Revalorisation des pensions de retraite en Algérie : l’ONR dénonce un « mutisme préoccupant »

Revalorisation des pensions de retraite en Algérie : l’ONR dénonce un « mutisme préoccupant »
Revalorisation des pensions de retraite en Algérie l’ONR dénonce un mutisme préoccupant

Le silence autour de la revalorisation annuelle des retraites suscite une inquiétude croissante en Algérie. Habituellement versée au printemps, cette revalorisation, pourtant annoncée comme un acquis, n’a toujours pas été appliquée. Un retard perçu comme un signal inquiétant, voire un renoncement. Dans un contexte d’inflation galopante, cette situation place les retraités dans une position de plus en plus délicate.

L’Organisation nationale des retraités affiliés à la Caisse nationale des retraites (CNR) monte au créneau. Dans un communiqué publié le 10 juin, elle interpelle directement le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, dénonçant un « mutisme préoccupant ». Une lettre ouverte a également été adressée au président Abdelmadjid Tebboune, appelant à une intervention rapide pour sortir les retraités de cette impasse administrative.

L’Organisation nationale des retraités affiliée à la CNR agit et écrit une lettre à Tebboune

En Algérie, la revalorisation des pensions de retraite se fait habituellement au mois de mai. Chaque année, cette mesure vient compenser, partiellement, l’érosion du pouvoir d’achat. En 2024, elle avait été fixée entre 10 et 15 %, coûtant quelque 171 milliards de dinars à la CNR. Mais en 2025, rien n’a été versé à ce jour. Aucun calendrier. Aucune explication officielle.

Le dernier Conseil d’administration de la CNR, tenu le 26 février, avait pourtant préparé le terrain. La balle était dans le camp du gouvernement, chargé de fixer le taux d’augmentation. Plus de trois mois plus tard, la décision se fait toujours attendre.

LG Algérie

Pour les retraités, c’est un double coup dur. D’abord économique, car la pension mensuelle reste insuffisante face à la hausse des prix. Mais aussi moral, car le silence des institutions renforce un sentiment d’abandon. « Le droit à une information claire est un minimum », rappelle le communiqué de l’organisation, saisie par des milliers de retraités en quête de réponses.

Pensions 2025 : le retard de trop ? Les retraités algériens demandent des comptes

La colère gronde chez ceux qui ont servi l’État toute leur vie. Dans leur lettre au chef de l’État, les représentants des retraités n’éludent pas. Ils dénoncent un « sentiment d’injustice » et appellent à la reconnaissance d’une frange de la population « qui a sacrifié sa jeunesse et sa santé pour bâtir le pays ».

🟢 À LIRE AUSSI : Carte Edahabia et comptes courants : Algérie Poste change les procédures

Cette interpellation directe vise à rappeler que la revalorisation des pensions n’est pas un geste de bonne volonté, mais une décision présidentielle actée. Selon l’organisation, les retraités sont en droit d’attendre l’application immédiate des engagements pris, y compris les « augmentations exceptionnelles » annoncées par Abdelmadjid Tebboune.

Face au flou, trois demandes principales sont posées sur la table :

  • La communication immédiate d’un calendrier clair pour la revalorisation ;
  • L’ouverture d’un dialogue entre représentants des retraités et autorités compétentes ;
  • Et une représentation permanente des retraités au sein du Conseil d’administration de la CNR, afin d’assurer plus de transparence dans la gestion du dossier.

Retard dans la revalorisation des retraites : un climat de méfiance à gérer en urgence

Le manque de clarté alimente les soupçons. Les retraités ne comprennent pas pourquoi cette revalorisation, devenue une habitude budgétée chaque année, tarde autant. Certains redoutent même une remise en cause des engagements pris au plus haut sommet de l’État.

L’Organisation nationale des retraités ne mâche pas ses mots. Elle demande à ce que l’État « cesse de traiter les retraités comme une variable d’ajustement budgétaire ». Et insiste pour que cette frange de la population, souvent silencieuse, soit enfin écoutée et respectée.

🟢 À LIRE AUSSI : De l’or noir à l’or blanc : l’Algérie entame une nouvelle ère minière avec le lithium

Dans un pays où plus de 3,6 millions de citoyens dépendent de leur pension pour vivre, l’issue de ce dossier sera observée de près. Le gouvernement est désormais attendu au tournant.