le réseau vétuste. Comme si de rien n’était, les élus circulent sans se soucier de ces pertes.