Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), auquel l’ex-ministre des Travaux publics et député Amar Ghoul a fait ses adieux formels en fin de semaine, persiste dans sa velléité à faire l’apprentissage de l’opposition, quoi que cela lui en coûte. Tout en dénonçant l’inertie gouvernementale actuelle, Aboudjerra Soltani, le président du parti, a appelé hier vendredi à la dissolution de l’APN.
Devant une salle où le kamis était de rigueur — la non-mixité aussi —, Aboudjerra Soltani, moins anecdotique que de coutume, s’est visiblement troublé par la fugue d’Amar Ghoul, livré rhétorique qui rompt brutalement avec la formule alambiquée que d’aucuns lui connaissaient. Toute bonne humeur contenue, l’air de se plaire dans sa conversion en opposant, Soltani a décoché sans emphase particulière les revendications de son parti : d’abord la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN), avant que n’intervienne la révision constitutionnelle, puis procéder à de nouvelles élections législatives après la promulgation de la nouvelle Constitution. Dans la conception du président du MSP, la révision constitutionnelle devra se faire par voie référendaire et que le projet de texte constitutionnel devra être élaboré par une commission mise sur pied à cet effet. Aboudjerra Soltani a réclamé également l’institution d’une commission neutre pour organiser les élections législatives. Mais le souci de Soltani n’est pas que parlementaire. Il embrasse aussi l’exécutif. Soltani, qui a dénoncé l’inertie dans laquelle le gouvernement s’est retrouvé après les législatives du 10 mai dernier, a plaidé la nomination d’un gouvernement d’union nationale sur une base élargie. Il s’est retenu cependant de faire noter la position de son parti par rapport à un tel gouvernement. S’il fait la réclamation, il pourrait désirer y figurer. Or, le conseil consultatif du parti a recommandé lors de sa précédente session de ne pas intégrer le prochain gouvernement.
Le départ de Ghoul regretté
Le président du MSP n’a pas souffert in petto le départ désormais formalisé d’Amar Ghoul. Il a tenu à commenter cette défection, de loin la plus ressentie dans les rangs du parti. Soltani, qui aurait tout tenté pour s’éviter une telle épreuve, lui qui a déjà raté de tracter le parti vers le haut, a travaillé à rejeter tout le tort sur Ghoul, coupable, à ses yeux, d’indiscipline et de manquement aux recommandations du Madjliss Echoura. Une instance du parti devant laquelle il a eu ce commentaire : «C’est le Madjlis Echoura qui a décidé de quitter l’Alliance présidentielle. C’est également lui qui a décidé de ne pas faire partie du prochain gouvernement. Cela a déplu à certains qui ont choisi d’emprunter une autre voie. Que celui qui a choisi une autre voie assume seul la responsabilité politique, historique et éthique de sa décision. Le MSP, ce sont des institutions et le parti est au-dessous des personnes.» Pour Aboudjerra Soltani, qui a affirmé regretter que «certains aient choisi d’autres voies», le dossier Ghoul est désormais clos. «La page est tournée», a-t-il dit. Moins tranchant que Soltani, le président du Madjlis Echoura du MSP, Abderrahmane Saïdi, s’est retenu, comme attendu, d’accabler Ghoul. A la démission de ce dernier, il n’a fait qu’une vague allusion. «Nous regrettons le départ de chaque militant, même à la base», a-t-il soutenu comme pour ne pas surdimensionner la défection d’Amar Ghoul. D’ailleurs, il a évité de parler de crise au sein du MSP. «Ce n’est pas une crise mais juste une étape difficile à laquelle nous remédierons», a-t-il tenté de rassurer, concluant sur une note d’espoir : «On garde espoir que celui qui nous a quittés revienne !»
S. A. I.