Réunion d’urgence chez sellal ce lundi, Loi de finances 2015 : le gouvernement va tout revoir

Réunion d’urgence chez sellal ce lundi, Loi de finances 2015 : le gouvernement va tout revoir

Abdelmalek Sellal présidera, demain lundi, une importante réunion d’un Conseil interministériel qui sera consacrée au «cadrage budgétaire» de la loi de finances 2015. C’est ce que nous apprenons d’une source sûre. Autrement dit, le gouvernement va tout revoir, du moins «revisitera» la loi de finances avant qu’elle ne soit officiellement promulguée après sa signature officielle fin décembre.

«Il serait imprudent de ne pas tenir compte de la nouvelle conjoncture économique mondiale, plus précisément la chute vertigineuse que connaissent, ces dernières semaines, les prix du pétrole», nous explique notre source. Il faut rappeler que la loi de finances avait été confectionnée, au début de l’année 2014 alors que les prix du pétrole et du gaz se négociaient largement au-dessus des 100 dollars.

Une aisance financière qui permettait au gouvernement, depuis des années d’ailleurs, de mener un «train de vie» inhabituel pour un pays de la taille du nôtre ! Les recettes pétrolières et les réserves de change ont permis à l’Algérie de faire face non seulement au besoins ordinaires de sa population, ce qui était déjà «un rêve» dans les années 1980 et 1990, mais aussi des dépenses parfois utiles, mais souvent inutiles et contre-productives.

Ainsi des augmentations salariales faramineuses et factices avec des effets rétroactifs allant sur des années le plus souvent sans aucune contrepartie productive. Ainsi également de ces sommes colossales gaspillées dans des projets fictifs et sans lendemain à travers l’Ansej par exemple.

Cette insouciance à la dépense culminera en 2010 et 2011 lorsque, pour faire face à la grogne sociale, puis au «printemps arabe» et, en 2013 et 2014 pour imposer le quatrième mandat, des mesures spéciales «pour le tout-emploi», ne répondant à aucune norme économique, ont été ordonnées par Bouteflika.

Le «tout-social» tenant également lieu de politique de tous les gouvernements depuis 2003. L’aisance financière de cette dernière décennie avait enfin ouvert la voie à certains «caprices» que même les richissimes monarchies du Golfe ne se permettent que rarement. L’on peut citer les deux décisions injustifiées, indues et sans le moindre retour «sur investissement» d’aucune nature et qui consistaient à effacer toutes les dettes dues à l’Algérie par tous les pays africains, plus de 2 milliards de dollars, ce qu’aucun pays au monde n’a fait. Ni pour l’Afrique, ni pour quiconque.

Des dépenses capricieuses multiples venaient aussi, chaque année , alourdir la facture, comme le projet de «la Grande Mosquée d’Alger», les manifestations budgétivores de «capitale culturelle islamique», puis «arabe» pour Tlemcen et Constantine, des réceptions en tous genres, entre autres «extras» !

Mais voilà que ce que tout le monde redoutait à moyen ou long terme nous surprend brutalement en ces derniers mois de 2014 avec cette violente chute des prix des hydrocarbures. L’on en est déjà à moins de 60 dollars le baril et la baisse est quasiment quotidienne. Selon différentes estimations, le prix ira jusqu’à 45 dollars courant 2015.

En d’autres termes, la marge de manœuvre du gouvernement se rétrécit à sa plus simple expression. Certes, le gouvernement a toujours pris des précautions en élaborant tous les projets de loi de finances sur la base d’un baril à 37 dollars. Mais, là, il est désormais rattrapé par la réalité. Ce n’est plus un choix, mais une contrainte.

La LFC pour 2015 sera donc repassée à la loupe ce lundi lors de ce Conseil interministériel d’urgence qui réunira, outre le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur, des Finances, de l’Industrie et quasiment tous les ministres d’ailleurs, ainsi que le gouverneur de la Banque d’Algérie et tous les intervenants directs et qui sera consacrée à de grands rééquilibrages d’ensemble dans la répartition budgétaire, et, conséquemment, à de nouveaux arbitrages entre les secteurs. Une difficile équation à résoudre avec, en plus, ce souci cardinal de ne pas trop «titiller» les acquis sociaux au risque de rallumer le front social, cette hantise permanente du pouvoir…

K. A.