L’Algérie, qui assure la présidence du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du Processus d’Alger et chef de file de la médiation internationale, a convoqué une réunion d’urgence des pays membres de la médiation ainsi que les différentes parties maliennes (gouvernement et groupes d’opposition), pour aujourd’hui et demain, afin de sortir cet Accord de l’impasse dans laquelle il se retrouve, sept mois après sa signature.
Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a convié à cette rencontre les représentants des trois parties signataires (gouvernement, Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme d’Alger) et tous les membres de la Médiation (Niger, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad, Nigeria, France, Etats-Unis d’Amérique, ONU-MINUSMA, UA-MISAHEL, CEDEAO, UE, OCI), a appris l’APS auprès du ministère des Affaires étrangères.
Les représentants des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Russie, Royaume Uni) ainsi que du Canada, actuellement chef de file des Partenaires techniques et financiers du Mali (PTF), ont également été conviés à participer en tant qu’invités, comme le prévoit l’Accord, selon la même source.
« Au-delà de la constance du rôle actif de notre pays sur le dossier malien en tant que pays voisin, chef de file de la Médiation et président du Comité de suivi de l’Accord, cette nouvelle série de consultations devrait être très utile pour la mise en valeur des acquis du processus de paix engagé dans ce pays et pour leur consolidation », a-t-on souligné de même source.
Un accord laborieux et encore très fragile
Sept mois se sont écoulés, en effet, depuis la signature de l’Accord, soit une période suffisante pour faire le point sur le chemin que les parties signataires ont parcouru ensemble, avec l’accompagnement de la communauté internationale, sur la voie du retour de la paix et de la consolidation de la réconciliation au Mali, a-t-on ajouté.
Cette série de réunions d’Alger sur le Mali intervient au moment où un nouveau représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamat Salah Annadif, prend la direction de la MINUSMA en remplacement de Mongi Hamdi et à la veille de la tenue du sommet de l’Union africaine.
L’accord de paix et de réconciliation au Mali signé en deux étapes, en mai et juin 2015, par le gouvernement et les groupes politico-militaires du nord du Mali, avait été obtenu après cinq rounds de dialogue, engagé en juillet 2014 sous la conduite de la médiation internationale, dont l’Algérie est le chef de file.
Il est destiné à mettre fin à une longue période de turbulences qu’a connu ce pays frère et voisin, et qui a débuté avec le déclenchement, le 7 janvier 2012, des opérations militaires contre les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA).
La riposte a été fulgurante avec le renversement par des militaires maliens du régime du président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012 accusé d’incompétence dans la lutte contre la rébellion touarègue et les groupes islamistes dans le Nord.
Les Touaregs ne sont pas en reste puisqu’ils proclament le 6 avril 2012 la déclaration de l’indépendance de l’Azawad, territoire dans le nord du pays, avec le soutien du groupe islamiste Ansar Dine. Les villes importantes de Kidal, Gao et Tombouctou passent aux mains des rebelles.
Le 28 juin 2012, la situation se corse avec le départ de Tombouctou des rebelles touaregs du MNLA. Les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) prennent le contrôle total de Gao après en avoir chassé les indépendantistes touaregs. A partir du 11 juillet 2012, les islamistes ont pris le contrôle de la totalité du nord du pays.
Le 20 décembre 2012, le Conseil de sécurité de l’ONU donne son feu vert dans le cadre de la résolution 2085, autorisant le déploiement par étapes de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali), réclamé par le Mali et approuvé par la Cédéao. Le 11 janvier 2013 débute l’intervention militaire française dans le cadre d’une opération baptisée « Serval ».
Avec le soutien de la France, l’armée malienne lance une contre-offensive de grande envergure. Onde de choc de cette intervention, des terroristes attaquent une installation gazière en Algérie (In Amenas), le 16 janvier 2013, affirmant agir « en réaction à l’ingérence de l’Algérie » qui a autorisé l’aviation française à survoler son territoire.
Les forces algériennes mènent l’assaut. Bilan : 37 otages étrangers morts et 29 terroristes éliminés. Durant toute cette période et en dépit des dégâts collatéraux de l’intervention française, l’Algérie ne s’est jamais départie de son principe sacro-saint de la recherche des solutions par la voie pacifique.
Un long processus de recherche de la paix au Mali par la voie diplomatique s’en est suivi et durera jusqu’à mai 2015 et le début de signature de l’accord de paix et de réconciliation au Mali.