Rigueur budgétaire et réel frémissement industriel : Ce que nous réserve 2018

Rigueur budgétaire et réel frémissement industriel : Ce que nous réserve 2018

L’Algérie n’est certes pas le Pérou, mais il y a un frémissement industriel qui remonte le moral pour affronter cette rigueur budgétaire.

La loi de finances 2018 sera signée ce mercredi par le président de la République qui tiendra par la même le dernier Conseil des ministres de l’année 2017. Une année particulière, aussi bien au plan politique qu’économique. Les faits politiques saillants sont de deux genres: la valse à deux temps du gouvernement qui s’est offert trois Premiers ministres, en trois mois. A la fin du mois de mai 2017, Abdelmalek Sellal est remplacé au poste de Premier ministre qu’il occupait depuis 2012 par Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a tenu moins de trois mois puisque le 15 août de la même année, il a été remplacé par Ahmed Ouyahia. Ces changements hâtifs intervenus durant une période de grandes vacances, n’ont pas fait de grandes vagues puisqu’à la rentrée, le nouveau Premier ministre a déjà démarré sur les chapeaux de roue et entame le recadrage d’une situation économique au bord de la faillite. Il change la loi sur la monnaie et le crédit qui lui ouvre la voie du financement non conventionnel et le tour est joué. Le second événement politique qui a marqué cette année 2017, tient à l’organisation d’échéances électorales d’abord dans le délai, ce qui est très rare dans le Monde arabe aujourd’hui disloqué et ces deux scrutins ont été une parfaite réussite. Les législatives du 4 mai dernier et les locales du 23 novembre se sont déroulées dans une totale sécurité et une parfaite organisation. Ce retour à la normalité électorale et sécuritaire est un point positif qui mérite d’être souligné. L’Algérie de 2017, qui n’est certes pas le Pérou, fait face à des problèmes des nations qui aspirent au développement. En 2017, les Algériens ont des soucis de citoyens qui rêvent d’une vie meilleure. Des problèmes normaux allons-nous dire, quand on sait qu’il y a à peine 15 ans, le premier souci était d’abord de revenir le soir chez soi sain et sauf.

L’année 2018 s’ouvre également avec une loi de finances marquée par le sceau de l’austérité. C’est la principale crainte des Algériens, surtout qu’elle annonce dans son sillage certaines augmentations comme les carburants ce qui va générer d’autres relèvements comme les tarifs de transport et les prix des fruits et légumes. Cependant, il faut relever que cette même loi sauvegarde les subventions. Un dossier sur lequel le président Bouteflika a expressément insisté. Ainsi, en dépit de la crise financière aiguë que traverse le pays, l’enveloppe financière allouée aux transferts sociaux dans le cadre de la loi de finances de 2018 connaît une hausse de près de 8% par rapport à celle de 2017 pour cette catégorie de dépenses. Cette enveloppe budgétaire est destinée notamment aux soutiens aux familles, à l’habitat, à la santé, ainsi qu’aux subventions des prix des produits de première nécessité, à savoir les céréales, le lait, le sucre et les huiles alimentaires.A travers ces transferts sociaux, il s’agit pour le gouvernement de continuer à soutenir la politique sociale de l’Etat, notamment par le soutien aux familles, à travers la subvention des produits de base, l`éducation et l`accès à l`eau et l`énergie, la santé, le logement, les retraites et l`accompagnement des faibles revenus, des démunis et des handicapés. Malgré la crise, le tableau n’est pas pour autant noir. Bien plus, il y a un réel frémissement au plan industriel. En plein essor, l’industrie automobile a fait ses premiers pas en 2017. La branche qui a fait le plus parler d’elle et le gouvernement n’a pas importé un seul véhicule lui permettant d’engranger une cagnotte de près de 6 milliards de dollars et c’est peu dire si l’on comptabilise la plus-value de cette industrie naissante: la technicité qui s’acquiert, les postes d’emplois créés et les perspectives offertes au pays avec le Groupe algérien Sovac et le constructeur allemand Volkswagen dans la zone industrielle de Sidi Khettab à Relizane, le groupe public PMO Constantine, le groupe privé Condor, la société Palpa Pro et PSA Peugeot, le groupe Tahkout Cima Motors en partenariat avec Hyundai.

La sidérurgie a été un autre démarrage en force du pays avec la mise en service du premier laminoir du complexe sidérurgique de Bellara à Jijel. A ce projet s’ajoute la remise en service des installations du complexe sidérurgique d`El Hadjar à Annaba, de l’extension du complexe sidérurgique algéro-turc «Tosyali Algérie» à Oran, ainsi que le lancement d’une usine de fabrication de tubes d’acier à Béthioua (Oran), l’objectif étant de réduire de 50% la facture des importations estimée à présent à 5 milliards de dollars/an. L’autre canal où l’Algérie a carrément renversé la tendance est celui du ciment. D’importateur presque à 100%, l’Algérie est devenue exportatrice de ciment. LafargeHolcim Algérie a réalisé mardi sa première exportation de ciment. En tout, 16.600 tonnes de ciment gris produit dans la cimenterie d’Ogaz a été expédié vers la Gambie, et ce à partir du port d’Arzew à Oran. La même tendance est observée dans l’électronique. Deux géants fabricants de smartphones que sont LG et Samsung viennent d’installer leur usine en Algérie qui importait pour un milliard de dollars chaque année. C’est dire que l’année 2018 nous réserve une période d’extrême austérité, mais ne dit-on pas qu’«à quelque chose malheur est bon»? C’est aux Algériens de produire ce qu’ils fabriquent et de retrouver le goût de leurs fruits et légumes qu’ils ne consommaient plus.

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