Les revendications salariales mettent le pays en danger : Le jusqu’au-boutisme des syndicats

Les revendications salariales mettent le pays en danger : Le jusqu’au-boutisme des syndicats

Si les fonds de caisse de l’Algérie sont engloutis dans de nouvelles augmentations de salaires, le pays devra ingurgiter la potion amère du FMI, le colonisateur des temps modernes. Passer sous les fourches Caudines du Fonds monétaire international équivaut la perte de sa souveraineté nationale.

Jusqu’où veulent nous mener les syndicats? Leur «entêtement» à poursuivre la grève et à en déclencher d’autres est intrigant à plus d’un titre. Des secteurs vitaux sont paralysés, d’autres vont l’être. Et à suivre cette logique, c’est toute l’Algérie qui va être à l’arrêt. Et à quel moment! Au moment même où le pays doit doubler d’efforts pour hausser sa production, réduire ses dépenses et faire face à une sérieuse crise financière. La situation économique difficile de l’Algérie, qui ne lui est pas spécifique étant donné que la crise économique est mondiale, est connue par tous. Le citoyen lambda a bien compris que les finances du pays ne sont pas au vert. Que dire alors des représentants syndicaux qui sont beaucoup plus éclairés et bien avisés de la situation de leur entreprise, de l’ensemble du secteur, mais aussi de la conjoncture économique nationale. En choisissant d’entamer des grèves illimitées conduisant au pourrissement, les syndicats ouvrent grand la porte ou à une période de forte déstabilisation ou carrément à la perte de souveraineté. En effet, si les syndicats ne décident pas de faire passer l’intérêt du pays avant le leur, le gouvernement sera face à deux options dont l’aboutissement et dans les deux cas, ne sera pas salutaire. La première est celle où il continuera d’afficher un niet catégorique aux revendications salariales et il devra alors faire face à une grogne sociale importante qui risque en s’élargissant de mener le pays vers le chaos. L’autre option, c’est de céder et d’accepter, dans un premier temps, de répondre favorablement aux exigences des deux syndicats en grève, à savoir le Cnapeste et les médecins résidents, avant de répondre, dans un second temps, mais de manière obligatoire cette fois, aux revendications d’autres syndicats qui vont suivre. Satisfaire actuellement les revendications salariales revient à grignoter les 90 milliards de dollars de réserves de changes qui restent dans les caisses du Trésor public. Une somme qui ne suffira pas à faire vivre le pays plus de trois ans malgré toutes les restrictions et les coupes budgétaires. Cependant, les pouvoirs publics aspirent à passer le cap des trois prochaines années car, selon les experts internationaux, au-delà de cette date, une nette amélioration des prix du baril du pétrole sera enregistrée. Ce qui devrait permettre à l’Algérie de souffler un peu tout en poursuivant ses réformes économiques visant à dégrafer son économie de la dépendance des hydrocarbures. Mais si la «tirelire» du pays est vidée avant l’heure, comment allons-nous fabriquer le pain pour assurer la sécurité alimentaire de la quarantaine de millions d’Algériens s’il n’y a pas assez pour payer l’importation du blé? Il y a peut-être une solution. La pire de toutes certes, mais elle permettra au peuple de ne pas avoir faim. Car, à bien voir cette logique de jusqu’au-boutisme des syndicats, il semble clair que l’Algérie est loin de l’époque de feu Houari Boumediene qui demandait dignement à son peuple: «Mangez la terre de votre pays au lieu d’aller quémander des miettes en France.» Pour revenir à la pire solution qui va se présenter au gouvernement, il y a lieu de préciser qu’il s’agit du recours au Fonds monétaire international. Si les fonds de caisse de l’Algérie sont engloutis dans de nouvelles augmentations de salaires, le pays devra ingurgiter la potion amère du FMI, le colonisateur des temps modernes. Passer sous les fourches Caudines du FMI équivaut la perte de souveraineté nationale puisque les dirigeants du pays devront remettre le chéquier et la clé du coffre aux responsables de ce Fonds monétaire. Faut-il rappeler l’époque où l’Algérie, en cessation de paiement, a été obligée par cette institution internationale de suivre un programme d’ajustement structurel qui a conduit à l’arrêt des subventions aux entreprises publiques, la fermeture de centaines d’entre elles entraînant la compression de quelque 400 000 travailleurs, la baisse notable du pouvoir d’achat, l’accroissement du chômage et de la pauvreté. Cette précarisation croissante de la société, faut-il encore la rappeler, a été à l’origine de la déstabilisation du pays qui a vécu une décennie où seule la folie meurtrière faisait la loi. Ainsi donc, les deux solutions qui s’offrent au gouvernement mènent au chaos. Les syndicats ont-ils conscience de leur démarche? Sauront-ils revenir à la raison? Le peuple qui refuse de revivre les années de troubles, devra-t-il se mobiliser face au jusqu’au-boutisme syndical pour séparer le bon grain de l’ivraie et défendre la souveraineté du pays? Car aujourd’hui, même si la situation socioéconomique du citoyen n’est pas reluisante, il est attendu de ce dernier de retrouver son patriotisme social, son dévouement pour la patrie pour sauver la maison Algérie.