L’achèvement en 2011 de l’autoroute Est-Ouest, dont le premier ’’coup de pioche’’ a été donné au milieu des années 1980, représente pour les pionniers de ce mégaprojet, le début d’une nouvelle épopée : celles des grandes liaisons autoroutières maghrébines, et africaines.
Relancée en 2007, ce projet d’autoroute, réalisée à plus de 96% et dont l’idée est née il y a plus de 40 ans, n’a été mis en chantier qu’après la résolution du problème de financement, qui se posait avec acuité entre 1980 et 1990, une période de grandes difficultés économiques en Algérie. Mais, cela n’a pas empêché l’entame, dès la fin des années 1980, de quelques tronçons notamment les évitements d’Alger, de Blida, de Bouira et de Constantine (400 km environ), parallèlement à l’exécution des études techniques de toute l’infrastructure (1.216 km) qui ont été achevées en 1994.
C’est suite à une décision du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika en 2005, que l’autoroute Est-Ouest a été effectivement relancée et déclarée projet structurant à la dimension nationale, et partie intégrante de l’autoroute Transmaghrebine (7.000 km) et de la Transsaharienne Alger-Lagos (9 000 km). Elle a été conçue pour promouvoir les échanges économiques, et faciliter les déplacements des personnes et des marchandises sur l’axe de l’autoroute qui s’étend d’El-Tarf à Tlemcen tout en desservant une vingtaine de wilayas les plus touchées par le problème de congestionement du trafic routier. A la suite de la levée des contraintes techniques dans les régions au relief difficile, notamment à l’Est, que la cadence d’exécution de ce projet aux dimensions maghrébines (1.720 km) a été particulièrement accélérée en 2011.
Côté équipements, les tronçons routiers ouverts à la circulation de Tlemcen à Constantine (1.000 km) ne sont pas encore dotés de toutes les commodités de servitude prévues, notamment des aires de repos et des stations services. Sur les 42 stations-services prévues, deux ont été ouverte récemment à Yelel, dans la wilaya de Relizane. Et si ce projet a été confié aux groupements chinois Citic-Crcc et japonais Cojaal pour un coût de 11 milliards de dollars, l’apport des entreprises nationales publiques et privées, a été non négligeable. En effet, une bonne partie des travaux de revêtement de la chaussée et la réalisation des ouvrages d’art a été l’œuvre, entre autres, de l’Entreprise nationale des grands ouvrages d’art (Engoa) et de la Société algérienne des ponts et travaux d’art (Sapta). Les ingénieurs, personnels de maîtrise et ouvriers de ces entreprises, déjà rompus aux techniques de réalisations de mégastructures routières, ont amélioré au cours de la réalisation de cette autoroute leur expérience dans les toutes dernières techniques de réalisation d’ouvrages d’art, dont des ponts et des viaducs aux allures futuristes.
Des hommes et des routes
« L’autoroute Est-Ouest a permis la formation d’un capital de techniciens, de cadres et d’experts en travaux publics évalué à 5.000 ingénieurs », avait affirmé le ministre des Travaux publics M. Amar Ghoul au cours de l’une de ses visites à ce mégachantier national. « Ces ressources humaines sont appelées à contribuer à la concrétisation des projets inscrits dans le plan directeur du secteur des travaux publics notamment la rocade des Hauts-Plateaux (1.300 km) » a-t-il insisté.
L’achèvement total de l’autoroute Est-Ouest, prévu au début de l’année 2012, devra ainsi ouvrir la voie au lancement de plusieurs grands projets routiers qui doivent densifier le réseau routier national à travers de nombreuses wilayas des hauts plateaux et du sud du pays.
Il s’agit, outre la rocade des hauts plateaux qui devra desservir plusieurs wilayas, de la 3eme rocade d’Alger (Tipasa-Bordj Menaiel) sur 125 km, et le dédoublement de trois routes nationales Nord-Sud, dont la RN-1 Alger- El-Menea (870 km), l’un des axes principaux de la Transsaharienne dont le tracé en Algérie est estimé à 3.000 km. Cette autre mégaprojet dont les études techniques sont déjà lancées, devra, une fois réalisé, relier Alger à Lagos, avec un réseau autoroutier très dense devant desservir la Tunisie, le Tchad, le Niger, le Mali et enfin le Nigeria. Dorsale du projet de gazoduc transsaharien Algérie-Nigeria, la réalisation de la transsaharienne sera le prochain défi de l’Algérie dans sa longue bataille pour le développement socio-économique du continent africain.