Un diabétique de 75 ans a été admis, dimanche dernier en urgence, au service réanimation du CHU de Constantine, dans un état comateux. Selon les membres de sa famille, le patient a arrêté son traitement à l’insuline, il y a quelques jours, et a commencé à prendre le nouveau produit «Rahmat rabi» qu’il a acheté en pharmacie. Selon l’ensemble des professeurs spécialistes, les conséquences du pseudo-médicament commencent à être vues.
«Il n’est ni médecin ni docteur en quoique ce soit, c’est un aide-soignant qui a travaillé en tant que tel dans le service ORL du chu de Constantine, et pas un chercheur comme veulent le faire croire certains de ces fans. Il a abusé de la foi des malades en recourant à des procédés malhonnêtes, avec l’appellation de «Rahmat rabi», et annonçant qu’il a mis au point un médicament qui va guérir le diabète, pour faire marche arrière après que les malades aient mordu à l’hameçon, pour dire ensuite que ce n’est pas un médicament, mais un complément alimentaire. Il a même menti sur son prix, il a déclaré à la presse qu’il coûterait 200 DA alors qu’en réalité, il fait 1.760 DA», nous ont déclaré les spécialistes. En effet, il faut dire que la publicité mensongère relayée par certains médias est irresponsable et a fait son œuvre.
«Le mal est fait. Après, il suffit de le mettre sur le marché, ce qui a été fait. Mais comment ce produit a-t-il pu être placé en officine, sans aucune analyse préalable ? Aucun avis du Laboratoire national de contrôle. C’est un laisser-faire criminel. Une enquête doit impérativement situer les responsabilités de chacun dans cette affaire d’une extrême gravité», ont-t-ils estimé. L’équipe médicale du CHU de Constantine craint le pire, car c’est la région où le produit a connu des ventes importantes et de nombreux diabétiques ont souscrit à ce complément alimentaire en substitution à leur traitement. Souhaitons que le cas de ce monsieur de 75 ans, toujours dans le coma, soit un exemple pour que les diabétiques prennent conscience du danger qui les guette s’ils abandonnent leur traitement.
Dans une déclaration à la presse, le président du Conseil de l’ordre des médecins, le Dr Bekkat Berkani Mohamed, a déclaré que «le fait était prévisible eu égard à la campagne médiatique dont ce ‘‘supposé’’ complément alimentaire a bénéficié», et d’ajouter : «La responsabilité des autorités sanitaires est entière, car c’était à eux de prévenir les diabétiques sur les risques de substituer leurs médicaments à cette substance. La publicité mensongère qui a présidé à cette sombre affaire est le résultat d’une manipulation grossière qui donne de faux espoirs aux malades diabétiques et à la population toute entière.»
Pour sa part, M. Ouhada Fayçal, président de l’Association des diabétiques de la wilaya d’Alger, estime que cet individu, ce soi-disant chercheur, est un charlatan, qui joue avec la vie des gens, en leur proposant un complément alimentaire qui ne contient aucune composition qui traduit la nature de ce traitement», a-t-il dit, tout en s’interrogeant sur «la responsabilité de ceux qui sont derrière» et «ceux qui ont permis la commercialisation de ce genre de compléments».
Wassila Benhamed