Les gardes communaux sont remontés au créneau, hier, pour faire valoir l’une de leurs principales revendications à savoir la reconnaissance officielle de leurs sacrifices.
La marche des gardes communaux à Alger a été étouffée, selon Lahlou Aliouat, le président de la Coordination nationale des gardes communaux, dans l’oeuf puisqu’un dispositif sécuritaire encerclant la gare routière de Kharouba a été mis en place empêchant les 500 gardes communaux venus de 36 wilayas par bus de se diriger vers Alger. «Ils ont empêché tout le monde de sortir de la gare, même ceux qui n’étaient pas concernés par notre action», dira-t-il au «Quotidien d’Oran».
Dans un premier temps les délégués négocieront avec le chef de la sûreté d’Alger, présent sur place, sans résultats puis ils seront emmenés au commissariat le plus proche avant d’être relâchés plusieurs heures plus tard et reconduits à la gare routière. «Ce n’est qu’une fois dans le bus qu’on m’a remis mes papiers d’identité», dira encore M. Aliouat. La police a proposé entre temps aux gardes communaux de constituer une délégation pour être reçue par les autorités.
Mais les protestataires ont refusé cette solution, selon M. Lahlou. Ils ont remis la liste de leurs revendications à la police pour qu’elle soit transmise à qui de droit. Au menu des revendications figurent les habituelles demandes d’ordre socioprofessionnel ainsi que la reconnaissance de leurs sacrifices, mais également on retrouve une dénonciation de la tenue de l’université d’été de l’ex-AIS en août à Jijel.
«On a dénoncé Madani Mezrag devenu une personnalité politique ainsi que les architectes de la criminalité à qui on délivre des agréments pour activer en politique», précisera-t-il. «On reviendra en force», menace-t-il encore si leurs revendications ne sont pas prises en considération fixant le 17 décembre prochain comme ultimatum pour revenir marcher à Alger. «Nous demandons à discuter directement avec le Premier ministre», ajoutera encore notre interlocuteur.
Rappelons qu’après la signature en mars dernier du décret exécutif n° 14-100 relatif au redéploiement des personnels de la garde communale, Lahlou Aliouat, et dans une déclaration faite au «Quotidien d’Oran», avait qualifié le dit-décret de «politique de bricolage » insistant sur la plate-forme revendicatrice de la corporation «scellée et non négociable». Notre interlocuteur rappellera les constantes de la Coordination nationale des gardes communaux qui fait de l’installation d’un Hautcommissariat aux victimes du terrorisme son credo. «Notre lutte se décline sur deux aspects, politique et syndical», dira-t-il en expliquant qu’il faut une volonté politique du gouvernement pour «l’installation d’une institution d’Etat pour les gens ayant sauvegardé le pays pendant la décennie noire».
Quant aux propositions du gouvernement, il déclare qu’ils ne sont là que pour «acheter le calme social», réitérant la première demande des gardes communaux, celle d’une reconnaissance officielle de leur sacrifice. «On exige une intégration immédiate et sans conditions des gardes communaux qui ont été abusivement licenciés à cause de la décennie noire», avait insisté M. Aliouat qui précisera qu’ils sont 15 000 à être dans ce cas de figure.
«On rejette tout tant que les gardes communaux ne sont pas considérés comme des victimes de guerre et non comme des accidentés de travail». Rappelons que sur les 94 000 adhérents à la Coordination nationale, 53 000 sont concernés par une retraite anticipée, 22 000 affectés au sein des institutions et administrations publiques, des établissements publics et des entreprises publiques économiques alors que le reste est versé dans le secteur militaire.
Moncef Wafi