Dimanche, s’ouvre à Doha au Qatar la réunion des pays producteurs de pétrole. Opep et hors Opep vont tenter de revigorer le marché en gelant la production au niveau de janvier. Est-ce pour autant la solution ?
Exception faite de l’Iran, il est attendu qu’une quinzaine de producteurs prennent la décision ce dimanche de geler la production au niveau de janvier afin de geler les stocks mondiaux. La présence de la Russie et de l’Arabie Saoudite dans cette rencontre, tous deux signataires en février dernier de l’accord de gel de la production, pourrait inciter les autres à les rejoindre pour un accord plus large. Si pour l’instant, les marchés ont été sensibles à la décision faisant gagner au baril quelques cents, la solution de redresser les cours reste introuvable. Le facteur refus de l’Iran d’adhérer à l’initiative conjugué aux surplus mis sur le marché n’est pas pour rassurer quant à un quelconque redressement des prix au delà de 50 dollars le baril. Sauf réduction du plafond de production, rien n’est sûr affirme l’Agence Internationale de l’Energie relayé par les analystes avertis. Cette alternative qui s’impose aux producteurs du cartel ne serait-ce que soutenir les cours autour d’un prix décent s’apparente à un pansement mis sur une plaie purulente.
L’accord souhaité aura un impact limité sur l’offre mondiale et les marchés ne devraient pas retrouver leur équilibre avant 2017, estime l’Agence internationale de l’Energie (AIE). Dans son rapport mensuel publié hier, se réfère particulièrement à l’augmentation continue de la production qui ne rencontre pas en face une consommation conséquente.
De 115 dollars à 27 dollars la chute des cours a été brutale et un accord aussi historique que celui de ramener du même coté de la barrière les producteurs Opep et hors Opep ne semble pas trop peser sur un marché en proie à des turbulences qui dépassent le seul cadre technique.

Déjà que les principaux initiateurs de la rencontre à savoir l’Arabie saoudite et la Russie produisent à des rythmes record. L’Opep a extrait 32,25 millions de barils par jour en mars, et la Russie 10,9 Mb/j, à cela, s’ajoutent les stocks record constitués l’année dernière, évalués par l’Aie à plus de 3 milliards de barils, en raison de la surabondance de l’offre. « L’AIE s’attend, comme en mars, à ce que les stocks augmentent de 1,5 million de barils par jour au premier semestre, puis de 0,2 million B/j au second.
Teheran-Ryad : facteurs bloquants
Et puis, il y’a la donne Iran. L’intransigeance de Téhéran à refuser de se mettre à la même table que son ennemi juré l’Arabie saoudite n’est pas pour prêter à optimisme. Animé d’esprit de revanche suites a la levée des sanctions, Téhéran, quatrième réserves mondiales multiplie la cadence de sa production. Ses exportations qui ne dépassaient pas le million de barils jour en décembre 2015, sont passées à plus de 2 millions et rien que l’idée du gel est qualifiée de « plaisanterie ».
L’impasse est totale. D’un coté l’Iran œuvre à rattraper le temps perdu (durant la période des sanctions) et l’Arabie saoudite qui, par tous les moyens déploie tous les moyens à préserver ses parts de marché en ciblant les gros consommateurs comme l’Inde et la Chine « Gel ou pas gel, il y a toujours abondance de pétrole », soulevaient bien des analystes.
Même en cas d’accord, rien n’est joué d’avance, la situation économique interne des pays producteurs étant malmenée par la chute drastique des cours est aussi un facteur en ligne de compte quant à une quelconque volonté de sa défaire d’une partie de la production. A Doha, les producteurs exportateurs arabes seront les premiers à être plus persuasifs. Pour cause : lourds déficits budgétaires et risques imminent d’endettement pèsent sur leurs économies. Les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont besoin d’emprunter entre 250 et 342 milliards d’euros d’ici 2020 pour financer leurs déficits budgétaires. Selon le rapport du Kuwait Financial Centre (Markaz) l’Arabie saoudite a, elle seule emprunté 26 milliards de dollars (22,8 milliards d’euros) et dépensé quelque 100 milliards de dollars (88 milliards d’euros) sur ses réserves qui étaient de 732 milliards de dollars fin 2014, selon le centre koweïtien. Quant à s’interdire de mettre plus de pétrole sur le marché ce n’est tout s’simplement pas envisageable.
Ceci, en cas d’accord mais en cas d’échec à Doha, la chute serait brutale, s’accordent à dire les analystes. Le prix du baril pourrait toucher le fond du moins jusqu’à ce que le marché réagisse à la réunion de l’OPEP de juin prochain.