Réveillon à béjaia,Quand les salafistes dominent les débats

Réveillon à béjaia,Quand les salafistes dominent les débats

Les salafistes reprennent du poil de la bête

Les prêches qui ont précédé la fin de l’année 2012 ont tous été centrés sur la célébration du Nouvel An, devenue le cheval de bataille des imams.

La célébration du jour de l’An s’est déroulée dans des conditions normales à Béjaïa. Aucun incident n’a été enregistré. Les services de sécurité ont franchement marqué une présence qui n’a de valeur que de dissuader les plus récalcitrants en matière de consommation d’alcool et de conduite de véhicule dangereuses. Sur les routes du littoral béjaoui, les équipes de la police et de la Gendarmerie nationale étaient sur le terrain pour parer à toute éventualité.

Dans les hôtels et les salles de fêtes, l’ambiance était de mise toute la nuit de la Saint-Sylvestre. Outre l’aspect festif de cet événement planétaire, il y a lieu de retenir que pour cette année, les gens ne ses sont pas trop affichés en raison d’une campagne faite en sourdine par la mouvance salafiste qui semble maîtriser sérieusement les débats en Kabylie. L’occasion de la célébration de cette nouvelle année 2013 a permis à tout un chacun de mesurer la force de persuasion. Les salafistes, qui dominent les mosquées des villes et villages, ont réussi le pari d’imposer un point de vue selon lequel «la célébration du jour de l’An n’est pas un fait relevant de notre culture et tradition».

Les prêches qui ont précédé la fin de l’année 2012 ont tous été centrés sur célébration du Nouvel An, devenue le cheval de bataille des imams qui sont allés jusqu’à interpeller par écrit les citoyens sur ce qui s’apparente, on ne peut mieux, à une interdiction. A Tinebdar, on est arrivé jusqu’à afficher dans les cafés et les murs du chef-lieu ce que dit la religion sur ce sujet et ce, sans se référer à qui de droit, dont l’autorité locale, en l’occurrence le maire qui lui-même est souvent pris à partie dans les prêches du vendredi. Les excursions qu’il organise au profit des femmes de la commune, les fêtes et autres salons féminins, sont pour l’imam du village «haram», interdites. Si la présence de la mouvance islamiste en Kabylie ne date pas d’aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que ces dernières années, elle a repris le poil de la bête, y compris dans les villages. Dans ces contrées où jadis la pratique religieuse se faisait sans contrainte, la situation se singularise par une dominance flagrante de l’imam. Ce dernier qui a toujours été sous l’autorité du comité de village, est devenu le maître à bord et se fait souvent auteur de décisions qui vont à l’encontre même des traditions locales et ce, en toute impunité. En face, il y a l’autre extrême, ceux qui versent dans tout ce qu’il y a de négatif dans la modernité. La consommation d’alcool n’est plus punie dans les villages kabyles. Entre ces deux tendances virant à l’extrême, il y a une majorité silencieuse qui regarde impuissante tout un bouleversement se produire sous ses yeux ne sachant pas où et comment cela finira. Mais elle craint surtout «les fitna», qui ne manqueront pas de jaillir entre une même famille et habitants d’un même village.