Presque un mois est passé depuis l’installation de la commission nationale chargée d’élaborer le projet de loi portant révision de la Constitution sur la base d’un document préliminaire soumis par les services du président de la République et celle-ci continue de travailler dans une totale discrétion.
Aucune information officielle n’a été annoncée, du moins pour ce qui est des grandes lignes de cet amendement, une situation qui laisse chaque parti politique évoquer ses propositions sans qu’il n’y ait aucun contact avec ladite commission.
Le président de la République, seule instance à avoir les prérogatives de décider d’une révision du texte fondamental de la République, a préféré installer une commission technique au lieu de «politique» , un choix qui n’est pas partagé par toute la classe politique sachant que certains partis, personnalités nationales et représentants de la société civile se sont déjà exprimés dans le cadre des consultations menées par l’instance de Bensalah en 2011 et pour sa part, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal avait consulté des représentants de 27 formations politiques. Mais des partis politiques continuent de réclamer l’ouverture d’un dialogue sur le sujet sans qu’il n’y ait une réponse des autorités concernées. A cet effet, les leaders de plusieurs partis trouvent dans la révision de la Constitution un sujet favori dans leurs rencontres avec leurs militants, comme s’il s’agit d’une contre-campagne alors que personne ne sait ce que contiendra la prochaine Constitution qui devra passer par un référendum populaire «s’il s’agit d’une révision profonde». Il est à rappeler que le dernier référendum sur une révision constitutionnelle date de 1996 à l’époque de l’ex-président de la République, Liamine Zeroual.
Dans ce cadre, les islamistes qui sont en panne d’union et d’un candidat pour la prochaine présidentielle continuent d’évoquer la révision de la Constitution. A ce propos, le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra a déclaré ce week-end que la prochaine Constitution devra définir clairement les droits du citoyen. Selon l’ancien ministre de l’Industrie, la révision de la Constitution «intervient à un moment inopportun» précisant qu’il était «préférable de la soumettre à débat avant les dernières élections» et d’«associer le peuple à ce débat». Toujours dans le camp des islamistes, le président du MSP, dont le mandat expire dans moins d’une semaine, Bouguerra Soltani, a indiqué que la révision totale de la Constitution doit consacrer d’«une manière claire» le passage vers un régime parlementaire.
En marge de l’ouverture des travaux de l’université du printemps organisée par le bureau exécutif du Mouvement, depuis vendredi dernier, il a souligné que son parti ne veut pas d’une révision «technique» de la Constitution portant sur la «modification de quelques articles dictée par des conjonctures particulières».
Le président du MSP a également indiqué que son Mouvement a demandé à examiner les conclusions des consultations menées il y a deux ans par Abdelkader Bensalah, avec les partis politiques ainsi que les résultats du travail de la commission chargée de la révision de la Constitution. Concernant l’élection présidentielle, Soltani a précisé que son parti doit d’abord prendre connaissance du contenu de la nouvelle Constitution avant de se prononcer sur le soutien ou non au 4e mandat du président de la République. Voilà une nouvelle position de Soltani qui s’était prononcé, dans un passé récent, contre un quatrième mandat du président Bouteflika. Du côté des «laïcs», le RCD vient de rendre public son propre projet de révision de la Constitution ; ce parti plaide pour un Etat unitaire régionalisé avec la constitution d’une quinzaine de capitales dotées de pouvoirs de décision. Le projet du RCD est pour la limitation des mandats (5 ans) à deux, tamazight langue officielle et création d’une instance pour examiner les manquements graves des dirigeants, le chef du gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire, limitation du pouvoir du Président et primauté du civil sur le militaire.
Par Nacera Chennafi