Revendications salariales et prudence budgétaire,Le gouvernement entre le marteau et l’enclume

Revendications salariales et prudence budgétaire,Le gouvernement entre le marteau et l’enclume
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Face aux tensions sociales qui s’exacerbent, le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Continuer à acheter la paix sociale, à augmenter les salaires et à subventionner à tour de bras au risque de met-tre les équilibres budgétaires en danger, ou bien prôner la prudence au risque d’attiser encore la rue.

La contestation sociale reprend de plus belle. Pratiquement aucun secteur n’est épargné par les mouvements de grève. Education, santé, corps communs, université, chômeurs… Bref, le monde du travail est en pleine ébullition. Face à cette situation, le gouvernement se trouve face à véritable dilemme et n’a plus de marge de manœuvre comme avant. Depuis 2000, le gouvernement répond positivement aux revendications salariales qui émanent de tous les secteurs. L’objectif était de favoriser un certain rattrapage du pouvoir d’achat des salariés, pouvoir d’achat largement érodé au cours des années 1990. Depuis, le contexte national et international a beaucoup changé. La crise économique qui perdure un peu partout dans le monde et la tendance baissière du prix du pétrole obligent l’Algérie à revoir sa politique et, surtout, adopter une stratégie plus prudente en matière de dépenses publiques. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a tenté jeudi dernier de préparer l’opinion publique à un probable recours à l’austérité. Le premier argentier du pays envisage désormais de geler les augmentations de salaires. Karim Djoudi appréhende «l’effet d’une augmentation démesurée des salaires dans les prochaines années».

Il prône une «politique d’équilibre budgétaire». La situation, en l’occurrence les prix mondiaux du pétrole qui dégringolent, «nous oblige aujourd’hui à être beaucoup plus nuancés sur les augmentations des salaires», a affirmé le ministre des Finances en marge d’une séance plénière à l’APN, consacrée aux questions orales. Cette recommandation concerne aussi bien l’Etat et ses fonctionnaires que le monde des entreprises. Si les salaires augmentent «trop», il est «évident que les entreprises ne pourront plus recruter, car c’est un élément de déstructuration de leur situation financière», a estimé le ministre. Il se veut très alarmant, allant jusqu’à arguer que le «budget de l’Etat est comme le budget d’un ménage : si on dépense trop et qu’on tire trop fort sur la corde, on va tout perdre». Depuis la wilaya de Laghouat où il a effectué une visite de travail et d’inspection, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a appelé également à la précaution, invitant les citoyens à ne plus compter sur les recettes des hydrocarbures. «Notre économie est structurellement faible. On ne peut pas contenir tous les cadres. Le gaz et le pétrole ne sont pas durables, c’est pourquoi nous essayons de rationaliser nos dépenses», a-t-il lancé aux représentants de la société civile. Selon lui, «les jeunes ne doivent plus compter sur le budget de l’Etat pour créer de l’emploi et les plans sociaux initiés par l’Etat ont un poids financier trop lourd sur le Trésor public». «Il faut chercher d’autres alternatives», recommande le Premier ministre. Et cette alternative se trouve justement dans la relance de l’économie, de l’agriculture, de l’investissement productif basé sur les nouvelles technologies.

C’est la seule solution de rechange pour créer de la richesse et générer des postes d’emploi. A ce rythme de dépenses, de générosité gouvernementale, sans avoir de base économique solide, sans perspectives en termes d’exportations, l’Algérie risque tout simplement la faillite. En même temps, le gouvernement doit mettre la main à la poche afin de contenir les tensions sociales, dans un contexte régional très difficile. C’est ce qui s’appelle être dos au mur !

Mehdi Ait Mouloud