Les organisations patronales et socioprofessionnelles, au même titre que les partis politiques et les personnalités nationales, ont reçu la mouture de la Constitution à amender.
Il ressort des contacts entrepris auprès de ces organisations que la réflexion bat son plein sur la base du document de travail transmis par les services de la présidence de la République. Les amendements rendus publics le week-end dernier sont, on le sait, le résultat des recommandations de la commission des experts désignée au mois d’avril 2011. Les parties à la concertation, ouverte depuis une semaine, se sont emparées du sujet et largement exprimées sur la question.
Ceux qui, nombreux, sont acquis à la démarche, planchent sur les amendements proposés, pour les enrichir éventuellement et faire valoir, le cas échéant, des contre propositions. Dès lors que le champ du débat n’est restreint d’aucun balisage.
A l’instar des partis politiques qui ont, chacun selon son agenda, prévu des consultations internes, les organisations devraient convoquer leurs instances dirigeantes pour mettre au point une approche consensuelle de la contribution aux débats sur la révision de la Constitution. La CGEA et la Cipa ont laissé entendre qu’elles convoqueraient ces jours-ci leurs bureaux exécutifs à cet effet.
Les changements constitutionnels préconisés ayant un effet certain sur la bonne gouvernance économique, le monde de l’entreprise ne peut rester en rade de la réflexion collective. Abdelaziz Mehenni, président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens, a annoncé la réunion demain le staff de l’organisation pour « examiner, discuter le projet pour faire émerger, ensuite, des conclusions à proposer à la Présidence ». Même ambiance à la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA) qui prévoit de convoquer son état-major, au plus tard, le 4 juin, pour un même ordre du jour. Selon son président, Yousfi Habib, le débat sur la révision de la loi fondamentale n’exclut pas d’aborder les réformes économiques et l’économie de marché et la bonne gouvernance économique en général.
Pendant ce temps, l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) propose d’ores et déjà de constitutionnaliser la protection des terres agricoles contre l’avancée du béton et l’urbanisation sauvage. « Il est important d’inclure dans la Constitution des articles sur la protection des terres agricoles, l’avancée du béton et la construction de sociétés et projets de logements », a souligné Mohamed Alioui, dans une intervention lors de la réunion du secrétariat général de l’UNPA consacrée au débat sur la révision constitutionnelle.
Arguant que si le logement est important, l’autosuffisance alimentaire l’est tout autant. Les paysans se préoccupent aussi de politique en proposant de fixer un seuil de représentativité nationale – démembrements dans 25 wilayas – à toute nouvelle formation politique, préalable à la tenue d’un congrès constitutif et au dépôt de dossier d’agrément. Plus prosaïquement, les questions relatives aux mesures de lutte contre la corruption, l’indépendance de la justice, le renforcement des capacités de contrôle du Parlement sur l’action gouvernementale, les libertés individuelles et collectives…sont les constituants d’un générique à une série d’indices qui détermine, de part en part, la bonne gouvernance. En cela, le monde socioéconomique est interpellé autant que les appareils politiques. Bref, une révision constitutionnelle est une œuvre collective.
Saïd C.