Le chef de l’Etat a convoqué pour demain le Parlement avec ses deux chambres pour adopter le projet de révision de la Constitution. De son côté, l’opposition discute de la position à adopter pour rejeter ce projet. Entre les uns et les autres où se positionne l’Algérien, se demande-t-on?
Apparemment rien ne semble préoccuper le citoyen, même pas le projet de la révision de la Constitution. A en croire les propos recueillis auprès d’une large frange de la société, la Constitution n’est plus ce souci impératif.
«La Constitution n’est plus cette Loi fondamentale en Algérie», nous dit-on.
Les Algériens considèrent dans leur majorité que cette révision constitutionnelle est un non-événement. «C’est aux parlementaires de s’en occuper, nous les avons élus justement pour accomplir cette tâche, ils ont le mandat du peuple pour le faire.» avancent des citoyens, des membres d’associations caritatives, commerçants, médecins et administrateurs ainsi que des jeunes de toutes les couches sociales, apostrophés sur le processus de la révision constitutionnelle.
Ils ont manifesté une certaine indifférence. Est-ce une confiance placée en leurs députés?
«Pour certains d’entre nous, je dirais oui», confie Abdelhamid, étudiant en sciences politiques à Alger. Il y a aussi une certaine démission dans certaines réponses imprégnées de pessimisme et de désespoir. Les uns parlent des droits et des libertés des citoyens bafoués, les autres évoquent la composition de l’Etat en lui-même. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui, en un mot, ont estimé que ce projet de révision de la Constitution «est une onde de choc qui blesse les Algériens dans la mesure où cette révision est devenue un jeu pour le pouvoir». Les Algériens considèrent que la révision de la Constitution est devenue un jeu auquel s’adonnent les gouverneurs de ce pays. «La Constitution a été taillée sur mesure en 2008 sans consultation du peuple. Alors pourquoi m’intéresser à un pouvoir qui ne consacre pas la volonté du peuple?», dira cet avocat. Et d’ajouter: «Ce projet de la révision de la Constitution, passera vaille que vaille, et la convocation du Parlement avec ses deux chambres n’est que de la poudre aux yeux.» De l’autre côté de la wilaya d’Annaba, à El Tarf, les citoyens ne se font pas d’illusions: «La nouvelle Constitution sera de toutes les manières adoptée.» Un commerçant du coin de la commune d’Aïn Assel, après s’être interrogé sur les propos de ses concitoyens, s’est demandé sur le poids des parlementaires, qui avaient échoué à faire face à la loi de finances 2016. Cette loi, est considérée par plus d’un comme étant le coup de grâce pour les Algériens à faibles revenus. «Cette loi vient définir le climat d’austérité imposé par les malversations et le transfert des capitaux par…» En effet, les Algériens avec un grand sentiment de crainte quant aux prochains jours, se considèrent écartés d’un projet d’une aussi grande importance et surtout des décisions politiques qui engagent son avenir immédiat. De tout temps les Algériens ont contribué à l’essor socioéconomique, mais surtout politique du pays. Le citoyen est la première force de l’Algérie. Il a lui aussi le droit de participer aux nombreux défis politiques, économiques, sociaux et culturels. Consulter sa volonté, notamment dans la révision de la Constitution, doit être une priorité pour ce que ces Algériens ont, des années durant, manifesté leur volonté de les garder à la barre de ce pays. «L’Algérie ne peut se passer de son peuple.» nous dira Me AKH. G., avocat à la cour de Batna. «L’unité de la nation est en jeu et l’intégrité du peuple algérien est aussi importante que l’intégrité territoriale et les Algériens dénoncent avec force ce projet de révision de la Constitution, excluant ses citoyens», ajoute notre interlocuteur. Le non-recours à la volonté du peuple à travers un référendum, c’est exclure le peuple, d’où cette prise de position, vis-à-vis du processus de la révision de la Constitution. Pour Hamid, notaire à Annaba, «la réforme constitutionnelle n’aura de sens que lorsque les textes à modifier auront été construits avec des valeurs partagées avec le peuple», a-t-elle dit, et d’expliquer: «Ce projet politique est imprégné du souffle de la majorité écrasante.» C’est dire que les Algériens savent très bien que, ni le sens du droit, encore moins le sens de la démocratie ne sont à l’ordre du jour de la prise d’une telle décision.