La loi actuelle sur les hydrocarbures n’attire plus les investisseurs étrangers, d’où la nécessité de sa révision. C’est la politique énergétique du pays qui est remise en cause. Dans un contexte de crise multidimensionnelle, l’Algérie doit revoir sa copie pour tirer profit de ses ressources naturelles.
Annoncée par le ministre des Mines et de l’Energie, Youcef Yousfi, pour être modifiée, la loi actuelle a fait perdre à l’Algérie beaucoup de bénéfices. Rencontrés en marge de la journée d’étude sur les énergies renouvelables en Algérie, organisée par le Conseil de la nation, des spécialistes affirment que l’Algérie a accusé beaucoup de retard pour réviser une telle loi. Mais pourquoi l’Algérie a attendu ce jour pour annoncer la modification de ce texte ? «L’échec des trois avis d’appels d’offres lancés de 2008 à 2011 et la perspective de valoriser les importantes ressources non conventionnelles qui nécessitent de nouvelles technologies ont amené les autorités à revoir encore une fois la loi sur les hydrocarbures. La loi actuelle n’a pas attiré les grands investisseurs étrangers. Il n’y a que des outsiders. Maintenant, il faut ajuster cette loi avec beaucoup de pragmatisme pour pouvoir attirer davantage des investisseurs. Il faut rendre cette loi plus attractive», dira l’économiste Mustapha Mékideche. Pour Mahmah Bouziane, chargé de la recherche au niveau du Centre de développement des énergies renouvelables, «il faut renforcer les capacités nationales de l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures au niveau mondial. Ceci, pour bien placer l’Algérie dans le contexte énergétique actuel, caractérisé par une grande concurrence, notamment par la Russie et l’Iran. Les potentialités énergétiques du pays n’ont pas été exploitées, en raison de cette loi. Il est temps de revoir notre stratégie en matière des énergies», explique ce spécialiste. Salah Dreradji, ancien recteur d’université et membre de la Commission des affaires économiques et des finances au niveau du Conseil de la nation, estime que «la nouvelle donne internationale exige la révision de cette loi. Cela va dans l’intérêt du pays afin de renforcer ses capacités de production particulièrement en gaz naturel. Ainsi, cette loi doit fonctionner dans l’intérêt des partenaires étrangers pour mieux explorer les richesses naturelles du pays». En somme, la révision de la loi sur les hydrocarbures est justifiée par la relance de l’exportation et l’augmentation des réserves en hydrocarbures afin d’assurer la sécurité énergétique de l’Algérie à très long terme et avoir une place importante dans le commerce international de l’énergie. L’Algérie va revoir la loi sur les hydrocarbures pour inciter l’investissement étranger dans l’exploration, a annoncé mardi le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi. Dans une déclaration faite à l’agence APS à Doha, en marge du 20e Congrès mondial du pétrole, Yousfi a expliqué que cette décision avait été rendue nécessaire par le besoin d’attirer des partenaires solides et expérimentés pour aider l’Algérie à accroître ses réserves d’hydrocarbures. La révision concernera certaines mesures fiscales et des dispositions contractuelles entre la compagnie nationale Sonatrach et ses partenaires, a indiqué le ministre.
Energies renouvelables: seulement 0.3% du potentiel exploité
Sur un autre registre, l’Algérie est toujours au stade des essais dans le domaine des énergies renouvelables. Pour preuve, seulement 0.3% du potentiel algérien en matière des énergies renouvelables a été exploité. C’est ce qu’a indiqué Mahmah Bouziane, chargé de la recherche au niveau du Centre de développement des énergies renouvelables. Ainsi, l’Algérie ne s’est pas encore fixée sur la technologie à adopter pour le développement de son programme. Plusieurs propositions provenant de l’étranger ont été formulées dans ce sens, mais l’Algérie n’arrive pas à se fixer sur un choix. La phase (2011-2013) a été consacrée pour le lancement des projets pilotes. Cependant, l’Algérie doit choisir en 2013 un fournisseur de technologie qui mettra à exécution ce programme ambitieux, estimé à 60 milliards de dollars. Ce programme vise l’exploitation du grand potentiel algérien afin de produire, à l’horizon 2030, 40% de l’électricité à partir des énergies renouvelables. Cela se traduira par l’installation d’une puissance de 12 000 mégawats en solaire et en éolien.
Par Hocine Larabi