Révision de la Constitution : les Algériens dans le flou

Révision de la Constitution : les Algériens dans le flou
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Trente-cinq pour cent croient que la révision de la loi fondamentale n’est envisagée que pour limiter le nombre des mandats présidentiels.

Inscrite dans l’agenda du pouvoir et sa clientèle comme le projet de l’année, la révision de la Constitution ne semble pourtant pas emballer les citoyens. Et pour cause, selon un sondage réalisé par Okba Com Institut pour Liberté, la grande majorité des Algériennes et des Algériens sondés se déclarent, les uns, “non concernés” par ce projet, les autres “sans aucune idée”.

Sur un échantillon de 1 579 personnes, représentatif de la population algérienne, âgée de 18 ans et plus, la représentativité étant assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée), après stratification par région, ce sondage a montré que 44% des interviewés (par questionnaire en face-à-face) ont répondu qu’ils n’ont “aucune idée” sur la consistance de la prochaine révision constitutionnelle, 21% se sont déclarés “non concernés”, tandis que 35% croient que la révision de la Loi fondamentale n’est envisagée que pour limiter le nombre des mandats présidentiels. Le président Bouteflika, rappelons-le, avait sauté, en novembre 2008, le verrou de la limitation des mandats, qui était imposé dans la précédente Constitution.

Ce qui lui avait permis d’être réélu pour un troisième quinquennat consécutif. Entre les personnes “non concernées” et celles n’ayant “aucune idée”, ils sont exactement 65% des sondés à ne pas savoir encore en quoi consiste (réellement) la prochaine révision constitutionnelle. N’empêche, le même sondage montre, en revanche, que 43% des personnes sondées jugent que la révision constitutionnelle est, aujourd’hui, “opportune”. “Cette révision vous paraît-elle opportune ?” était précisément la question posée par les sondeurs et à laquelle 26% des sondés ont répondu par la négative, tandis que les 31% restants se sont déclarés “sans opinion”. C’est dire que même sur l’opportunité de la révision constitutionnelle, une grande partie des citoyens se montre très peu enthousiaste tant qu’elle sait, surtout, que cela n’impactera pas forcément sur son vécu.

Dans ce sondage intitulé “Les Algériens et la Constitution”, il était question, par ailleurs, de chercher à savoir qui, aux yeux des Algériens, a voulu cette révision ?

Pour la majorité des personnes sondées, l’idée de cette révision appartient naturellement au président Bouteflika. Selon le même sondage, 58% se sont dit informés de l’installation, dernièrement, par le président de la République, d’une commission pour la révision de la Constitution.

Le sondage d’Okba Com Institut montre en effet que 45% des personnes sondées croient que la révision de la loi fondamentale est voulue par le président de la République. Mieux, 30% d’entre elles déclarent carrément qu’(elles) “ne savent rien” à propos de ce sujet, tandis que 17% pensent que la révision de la Constitution est voulue par les partis politiques et 8% croient que c’est le choix de la société civile.

Concernant la voie à choisir pour l’adoption de la future Constitution, le sondage montre que plus de la moitié des personnes sondées, soit 54%, souhaitent voir la Constitution (de Bouteflika) soumise à un référendum pour être approuvée (ou non) par les citoyens et non pas par les parlementaires de l’actuelle Assemblée populaire nationale (APN). L’actuelle Assemblée manquant visiblement de crédibilité aux yeux des citoyens.

21% des personnes sondées restent “sans opinion”, 16% jugent que cette révision ne devra pas avoir lieu et seulement 9% croient que son vote par l’APN suffirait.

F A