« L’Algérie a un potentiel touristique énorme, mais on ne sent pas une volonté de s’ouvrir autant que le Maroc ou la Tunisie par exemple », a regretté mercredi Didier Reynders alors qu’il visitait la Casbah d’Alger. Le ministre belge des Affaires étrangères est arrivé mardi dans la capitale algérienne pour une mission de deux jours destinée à renforcer les relations bilatérales. L’économie algérienne souffre de la chute des prix du pétrole et du gaz, qui a poussé le taux de chômage au-delà des 12%. En réaction, le pays fait tourner la planche à billets, tout en limitant les importations pour tenter de contenir l’inflation.

« Mais 49% du commerce extérieur est lié aux hydrocarbures. La dépendance au pétrole reste majeure », analyse M. Reynders, qui s’est entretenu en matinée avec le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia.

Pour se diversifier, l’Algérie pourrait faire valoir ses multiples atouts touristiques. Or, d’après le chef de la diplomatie belge, « on ne sent pas une vraie volonté de s’ouvrir, alors que le pays est fabuleux ».

Il est néanmoins question de faire passer de sept à 10 le nombre de vols hebdomadaires entre la Belgique et l’Algérie.

Didier Reynders aimerait aussi aider les entreprises belges à investir en Algérie. L’idée est de négocier en fonction des secteurs dans lesquels les Belges disposent de compétences convoitées, notamment la santé et les technologies vertes.

Parallèlement, il faudrait faire se rencontrer la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et son équivalent algérien car, à moins d’être sélectionné à l’issue d’un marché public, un étranger ne peut détenir plus de 49% du capital d’une société. « Il faut expliquer aux entreprises belges comment collaborer concrètement avec des partenaires locaux, parce que cette obligation est évidemment un frein », plaide le libéral.

En raison du rôle prépondérant de l’Etat dans l’économie algérienne, le dialogue avec les autorités est en tout cas crucial, conclut le vice-Premier ministre belge.

Avant son entrevue avec le Premier ministre algérien, ce dernier s’est entretenu à plusieurs reprises avec son homologue algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Il a également rencontré mardi le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa.

La Belgique veut resserrer ses liens avec l’Algérie sur le plan économique, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation ou encore la migration clandestine.

L’Algérie aussi expulse les migrants hors de ses frontières, souligne Didier Reynders

Les défis migratoires de l’Algérie ressemblent de plus en plus à ceux auxquels est confrontée la Belgique, a mis en avant mercredi le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders depuis Alger. « D’un pays de destination pour les migrants, nous devenons de plus en plus un pays de transit. Tandis que l’Algérie, qui était déjà un pays de transit et d’émigration, devient aussi un pays de destination », a analysé le chef de la diplomatie belge (MR) après avoir été reçu par le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia.

Alors que la Belgique plaide en vain depuis des années pour un accord de réadmission avec l’Algérie, qui lui permettrait d’y rapatrier automatiquement les Algériens sans documents de séjour, l’Algérie elle-même renvoie des milliers de personnes vers le Niger, « et pas uniquement des Nigériens », a relevé M. Reynders.

« La migration est d’abord un phénomène africain », avec une pression très forte sur les pays du Mahgreb. D’où l’importance de définir des règles et de travailler avec ces pays pour investir dans les pays d’origine des migrants, selon le vice-Premier ministre belge, qui soutient la politique du secrétaire d’Etat Theo Francken (N-VA) à l’égard des exilés sans papiers mais déplore que l’Union européenne ne parvienne pas à s’accorder sur une meilleure répartition de la charge migratoire.

Les prisons belges comptent quelque 500 individus qui se proclament de nationalité algérienne, dont une bonne partie entrés illégalement sur le territoire. En 2017, la Belgique a rapatrié plus de 70 Algériens, contre une dizaine à peine les années précédentes, d’après les chiffres de l’Office des étrangers.

Au vu de ses propres défis migratoires, l’Algérie accepte de plus en plus de collaborer, aussi pour identifier ses ressortissants, se réjouit Didier Reynders, qui a convenu avec les responsables gouvernementaux algériens de resserrer les contacts entre services de sécurité, de renseignements et de police.

Un nouveau poste d’officier de liaison de la police fédérale belge sera ainsi prochainement ouvert à Alger.