Il y a, dans cette affaire de révision constitutionnelle, qui ne vient pas, beaucoup d’évidences et pas mal d’énigmes aussi. Une évidence comme celle qui entoure les motivations de ce conglomérat, qu’on appelle « le pôle nationaliste » et qui agit en allié objectif du FLN de Amar Saïdani.
Donnant l’impression d’une opposition en action, après un subit réveil ayant clos deux ans d’hibernation, depuis les dernières législatives, cette vingtaine de partis politiques soutient le report de la révision constitutionnelle, avec le don de présenter les choses comme s’ils étaient contre le principe même de s’y opposer.
Or, ils ne demandent que le report de cette révision « après l’élection présidentielle », demandant au passage que la future constitution instaure la séparation des pouvoirs et d’autres généralités du même genre et qu’on retrouve à peu près, dans tous les épisodes du débat national sur la question.
Le fait d’avoir exigé, par ailleurs, l’institution d’une commission indépendante dans le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle, tient à confirmer le caractère revendicatif de ce bloc politique.

De là s’instaure l’illusion que ce « pôle », né en mars dernier avec la conviction d’avoir un rôle à jouer dans cette vague dite du « printemps arabe », est un bloc chargé de contrecarrer les projets du président Bouteflika.
De leur plein gré ou à leur insu, ils ne sont en vérité que les ouvriers d’une présidentielle, qui se tiendrait du rapport de force actuel. C’est-à-dire, celui pleinement favorable au président sortant qui, débarrassé de l’obstacle que pourrait représenter l’opération de la révision constitutionnelle, pourrait pleinement se consacrer à sa réélection.
Et c’est là, une autre évidence bonne à rappeler, la révision de la Constitution ne doit rien à la présidentielle. Les amendements introduits par voie parlementaire en 2008, par contre, étaient étroitement liés à la présidentielle d’avril 2009, car sans la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, le scrutin aurait connu une toute autre tournure.
La révision constitutionnelle dont il est question aujourd’hui, et même depuis 2011, trouve son origine dans le contexte du « printemps arabe » qui, lui, n’est absolument plus d’actualité, du moins s’agissant de l’Algérie.
Après avoir consommé l’année 2011 et la moitié de l’année 2012, à faire des réformes législatives, puis le reste de l’an dernier à organiser les deux scrutins nationaux, les législatives de mai et les locales de novembre, il restait donc plus ou moins une année pour aborder la révision constitutionnelle promise par un chef d’Etat qui, comme on a eu à le vérifier, a toujours tenu ses promesses.
Le président Bouteflika, au milieu d’une nouvelle campagne médiatique contre lui, et ceux dits du « clan présidentiel » (désignation qui ne désigne rien de précis), avait rappelle-t-on, mis sur pied, une commission d’experts pour mettre en forme les amendements constitutionnels. Et, plus que l’orientation de cette réforme, c’est la rapidité avec laquelle le chef de l’Etat voulait en finir, exigeant de cette commission de remette ses conclusions « dans les plus brefs délais ».
Mais entre l’empressement d’hier et le peu d’empressement d’aujourd’hui, il y a un recentrage que, par exemple, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, si catégorique auparavant, n’aborde absolument pas.
Entre la création de la commission d’experts et le vide d’aujourd’hui avec l’évacuation de la révision constitutionnelle du discours officiel, et même la demande de son report par une partie de la classe politique, il n’y a que la maladie du président qui puisse servir d’explication.
Non pas en elle-même, mais parce qu’elle a fait perdre au chef de l’Etat trop de temps, tellement d’ailleurs, qu’on s’est retrouvé, au retour de celui-ci aux affaires, trop proches dans le temps de l’élection présidentielle elle-même.
Or, un chef d’Etat sortant averti, n’a d’ordinaire aucun intérêt à organiser un référendum, qu’il s’agisse de faire voter une nouvelle constitution ou de consulter le peuple sur une autre question nationale.
Car un vote de cette nature et si proche de la présidentielle serait déjà une répétition générale avec la présidentielle, un test de popularité avant l’heure et auquel le président actuel n’a aucun besoin de s’exposer. Fort heureusement pour lui, le FLN, rejoint par le RND, le MPA, Taj, le PT et le « pôle » nationaliste, tous sont d’accord avec les partis d’opposition, laïcs ou islamistes, pour le report de la révision de la Constitution.
C’est un consensus de fait, bien que pour les premiers, il s’agit de mieux faire élire un président, alors que chez les seconds, on continue à croire que Bouteflika a besoin d’une nouvelle constitution pour remporter un quatrième mandat. Le fait est que, sauf nouvel élément, il se pourrait bien que la réélection de Bouteflika soit nettement plus simple que la future constitution.
N. B.
DE NOMBREUX PARTIS POUR LE REPORT
C’est le cafouillage total sur le délai de la révision de la Constitution, comme dernier chantier des réformes politiques annoncées le 15 avril 2011.
Ainsi, l’approche de l élection présidentielle d’avril 2014, laisse le temps limité pour se consacrer à ce point très sensible, sachant que le corps électoral sera convoqué dans moins de 40 jours.
Il est à noter que le président de la République est le seul à avoir la prérogative de se prononcer sur la révision de la Constitution, mais la sortie médiatique de ministre de l’Industrie, Amara Benyounes, qui est aussi président du parti » MPA » en annonçant que la révision de ce texte interviendra après les élections, a ouvert la porte à des interrogations sur un probable report de l’amendement du texte fondamental de la République.
Invité jeudi dernier à la chaîne d’information France 24, le ministre de l’Industrie, Amara Benyounès, qui répondait à une question sur la révision de la Constitution, si elle aurait lieu avant l’élection, a affirmé qu’elle aura lieu « après l’élection ». « Je pense qu’elle aura lieu après, nous n’avons pas de temps pour organiser un référendum ou des élections pour la révision de la Constitution ».
« Ce n’est pas de l’information que je donne, c’est une analyse que je fais », a-t-il précisé. Bien avant, le nouveau Secrétaire général du FLN, Amar Saïdani a annoncé que la Constitution sera révisée avant la présidentielle. Mais après la déclaration de Benyounes, le FLN donne une autre version.
A ce propos, le vieux parti se dit non opposé à la révision de la Constitution après la présidentielle. A ce propos, Said Bouhadja, membre du bureau politique, a affirmé dans une déclaration à la presse, que le » FLN n’a jamais revendiqué la révision du texte fondamental avant cette échéance électorale « . Selon lui, le FLN, par la voix de son secrétaire général, » a tout simplement exprimé un souhait, celui de voir la révision constitutionnelle se concrétiser dans les meilleurs délais « .
Lors d’un point de presse animé à l’issue d’une conférence nationale de la femme à Alger, Amar Ghoul, président de « Tajamoo Amal El Djazair » (Taj) a déclaré : « Moi je ne fais pas d’analyse », avant d’ajouter : « Pour moi, la révision de la Constitution, qu’elle intervienne après ou avant les prochaines présidentielles, c’est la même chose ».
Pour le patron de « Taj », l’important n’est pas dans le délai de la révision du texte fondamental de la République, mais dans le fond ou ce qui va être révisé. Avant-hier, une dizaine de partis politiques du groupe dit » pôle national » ont recommandé lors de leur réunion à Chéraga, de réviser la Constitution après l’élection présidentielle.
C’est vrai que le poids de ses partis est insignifiant sur la scène politique, mais ils donnent un peu de poids à l’idée du renvoi. Il est à rappeler que le parti des Travailleurs avait demandé le report de la révision de texte en question à l’après-présidentielle.
Sept mois sont déjà passés depuis l’installation de la commission chargée d’établir un avantprojet portant révision de la Constitution, aucune information n’a filtré sur le projet élaboré, ni le délai de la soumission de ce texte, ni au Parlement, ni à un référendum.
Par ailleurs, les probables amendements projetés, sont notamment, la création du poste de vice-président, un amendement qui peut intervenir après la présidentielle. Et le président élu aura à choisir son vice-président.
N. B.