Révision de la constitution en traitement des affaires de corruption,Black-out total

Révision de la constitution en traitement des affaires de corruption,Black-out total

L’élaboration de la nouvelle loi fondamentale du pays se fait dans la discrétion totale

La maladie du président a mis en stand-by les autres urgences auxquelles est confronté le pays.



On n’en parle plus ces derniers temps. La révision de la Constitution et les affaires de corruption, dont le scandale «Sonatrach II», ont disparu des colonnes de la presse et même des discussions des «cafés du commerce». Un fait qui ne peut ne pas être relevé. Alors qu’ils ont fait couler beaucoup d’encre depuis le début de l’année, les deux sujets vedettes se sont vus éclipsés. Aucune information, aucune suite n’a été donnée, tant en ce qui concerne la loi fondamentale, que pour ce qui est des derniers scandales de corruption. La maladie du président a mis en stand-by les autres urgences auxquelles est confronté le pays. Concernant les affaires «Sonatrach», l’enquête du parquet est toujours en cours, a brièvement indiqué récemment, le ministre de la Justice, Mohamed Charfi. Où en sont les investigations? Rien n’a filtré sur le dossier.

Le parquet d’Alger demeure sibyllin et avare de communications. Depuis le dernier communiqué indiquant que des commissions rogatoires ont été dépêchées à l’étranger, aucune autre information n’a été divulguée. Qu’a-t-on fait depuis? A-t-on lancé un mandat d’arrêt international contre l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, qui apparaît comme la plaque tournante de «Sonatrach II»? Ce sont là les questions qui demeurent, pour le moment, sans réponses. Alors que le chef de l’Etat avait donné le feu vert à la justice pour mettre la lumière sur cette affaire, la machine judiciaire éprouve de la peine à se mettre en branle. Interpellé sur ce sujet, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Mohamed Charfi, a affirmé récemment que l’information judiciaire dans l’affaire Sonatrach II se poursuivait à un rythme «satisfaisant» et qu’elle avait «des prolongements à l’étranger». Le ministre a indiqué qu’il était impossible de déterminer la durée de l’information judiciaire dans cette affaire car «elle ne concerne pas les seules investigations effectuées en Algérie, mais elle se prolonge à l’étranger et se déroule en collaboration avec des juridictions étrangères». M.Charfi a souligné qu’il «n’y avait aucune raison de faire dans la précipitation dans le traitement de cette affaire». Le ministre a promis d’informer l’opinion publique en «toute transparence» des résultats de l’enquête dans cette affaire une fois terminée. Idem pour le projet de révision de la Constitution. L’élaboration de la nouvelle loi fondamentale du pays qui concerne l’avenir de 40 millions d’Algériens se fait dans la discrétion totale. Une commission composée de cinq experts a été installée en avril dernier pour monter l’architecture de la nouvelle Constitution. Celle-ci devra travailler sur les propositions avancées par la classe politique lors des consultations lancées par M.Bensalah. Que changera-t-on dans cette Constitution? Depuis plus d’un mois la commission travaille sur le projet, mais aucune information n’a filtré. Même ceux qui sont censés être informés semblent ignorer la démarche des experts et les thèmes sur lesquels ils travaillent. Selon les observateurs de la scène nationale, les modifications porteront sur le régime politique, sur le nombre de mandats à la tête de la magistrature suprême qui, sans doute, reviendra à ce qu’il était avant l’amendement de 2008, afin de consacrer l’alternance au pouvoir. Autre nouveauté, les observateurs estiment que l’obligation de la déclaration du patrimoine pour les hauts fonctionnaires et les élus s’impose et doit figurer dans les articles de la loi fondamentale pour mettre fin au phénomène de la corruption. Ces questions devraient faire l’objet d’un grand débat auquel participeront tous les acteurs de la société civile. Sachant qu’il s’agit de l’avenir du pays, des partis politiques ont appelé à l’ouverture d’un débat avant l’élaboration de cette nouvelle mouture. Le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a estimé que la révision de la Constitution est une occasion historique pour l’Algérie. «C’est un projet d’une nouvelle société et un nouveau départ pour notre pays. Je pense que le moment est opportun pour revoir la Constitution et modifier ses textes, car il y a eu plusieurs changements qui sont survenus en Algérie, en plus du contexte qui prévaut dans le Monde arabe et le monde entier», a-t-il dit. Cette mouture va-t-elle répondre aux aspirations des Algériens? Attendons pour voir.