Yves Bonnet
On se souvient du zèle et de l’acharnement de Jean-Baptiste Rivoire, journaliste à Canal plus, qui ira jusqu’à pousser au suicide son collègue Didier Content…
Au plus fort des attentats du RER, à Paris, en 1995 et 1996, et tandis que l’Algérie menait dans une effroyable solitude un combat sans merci contre la bête immonde encouragée par la majorité des capitales occidentales alignées sur les positions de l’Elysée, une étrange campagne était orchestrée contre les services secrets algériens sous le thème du «Qui-tue-qui».
Cette campagne était nourrie par les plumes de plusieurs journalistes, pseudo- faiseurs d’opinion, qui s’employaient à accuser sciemment «les agents de la sécurité militaire» d’être les instigateurs des multiples attentats qui ont secoué la capitale française, l’ANP d’organiser des massacres nocturnes dans le genre de la Saint-Barthélemy (que d’articles ont-ils commis sur la tuerie de Bentalha!) et les groupes d’interventions spéciales de pratiquer des liquidations ciblées, à l’image du triste épisode des moines de Tibhirine.
Coûte que coûte, il fallait accréditer la thèse d’un régime oppresseur, ne reculant devant aucune machination, face à un peuple résolument ancré dans la mouvance du FIS dissous qui avait été, selon eux, spolié d’une victoire électorale avec 82% des sièges- 188 sur 231 – obtenus sur la base de… 26% des voix!
«Non contents d’être de piètres professionnels, oubliant toute déontologie, tout respect de la vérité et de la vraisemblance», écrit dans un ouvrage à paraître les jours prochains, l’ancien patron de la DST (Direction de la surveillance du territoire),Yves Bonnet, ces pythies de la presse dont on apprendra ensuite qu’elles étaient à la solde de la maison du Maroc, dûment qualifiée pour tirer à boulets rouges sur l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, ont soutenu mordicus la thèse du «Qui-tue-qui» pour mieux convaincre du bien-fondé de leur vibrant plaidoyer pour un terrorisme présenté comme une «résistance héroïque».
On se souvient du zèle et de l’acharnement de Jean-Baptiste Rivoire, journaliste à Canal plus, qui ira jusqu’à pousser au suicide son collègue Didier Content, ancien rédacteur en chef de l’agence Gamma, coupable d’avoir tenté, à cette époque, un regard objectif sur le drame qui se jouait en Algérie. Aussi, est-ce avec sérénité qu’on reçoit l’ouvrage d’Yves Bonnet qui conforte, une bonne fois pour toutes, la vérité vraie quant aux assassins des moines de Tibhirine et balaie, de ce fait, les tentatives sans cesse réitérées de résurgence du «Qui-tue-qui» comme ce fut, récemment, le cas avec la visite du juge Trévidic.
En homme averti, Yves Bonnet souligne que «la réalité de contacts entre les ravisseurs et quelque interlocuteur que ce soit est loin d’être établie et même hautement improbable, dans la traque du petit groupe que les forces de sécurité harcèlent sans relâche», admettant une exception selon laquelle «une fois, une seule fois, un messager français a pu atteindre un des campements de Zitouni». En expert, il détruit la thèse de la «bavure» de l’armée algérienne qui aurait tiré d’un hélicoptère contre les moines. «Invraisemblable», confirme-t-il ,Prenant effet de l’attentat commis le 13 février 1993 contre le général-major Khaled Nezzar, l’auteur met l’accent sur la détermination des terroristes à décapiter l’Etat algérien et, surtout, il observe que les auteurs de l’attentat (explosion d’une voiture piégée au passage du véhicule du général-major) ont recouru à «une technique enseignée dans les centres de formation de la CIA, au Pakistan».
Cet ouvrage puissamment documenté, où fourmillent moult déclarations, témoignages, compte-rendus et autres commentaires des acteurs directs et indirects de la hiérarchie militaire française, est une importante pièce à conviction versée au dossier de la plainte que l’Algérie est en droit de porter, un jour ou l’autre, à l’encontre de ces mercenaires qui ont tant fait pour salir l’image de tout un peuple et pour tenter de contribuer à son asservissement.