Révision prochaine des cahiers des charges aux travaux publics, En finir avec les projets sans cesse retardés

Révision prochaine des cahiers des charges aux travaux publics, En finir avec les projets sans cesse retardés

Le contentieux avec Cojaal a pour mérite d’inciter la partie algérienne à davantage de rigueur dans sa démarche autant que dans ses contrats.

Prenant tout le monde à contre-pied, le ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, a annoncé, jeudi dernier, en marge d’une plénière du Sénat consacrée aux questions orales, que les négociations se poursuivaient toujours entre l’Agence nationale des autoroutes (ANA) et Cojaal, l’entreprise nippone en charge de la réalisation de la partie Est de l’autoroute.



Pourtant, le 6 octobre 2014, son prédécesseur à ce poste Abdelkader Kadi, avait affirmé que la décision du gouvernement était prise en vue de résilier le contrat conclu en 2006 avec le consortium japonais.

Depuis, il y a eu diverses volte-face, tendant à étayer une thèse puis son contraire, de sorte que bien malin sera celui qui pourra affirmer avec exactitude où en est réellement la relation contractuelle avec Cojaal. Selon le ministre des Travaux publics, des négociations se poursuivent entre l’Agence nationale des autoroutes et le géant nippon qui maintient ses exigences de paiement malgré les retards importants enregistrés dans la livraison du tronçon de 399 km qui traverse les wilayas de Constantine, Annaba et El Tarf.

Le contentieux est si lourd et si complexe qu’on ne saurait préjuger de la décision du tribunal appelé à arbitrer un dossier aux méandres et aux enchevêtrements inégalés. A titre d’exemple, si pour l’ANA, l’effondrement du tunnel de Djebel Ouahch est une défaillance nippone, Cojaal rétorque en pointant du doigt le non-respect des conditions et des délais préétablis par les études, sachant que le ministre des Travaux publics de l’époque, Amar Ghoul, avait balayé ces conditions pour exiger une livraison du genre «course contre la montre».

«Les négociations se poursuivent entre l’ANA et Cojaal, des problèmes peuvent émailler n’importe quel contrat et pas seulement celui qui nous lie à Cojaal. Les deux parties discutent. S’il y a un accord, nous l’encouragerons et nous le soutiendrons, dans le cas contraire, nous recourrons à d’autres voies» c’est-à-dire à «la justice», affirme Abdelkader Ouali.

En termes clairs, c’est un bis repetita. Cojaal persiste et signe quant à sa volonté de porter l’affaire devant l’arbitrage international et ce n’est donc pas demain que les travaux vont reprendre pour résoudre le problème du tunnel de Djebel Ouahch.

Mais, comme on dit, à quelque chose malheur est bon. Le contentieux avec Cojaal a pour mérite d’inciter la partie algérienne à davantage de rigueur dans sa démarche autant que dans ses contrats. Pour tirer les leçons des mésaventures de ce genre, une révision approfondie des cahiers des charges va intervenir «prochainement», afin de repenser l’ensemble des conditions préalables à la réalisation des infrastructures routières.

Parmi les objectifs de cette initiative, l’introduction de «nouveaux mécanismes qui permettront d’éviter tout retard et de garantir un lancement efficace des projets et le respect des délais impartis». Ces mécanismes feront obligation aux bureaux d’études et aux entreprises bénéficiaires du contrat de réalisation de chaque projet d’approfondir et actualiser les études, de diagnostiquer les difficultés pouvant apparaître tout au long du processus sur le terrain, d’assurer les moyens humains nécessaires à la réalisation et de financer les chantiers avant leur lancement.

On serait tenté de poser la question qui coule de source: «Pourquoi si tard? Et pour quels résultats?» On veut bien croire que les projets de réhabilitation de l’autoroute Est-Ouest, notamment ceux de Lakhdaria, Bouïra, Bordj Bou Arréridj, et ceux d’El Affroun, Relizane et Aïn Defla «se déroulent dans de bonnes conditions».

Tel n’est pas l’avis des usagers de l’autoroute qui passent plusieurs heures dans des conditions éprouvantes pour traverser ces tronçons. Et que dire des multiples projets en souffrance comme, par exemple, la pénétrante de Djen Djen qui doit relier le port à El Eulma sur 110 km? Cojaal, s’il reprend le travail à Djebel Ouahch, sera-t-il capable de transcender les obstacles techniques et géophysiques du site? L’entreprise Cosider va apporter son expertise, mais de là à affirmer que l’autoroute Est-Ouest sera entièrement livrée à la circulation avant la fin de l’année, c’est faire un pari pour le moins audacieux. Octobre est là, la livraison du contournement de Constantine à la date fixée sera un test décisif.