Réunion de l’alliance au siège du RND: Les seconds couteaux à la manœuvre

Réunion de l’alliance au siège du RND: Les seconds couteaux à la manœuvre

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La réunion d’hier a ignoré totalement la proposition de TAJ. Cela sonne comme une réponse du berger à la bergère qui signifie «on passe l’éponge sur ce faux pas».

L’instance de coordination des partis de l’Alliance présidentielle, qui regroupe le FLN, le RND, le TAJ et le MPA, a tenu, hier, sa deuxième réunion. Encore une, sans les leaders des partis politiques, sans un programme clair ni des actions bien définies. Créée en début du mois de novembre dernier, la «coordination de soutien à M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République», telle que dénommée par ses initiateurs, se voulait un cadre «pour travailler ensemble à l’élaboration d’un programme d’action unifié en prévision de la prochaine présidentielle». Elle s’est suffi, hier d’appuyer le dernier message du chef de l’Etat adressé lors de la réunion gouvernement-walis. Elle a alors dénoncé les «manoeuvres politiques qui veulent déstabiliser le pays» et affirmé être prête à étudier toutes les initiatives dont le but est «l’approfondissement des réformes politiques».

Pourquoi n’a-t-elle donc pas débattu de la proposition faite, il y a quelques jours, par l’un de ses membres, en l’occurrence Amar Ghoul? Si c’est le cas, le communiqué qui a sanctionné la réunion n’en a pas fait état. C’est peut-être pour éluder cette question que les «seconds couteaux» ont été désignés pour la tenue de cette réunion. Amar Ghoul, faut-il le rappeler, a appelé, mercredi dernier, à une conférence avant la présidentielle d’avril afin de dégager «un consensus national» pour faire face à «la situation compliquée du pays». Le président du parti Tajamoue Amal El Djazaïr a expliqué que c’est là un moyen pour l’Algérie «de remédier aux lacunes et écarter les différentes menaces». Si les menaces ont toujours trouvé une explication avec «la main étrangère», de quelles lacunes parle Amar Ghoul? Et quelle situation compliquée? Surtout à un moment où ses «alliés» ne cessent d’évoquer les pas géants réalisés par l’Algérie durant les deux dernières décennies et la sagesse du chef de l’Etat qui a réussi à mener à bon port le pays malgré la crise financière mondiale. Ce faux pas du président de TAJ a été interprété, par de nombreux observateurs, comme un appel au report du scrutin présidentiel. Comment Amar Ghoul peut-il emboîter le pas à Makri du MSP sachant pertinemment que ce dernier a reçu une fin de non-recevoir de l’ensemble des partis de l’Alliance dont sa propre formation politique. Amar Ghoul a-t-il changé de position ou s’est-il juste mal fait comprendre? Quel que soit le cas, il doit des explications à ses alliés. Car un parti qui soutient la continuité ne peut appeler au report de l’élection présidentielle.

Cela revient à ôter à l’Algérie son cachet de pays démocratique. Cela revient aussi à fouler aux pieds la Constitution alors que le président de la République a toujours veillé au respect de la Loi fondamentale et à la défense de la démocratie avec le renforcement des droits de l’opposition et le respect du calendrier électoral. En lançant son initiative, Amar Ghoul a-t-il fait cavalier seul? Tout porte à le croire puisque le président de TAJ avait, en plus de l’Alliance, une nouvelle instance pour consulter ses alliés. La coordination, fraîchement créée, pouvait constituer l’organe idoine pour débattre de l’idée, «intrigante», il faut le reconnaître, de Amar Ghoul. Intrigante car peut-on appeler à une conférence nationale à quatre mois de l’élection présidentielle sans retarder cette échéance? Cela remet en cause la solidité des institutions de l’Etat. L’ancien ministre des Travaux publics a-t-il voulu faire un coup d’éclat ou s’inscrit-il dans l’option de son géniteur le MSP? La question est légitime si l’on rappelle que TAJ est né «de la côte» du MSP.

La réunion d’hier a ignoré totalement la proposition de TAJ. Cela sonne comme une réponse du berger à la bergère qui signifie «on passe l’éponge sur ce faux pas», mais il faut comprendre que seule la coordination et par la voix de ses deux puissants partis, à savoir le FLN et le RND, est habilitée à se prononcer sur une question aussi importante. Et qu’il s’agisse d’organiser une conférence nationale, d’aboutir à un consensus, de réviser la Constitution ou bien de poursuivre sereinement la marche vers la prochaine échéance électorale, la décision doit impérativement être algérienne. Elle doit être une solution viable, crédible, légale et acceptée par tous.