Révélations de Wikileaks sur le Maroc,La corruption gangrène l’armée marocaine

Révélations de Wikileaks sur le Maroc,La corruption gangrène l’armée marocaine

Un câble diplomatique daté du 4 août 2008 et provenant de l’ambassade américaine à Rabat évoque la corruption qui sévit dans l’armée marocaine, notamment chez les gradés.

Le site Wikileaks qui révèle depuis quelques mois les secrets diplomatiques de plusieurs pays, vient de révéler quelque 2 106 notes diplomatiques (câble anglais), classées secrètes ou confidentielles, à propos du Maroc. En effet, un câble diplomatique daté du 4 août 2008 et provenant de l’ambassade américaine à Rabat évoque la corruption qui sévit dans l’armée marocaine, notamment chez les gradés. Les diplomates américains en poste à Rabat évoquent une armée marocaine en proie à des problèmes de corruption, une bureaucratie inefficace, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, des menaces récurrentes de radicalisation de certains de ses soldats, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental, a révélé hier le site du journal espagnol El Pais.com. Le ton se fait même plus grave avec un intertitre cinglant précédent le paragraphe 9 : «La corruption demeure le principal challenge». La note cite explicitement le cas d’enrichissement d’un haut gradé, le lieutenant général Bennani «qui utilise sa position de commandant du secteur pour soutirer de l’argent lors de contrats militaires…». En anglais dans le texte: «Credible reports indicate that Lt Gen Benanni is using his position as the Commander of the Southern Sector to skim money from military contracts and influence business decisions». La même note précise que le gouvernement marocain tente de circonscire la corruption au sein de l’armée, «notamment dans les rangs des militaires en formation pour les grades de colonel et en dessous. Mais par contre, peu d’actions sont entreprises pour contrer la corruption dans les rangs des officiers généraux. Les mémos diplomatiques émanant essentiellement de l’ambassade américaine à Rabat ont accusé les officiers de l’armée marocaine, en âge de partir à la retraite, de ne pas lâcher les rênes. Cela tient au fait que les officiers proches de la retraite ne souhaitent pas partir car ils perdraient les dessous de table et une partie de leurs sources de revenus. Selon cette note secrète, la moitié de l’armée marocaine est déployée au Sahara occidental. L’Algérie constitue l’autre préoccupation pour le Maroc. Selon le document américain, l’armée marocaine possède des «plans d’urgence» et effectue des simulations stratégiques pour contrer une éventuelle attaque algérienne. Cependant, l’armée marocaine ne dispose pas de troupes déployées le long de la frontière algérienne, selon le mémo. Les documents de Wikileaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire. Sans surprise, le Maroc continue à accuser à tort l’Algérie «de ne pas coopérer avec Rabat dans la lutte antiterroriste». Aux accusations marocaines, un diplomate américain a répondu, selon la note, que «le GSPC a été forcé de s’associer avec AQMI parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser». Dans le même document, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur «s’est hérissé» lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme «un modèle» dans la lutte antiterroriste en Afrique du Nord. Ces révélations ne sont cependant pas réellement fracassantes. Mais que se passera-t-il si WikiLeaks parlera des prisonniers de Guantanamo, sachant qu’un ex-détenu de cette prison américaine a accusé le Maroc de torture et que des vidéos ont été découvertes dans les bureaux de la CIA, révélant que des terroristes présumés auraient été détenus et interrogés secrètement dans des prisons marocaines ? Et que se passera-t-il si le document parle des milliers de prisonniers torturés dans les geôles marocaines ? Ce n’est pas impossible, dans la mesure où parmi les dépêches envoyées de Rabat et Casablanca aux Etats-Unis, 76 sont classées secrètes.

Par Hocine L.