Alors que le MSP fait appel au Président afin d’intervenir pour sauver les réformes, le PT le sollicite pour dissoudre l’APN.
Les réformes politiques ne rassurent plus. La classe politique s’agite. Les appréhensions s’accentuent et les appels se multiplient de part et d’autre. Des partis proches du pouvoir affichent sérieusement leurs craintes. Ce week-end, le MSP a lancé un véritable SOS invitant le président de la République à sauver les réformes. «Nous demandons l’intervention du président de la République pour sauver les réformes», a déclaré Abdelkader Abdellaoui, secrétaire national chargé des élus au sein du MSP. Ce n’est pas la première fois qu’un tel son de cloche parvient du Mouvement de la société pour la paix. Son président, Bouguerra Soltani, a déjà mis en garde contre l’échec du processus des réformes politiques au lendemain de la publication du contenu des projets de lois sur les partis et le Code électoral. Malgré les modifications apportées par le département de Ould Kablia, le MSP reste insatisfait. Revenant sur le Code électoral adopté récemment par le Sénat, Abdellaoui affirme que «les réformes qu’a subies cette loi ne sont en fait qu’un ensemble de retouches sans pour autant assurer un bon déroulement de la prochaine échéance électorale». Ce responsable estime, que «la fraude et l’abstention prédomineront les prochaines élections de 2012». Citant la commission de supervision des élections, le représentant du MSP pense que «ce mécanisme de contrôle introduit par l’article 170 n’est pas suffisamment clair». Les amendements apportés par les députés aux projets de lois ont suscité de vives réactions. Alors que le MSP fait appel au Président afin qu’il intervienne pour sauver les réformes, le PT le sollicite pour dissoudre l’APN. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a remis sur le tapis, samedi dernier, sa revendication portant sur la dissolution de l’APN. «La concrétisation de réformes politiques effectives exige la dissolution de l’actuelle Assemblée populaire nationale (APN) qui a vidé les réformes politiques de leur teneur», a estimé la dame du PT. Pour elle, «les lois sur les réformes doivent passer par un nouveau Parlement plus légitime et plus crédible, l’actuelle Assemblée étant incapable d’apporter des réformes réelles». Intervenant à l’ouverture de la session ordinaire du bureau politique du PT, Hanoune, a précisé: «Nous avons confirmé, suite aux amendements apportés par les députés aux projets de lois proposés par le gouvernement, qu’ils avaient fait échouer le processus de réformes.» La porte-parole du PT a déploré le rejet des articles portant sur la démission des ministres et le nomadisme politique. Louisa Hanoune a réitéré son appel pour une assemblée constituante en vue d’élaborer une nouvelle Constitution. «Les prochaines échéances constitueront un test pour l’Algérie. Si la tendance des réformes reste inchangée, ça sera un saut dans l’inconnu», a-t-elle mis en garde. Les réformes ont du mal à convaincre. Il n’y a pas que les partis politiques qui son mécontents. Ce même sentiment est partagé par les membres de la chambre haute du Parlement.
Les sénateurs étaient nombreux à relever des contradictions lors des débats sur les projets de lois relatif au Code électoral et la loi sur la femme.
Le sénateur Mustapha Boudina a déclaré dans son intervention lundi dernier que «ce projet (Code électoral, Ndlr) ne traduit en aucun cas la volonté exprimée par le président de la République dans son discours du 15 avril dernier sur les réformes politiques». Deux jours après, la vice-présidente du Sénat, Zohra Drif-Bitat, a saisi directement le président de la République l’invitant à utiliser ses prérogatives pour exiger une deuxième lecture du projet de loi sur la femme. «Le projet transmis au Sénat a été déstructuré et amputé de l’esprit des réformes politiques initiées par le président de la République», a clairement avoué Mme Bitat. «Ces amendements obéissent à des intérêts purement partisans», a affirmé le sénateur du FNA, Bachir Daoud. L’équipe de M.Bensalah a mis l’accent, la semaine dernière, sur la nécessité d’établir une deuxième lecture des réformes.
Il s’agit de savoir si le Président va répondre aux sollicitations de la classe politique. Si l’on tient compte de ces nouveaux éléments, cette campagne menée tambour battant va certainement aboutir à une seconde lecture.