Révision de la loi sur la retraite, les experets insistent: « La bataille est politique »

Révision de la loi sur la retraite, les experets insistent: « La bataille est politique »

«Il est temps de débattre les moyens et les mécanismes à mettre en place pour saisir le Conseil constitutionnel.»

La rencontre organisée, hier, par l’intersyndicale, a permis à Nouredine Bouderba ex-syndicaliste, ex-cadre de la direction de la Caisse nationale des retraites et Me Rachid Lourari, enseignant à l’université d’Alger en droit constitutionnel, de croiser leurs regards sur cette lutte d’ordre social contre la loi de la retraite entrée en vigueur le premier janvier denier.

Les deux intervenants ont débattu les différentes options permettant à l’intersyndicale de saisir le Conseil constitutionnel, mais surtout d’apporter des preuves tangibles sur l’anticonstitutionnalité de cette loi afin de convaincre le Conseil constitutionnel de leur démarche visant à la révision de certains articles contenus dans le nouveau texte de loi.

Une rétrospective par ailleurs critique, au sens scientifique du terme, qui a permis aux deux intervenants d’aboutir à la conclusion selon laquelle «la loi sur la retraite consacre l’injustice et l’inégalité entre les travailleurs». Selon eux, «la bataille actuelle est d’ordre politique avant d’être constitutionnelle».

Citant l’exemple de la suppression de la retraite proportionnelle présenté par le gouvernement comme l’origine du déséquilibre financier de la Caisse nationale des retraites, Nouredine Bouderba signe et persiste que les véritables raisons de ce trou budgétaire dont souffre la Caisse nationale des retraites n’a aucune relation avec l’ordonnance 13-97. Pour ce dernier la raison se trouve ailleurs; des catégories qui n’ont rien à voir avec le monde du travail bénéficient des allocations sur le dos des travailleurs alors qu’en réalité c’est l’Etat et le Trésor public qui devront les prendre en charge. A titre d’exemple, il cite «les enfants de chouhada, et les gardes communaux qui ne bénéficient de pensions qui ne relèvent pas de la Caisse nationale des retraites, outre le départ à la retraite exceptionnelle des cadres du Premier ministère, comme il a été mentionné dans le rapport du conseil d’administration de la CNR datant de 2014», a-t-il précisé.

Selon ce dernier, cette ordonnance a été adoptée par le Conseil du gouvernement, le mois de juillet 1997, «soit un mois après la déclaration d’un déficit de 30 milliards de dinars à la caisse de retraite». Ce qui veut dire, «la retraite proportionnelle n’a aucune relation avec ce qui a été dit et les arguments avancés par le gouvernement», a-t-il expliqué. Sur le même volet, l’ex-syndicaliste, a dénoncé la décision du gouvernement de suspension de la retraite sans condition d’âge, qu’il a qualifiée de «discrimination» à l’égard de certaines catégories de travailleurs qui sont obligées de travailler et de cotiser à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) plus que les autres. «Aujourd’hui il est très difficile de faire une carrière complète de 32 ans, alors que dire de ceux qui seront obligés de faire plus de 40 ans de travail pour avoir droit à la retraite?», s’est-il interrogé.

Rachid Lourari, de son côté estime que l’intersyndicale a apporté les preuves des «injustices» consacrées dans la loi sur la réforme de la retraite, maintenant, il est temps pour débattre des moyens et des mécanismes à mettre en place et qui vont permettre de saisir le Conseil constitutionnel. «Aujourd’hui, grâce à la révision de la Constitution, les députés ont la possibilité de saisir le Conseil constitutionnel, mais à condition que leur nombre dépasse celui de 50 députés», «donc il y a encore la possibilité de réajuster cette nouvelle loi. Actuellement, le grand travail devrait se faire sur le plan politique en mobilisant un nombre important de députés».

«La bataille est d’ordre politique avant d’être constitutionnelle», «l’article 188 de la Constitution stipule que les lois ne sont exécutives qu’après trois ans de la publication de la loi dans le Journal officiel».

Enfin, les deux intervenants, ont mis l’accent sur la nécessité de la mobilisation de la classe ouvrière pour défendre le système de retraite actuel, le meilleur dans le monde, qui a joué un rôle primordial dans la cohésion sociale durant la décennie noire. Pour cela, ces derniers ont appelé les travailleurs à choisir leurs représentants durant les prochaines élections législatives pour porter leurs voix et défendre les causes de la classe ouvrière.