Les syndicats autonomes, grands absents de la tripartite, sont unanimes à dire que leur exclusion de cette réunion (gouvernement-syndicat-patronat) constitue un déni, voire un mépris envers ces syndicats qui continuent d’être marginalisés dans le dialogue social.
La tripartite (gouvernement-syndicat-patronat) se tiendra fin septembre ou début octobre, a précisé avant-hier le premier ministre Ahmed Ouyahia, en marge de l’ouverture de la session d’automne de l’Assemblée populaire nationale. Un rendez-vous qui mettra sur la table et débattra de tous les dossiers sociaux qui s’étalent sur la scène nationale. L’union générale des travailleurs algériens (UGTA) sera le seul acteur social qui prendra part à cette rencontre à laquelle ne seront pas invités les syndicats autonomes. Cette exclusion pour le moins attendue, ne trouve toujours pas de réponse auprès des représentants de ces syndicats. Une attitude qui se précise du moment qu’aucun de ces syndicats n’est encore convié à cette tripartite sociale qui ne sera pas exempte de critiques.
La réunion tripartite, qui est devenue une sorte de tradition, regroupera comme d’habitude le gouvernement, la centrale syndicale (UGTA) et le patronat, avec comme grand absent les syndicats autonomes. Pour bien cerner la question, nous avons interrogé les représentants de deux syndicats automnes, très présents sur le terrain. Leur déception est telle que nos interlocuteurs dénoncent encore une fois l’attitude des pouvoirs publics qui optent, sans surprise, pour la seule Centrale syndicale pour siéger en tant que partenaire de la tripartite, à l’exclusion du reste des syndicats.
Bien plus, les syndicats autonomes, exclus du dialogue social, qualifient cette attitude d’arbitraire, d’autant plus qu’elle émane d’une volonté politique du régime. Nouar Larbi, porte-parole du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), tout en affichant sa déception, soutient que les syndicats autonomes sont toujours exclus du dialogue social et, donc, du processus de réformes politiques engagées par le président de la République.
«Nous, en tant que syndicat autonome, sommes exclus de la prochaine tripartite sociale, une fête à laquelle sera convié un seul syndicat privilégié, à savoir l’UGTA», regrette Nouar Larbi. Notre interlocuteur rappelle, à juste titre, les réformes politiques engagées par les pouvoirs publics qui, jusque-là, sont allés à l’opposé de la démarche présidentielle.
Et de renchérir : «Pourtant, nous avions été invités à la Commission de consultations sur les réformes politiques et avions répondu favorablement à l’invitation de Bensalah. Malheureusement, nous sommes exclus de la tripartite sociale», tempête Nouar Larbi, en disant que l’Etat n’est pas, semble-t-il, enclin à concrétiser les propositions des uns et des autres sur les réformes politiques. Même son de cloche chez le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) qui par la voix de son président Lyes Merabet, affirme que le gouvernement continue de marginaliser les syndicats autonomes bien qu’ils soient invités et consultés sur les réformes politiques de la commission de Bensalah. «On ne voit rien venir…
Les propositions que nous avons faites à cette commission ne sont que de l’encre sur du papier.
On privilégie un seul syndicat (l’UGTA, Ndlr) au détriment des autres syndicats autonomes qui sont tout simplement exclus», réagit M.Mérabet par rapport à l’exclusion de ces syndicats du dialogue social. Notre interlocuteur va plus loin en insistant sur le le multisyndicalisme, au même titre que le pluralisme politique pour qu’il soit effectivement respecté et traduit sur le terrain. «Pourtant, lors de notre passage à la commission de consultations sur les réformes politiques, on a beau insisté sur la place des syndicats autonomes en tant que partenaire social dans le processus des réformes et le dialogue social, rien n’y fait…», a-t-il encore rappelé, dépité.
Par Yazid M.