Rezag Bara : Il n’y a pas eu de deal avec Mezrag

Rezag Bara : Il n’y a pas eu de deal avec Mezrag
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L’Algérie, au milieu des années 1990, était dans une situation où seule la concorde civile et la réconciliation nationale étaient possibles pour rétablir la paix et la sérénité dans le pays.

C’est ce qu’a affirmé hier à la radio nationale le conseiller du président, Kamal Rezag Bara, interrogé sur les raisons profondes et les objectifs de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Après un bref retour vers les années 1990 et l’émergence du terrorisme, Bara a expliqué que l’Etat et les plus hauts dirigeants du pays, dont le président Liamine Zeroual, avaient tout fait pour que les responsables du Fis dissous appellent à l’arrêt du terrorisme. «Toutes les formes de dialogue n’ont pas abouti et le pays était arrivé à une situation où la seule possibilité (de sortie) était la concorde civile, puis la réconciliation nationale», a-t-il estimé. Pour Rezag Bara, «il y a eu une situation de très profonds antagonismes entre Algériens qu’il fallait dépasser par la voie politique, pour permettre à l’Algérie de rester unie et d’éviter l’internationalisation de la crise».

C’est de là qu’est partie la démarche du président Bouteflika, a-t-il expliqué, «pour rétablir la paix et les outils de cette paix ont été posés par la Charte». Au passage, il a récusé le terme de «guerre civile» employée par certains milieux en Algérie et à l’étranger, pour lui opposer le terme de «Fitna», qui est contenu dans le texte de la Charte nationale pour la paix «dans le sens où certains ont instrumentalisé la religion», a-t-il dit. «Tourner la page n’est pas l’établissement d’une commission vérité et justice», comme cela a été fait dans certains pays, «ce n’est pas notre modèle, mais l’expérience algérienne est vantée par beaucoup comme étant une expérience réussie», affirme le conseiller du président. Par ailleurs, M. Rezag Bara, qui a récusé le chiffre «fantaisiste» selon lui de 300.000 victimes durant la décennie noire, a indiqué que 17.969 terroristes ont été tués, selon les listes de la commission nationale de mise en œuvre de la réconciliation nationale. Il y a eu en outre 8.023 disparus et entre 40.000 et 50.000 personnes civiles tuées ou blessées, sans compter ceux qui n’ont pas fait l’objet d’une déclaration. D’autre part, «c’est un milliard de dollars de pensions qu’on verse pour les victimes du terrorisme toutes catégories confondues. Ces chiffres montrent l’ampleur de la blessure. Il faut poursuivre pour que la réconciliation aboutisse réellement à la sérénité du cœur et la paix des esprits», a-t-il encore affirmé. En outre, pour ceux que l’on considère comme les «oubliés» de la réconciliation nationale, il a souligné qu’il y a un certain nombre de voies «pour couvrir entièrement toutes les victimes de cette tragédie nationale, qui a inclus dans un seul cadre l’ensemble de ceux qui ont eu un préjudice durant cette période». Il a réfuté le chiffre de 300.000 victimes de la décennie noire. «Ceux qui parlent de guerre civile utilisent à tort ces chiffres pour dire que le processus utilisé en Algérie, la paix et la réconciliation nationale, n’est pas compatible avec la notion de guerre civile. Je réfute absolument ces chiffres fantaisistes, mais je n’ai pas d’autres à donner à titre officiel», a-t-il fait remarquer.

Sur le cas de Madani Mezrag, qui a revendiqué la création d’un parti politique, il a catégoriquement démenti les propos de celui-ci sur un quelconque deal avec les autorités pour lui permettre de renouer avec les activités politiques, et indiqué que cela «est faux». «Dans le texte de la charte soumise à référendum, il y a une phrase qui explique clairement qu’il est interdit aux responsables de cette instrumentalisation de la religion d’exercer la politique. En plus, la charte a intégré tous ceux qui ont pris les armes contre la République dans ce cadre et non dans un autre», a encore précisé le conseiller du président qui a relevé que jusqu’à présent, «aucun des responsables de l’ex-Fis n’a condamné le terrorisme». Rezag Bara a par ailleurs, en abordant le volet du changement, estimé qu’on ne peut régler «les problèmes d’aujourd’hui avec les hommes d’hier». «Il y a des transactions à mener et des articulations à gérer. Il y a des forces nouvelles qui s’expriment, des attentes nouvelles qui sont en train d’émerger», a-t-il expliqué pour répondre que «les hommes d’hier ont répondu à une préoccupation d’hier, et les hommes d’aujourd’hui ont besoin de réponses et de méthodes d’aujourd’hui». Quant à l’opposition, «elle est un organe de la démocratie. Dans l’opposition, on n’est pas moins Algérien que les autres», a-t-il encore fait observer.