« Il n’y aura pas d’échec à Alger », a annoncé le ministre de l’énergie et des mines, Noureddine Boutarfa. Une déclaration sans risque pour une réunion « informelle » de l’OPEP qui se tient en marge du Forum International de l’énergie. L’OPEP ne tenant pas une réunion « officielle », il n’y aura pas d’échec à annoncer.
On reste dans le formalisme le plus plat, comme si le ministre cherchait à préparer les marchés – car ce sont eux qui comptent – à l’absence d’un accord sur le gel de la production. Tout en se ménageant la possibilité d’un succès en évoquant la possibilité – extrêmement mince car synonyme d’un accord réalisé durant les tractations – de la transformation de la réunion informelle en session extraordinaire de l’OPEP.
L’absence d’un accord aura, sans aucun doute, un impact négatif sur les marchés qui s’y préparent d’ailleurs. Dans le monde des experts, ils sont rares ceux qui prédisent un accord à Alger. Sur 23 analystes interrogés par Bloomberg seuls deux évoquaient la possibilité d’un accord à Alger.
Scepticisme
La raison du scepticisme a un nom principal, l’Arabie saoudite et un autre, plus accessoire, celui de l’Iran. Les Saoudiens viennent à Alger en affichant une « ouverture d’esprit » sur une éventuelle baisse de la production entre 700.000 et 1 million de baril/jour.
Mais l’ouverture des Saoudiens ne devrait cependant pas aller à l’encontre de ce qu’ils disent depuis des mois et des mois : la priorité est de défendre les parts de marché de l’OPEP car, selon eux, la réduction de la production sera immédiatement compensée par les pays Non OPEP, la Russie et les Etats-Unis notamment.
En attendant, les vannes n’ont jamais été aussi ouvertes en Arabie saoudite, la production saoudienne a atteint un record absolu de 10,6 millions de barils/jours. Sa disponibilité, relative, est sans doute liée au fait que Ryad diminue sa production habituellement en hiver.
La Russie, pays non membre de l’OPEP, présente au Forum de l’énergie à Alger, bat, elle aussi, tous les records de production avec 11 millions de barils/jour. Sa disponibilité à un gel de sa production serait aussi liée à la baisse de rendement de certains de ses champs pétroliers.
L’Arabie saoudite serait prête à jouer la partition du gel si l’Iran, grand « ennemi » accepte de se contenter de sa production actuelle de 3,6 millions de baril/jour alors qu’il demande de revenir à 4 millions baril/jour qu’il dit avoir atteint avant les sanctions occidentales.
« Même si l’Iran ne peut pas atteindre rapidement une capacité de production de 4 millions baril/jour, il se bat pour obtenir ce chiffre dans une perspective d’avenir dans laquelle il faudra prévoir le retour de la production de la Libye » observe un spécialiste britannique rencontré hier à Alger. « L’Iran a traditionnellement le même quota que l’Irak et il veut revenir à cette parité » ajoute-t-il.
On se retrouve avec la même situation qui a abouti à l’échec de Doha : L’Arabie saoudite est disponible à baisser un peu de sa production si l’Iran accepte de geler sa production (en fait d’exiger de revenir à 4 millions de baril/jour).
Même si objectivement les pays producteurs (y compris hors OPEP) ne rentrent pas dans leurs frais, la méfiance reste de rigueur entre Ryad et Téhéran, ce qui constitue un grand obstacle.
Tout dépendra en définitive de ce « couple » Ryad-Téhéran. Mais il est peu probable qu’Alger donne lieu à des décisions. L’Arabie saoudite ne voit dans la rencontre d’Alger qu’une « consultation » permettant de préparer un accord éventuel en novembre à Vienne lors de la prochaine réunion de l’OPEP.
Le chemin a un accord sur la production passe par une « flexibilité » plus grande à l’égard des demandes iraniennes, estime le Financial Times. Moscou qui a accepté de travailler avec Ryad pour stabiliser le marché estime que la position de l’Iran est « compréhensible » car ses exportations ont chuté sous l’effet des sanctions, ajoute le journal.
Mais l’Arabie saoudite qui est en « guerre » avec l’Iran sur le théâtre syrien et au Yémen va-t-elle subitement devenir plus « flexible »?