RÉTRO 2017 : Ils nous ont quittés cette année

RÉTRO 2017 : Ils nous ont quittés cette année

De Hadj Rahim à Blaoui El-Houari, en passant par Dihya Lwiz ou encore Youcef Bouchouchi, l’année 2017, en Algérie, a vu la disparition de plusieurs de ses artistes. Que ce soit dans la sphère cinématographique, littéraire, picturale ou musicale, ces monstres sacrés laisseront, à jamais, leurs empreintes indélébiles. Dans cette rétrospective, Liberté leur rend hommage.

Arezki Rabah, dit  Abou Djamel : (14 mars 1938 -13 janvier 2017) : Homme de théâtre et comédien. Il fait ses débuts dans le monde du spectacle à l’âge de dix ans. En 1950, il intègre la troupe de Mahieddine Bachtarzi et de la radio, avant de rejoindre les rangs du FLN lors de la guerre d’indépendance. Il rejoint par la suite la troupe de Hassan el-Hassani, puis celle du Théâtre national algérien (TNA), où il jouera dans les pièces Hassan terro ou encore ElGhoula. Côté cinéma, il interprète l’inoubliable fils de feue Ouardia dans Hassan taxi (1982), avec le regretté Rouiched, Hassan niya ou encore Taxi el mekhfi.

Hadj Rahim : (1934 -13 janvier 2017), il rejoint la Télévision nationale en 1970, où il offre, pour la première fois aux Algériens durant le mois de ramadan, sa mythique caméra cachée. À la même période, il réalise des œuvres comme Serkadji, avec Omar Guendouz, Mustapha Ayad ou encore Saïd Hilmi, Hikayat ennas, et le légendaire Inspecteur Tahar.

Djaffar Beck : (27 octobre 1928-31 janvier 2017), de son vrai nom Abdelkader Cherrouk, il a fait, tour à tour, acteur, chansonnier et humoriste. Il rejoint les rangs de l’ALN en tant qu’infirmier lors de la guerre de libération, avant d’intégrer, à la fin des années 1950, la troupe du Front de libération nationale (FLN), sous la houlette de Mustapha Kateb. Juste après l’indépendance, il rejoint la Radio nationale où il interprète plusieurs sketchs, notamment El bourokratya (La bureaucratie). Il créera également des émissions à la radio et à la télévision telles que El-bachacha et Minkoum wa ilaikoum. Côté chanson, il était l’auteur de plusieurs titres, entre autres, Ya Djelloul er rock’nroll et Ana mellit.

Moussa Kerbache : (27 mai 2017), natif du village de Tizamourine à Akfadou (Béjaïa), l’artiste aura, durant toute sa vie, participé à l’enrichissement du patrimoine artistique kabyle, avec un legs de plus de cent chansons, dont Ayilis Oukafadou ou encore Asfedh imetawen. Passionné de guitare, l’artiste aura également côtoyé Takfarinas ou encore Boudjemaâ Agraw.

id-Ahmed Zeghiche : (06 mars 1954-10 juin 2017), figure de la chanson chaâbie populaire, Sid-Ahmed Zeghiche consacrera sa vie à cet art en plus du malhoun. Il était aussi connu pour l’interprétation des q’cidate Sidi Lakhdar Benkhelouf, au grand bonheur des Mostaganémois et de tous les Algériens.

Dihya Lwiz : (1985-30 juin 2017), de son vrai nom Louiza Aouzelleg, cette native de la ville de Béjaïa découvre, à un âge avancé, la littérature et la poésie. Avec un premier poème écrit à l’âge de 13 ans, elle poursuit cette voie en publiant ses deux premiers romans en langue arabe en 2012 et 2013, respectivement Un corps en moi (éditions Tira) et Je me projetterai à tes pieds (éditions El-Ikhtilaf). Elle reçoit, en 2016, le prix Mohammed-Dib du roman pour Gar igenni d tmurt.

Mohamed Azerzour : (16 juillet 2017), natif de Seddouk Oufella comme Cheikh Aheddad, Mohamed Azerzour, de son vrai nom Mohand Bouzerzour, était auteur, compositeur et interprète d’expression kabyle. Tout au long d’une carrière de plus de quarante ans, il aura chanté l’amour, comme dans Tamaaytul et l’authenticité. Ce “ciseleur” de mots, don hérité de sa mère poétesse, était aussi enseignant de français et de musique. Un métier grâce auquel il aura formé des générations de passionnés de la chanson et de la langue kabyles.

Blaoui El-Houari : (23 janvier 1926-19 juillet 2017). Fondateur avec Ahmed Wahby du style “Asri”, le natif d’El-Bahia fera ses débuts dans la musique grâce à son père, Mohamed Tzi, joueur de kouitra. À l’adolescence, et sous l’influence de son frère, il s’imprègne de la chanson oranaise jusqu’à décrocher le premier prix dans un radio-crochet. Fort de ce succès, il se lance dans la chanson avec Maurice El-Médioni, en reprenant, avec piano et accordéon, des succès occidentaux. Avec un répertoire de près de cinq-cent chansons, Blaoui El-Houari aura apporté à la chanson oranaise ses lettres de noblesse, et influencé des artistes comme Cheb Mami ou encore Houari Benchenet.

Rachid Zeghimi : (19 juillet 2017). Homme de théâtre, Rachid Zeghimi avait pris part à de nombreuses œuvres à la télévision et au cinéma. Il faisait partie de la troupe du Théâtre régional de Constantine (TRC), avec, entre autres, Hakim Dekkar, Fatima Helilou et Hassan Benzearari. Sa carrière, entamée dans les années 1960, sera jalonnée de nombreux films, comme Rih tour et Mani Mani, plusieurs séries télévisées, comme Aâssab oua aoutar.

Youcef Bouchouchi : (25 novembre 1939-28 juillet 2017). Natif de la ville de Kherrata dans la wilaya de Béjaïa, le jeune Bouchouchi fait son entrée dans le 7e art à l’indépendance, en tant que caméraman, puis journaliste pour la Radiodiffusion-Télévision algérienne (RTA). Il revient à ses premiers amours en s’impliquant dans la réalisation cinématographique, avec la réalisation en 1963 du téléfilm Les hauts lieux de la Révolution, suivi d’El-Hidjra du prophète Mohamed et de Salim et Salima. En 1970, il réalise et produit Pas de blanc à la une ou encore Les retrouvailles. Dans les années 90, il réalise El Mawlid en-nabawi, coutumes et traditions, ainsi que l’émission “Ouled el-houma”. Dans les années 2000, il produit le film La voisine de Ghouti Bendedouche.

Redha Malek : (21 décembre 1931-29 juillet 2017). Homme d’État et chef de gouvernement, Redha Malek fut aussi auteur de nombreux ouvrages historiques, en sa qualité de témoin de premier plan de ce pan de notre histoire, comme Guerre de libération et révolution démocratique : écrits d’hier et d’aujourd’hui  (Casbah Éditions), Tradition et révolution. L’enjeu de la modernité en Algérie et dans l’Islam (Sindbad), ou encore L’Algérie à Évian. Histoire des négociations secrètes (1956-1962) (Anep).

Mahmoud Zemmouri : (2 décembre 1946-4 novembre 2017). Acteur, réalisateur et scénariste au riche parcours, on lui doit des œuvres comme Les folles années du twist (1986), De Hollywood à Tamanrasset (1991), Beur, blanc, rouge (2006), Certifié Hallal (2015), ou encore la série télévisée Imarat Hadj Lakhdar.

Chokri Mesli : (8 novembre 1931-13 novembre 2017). Après son passage à l’École nationale des beaux-arts d’Alger de 1948 à 1953, puis à l’École nationale des beaux-arts de Paris de 1954 à 1960, il effectue un voyage d’études artistiques aux États-Unis. Il organise, en 1953, une exposition réunissant de jeunes artistes algériens. Une dizaine d’années plus tard, il devient membre fondateur de l’Union nationale des arts plastiques (Unap). Puis, en 1969, membre de la commission de préparation du Festival panafricain d’Alger. De 1983 à 1985, il réalise de nombreuses fresques et sculptures à Alger.

Nourredine Saâdi : (10 juillet 1944-14 décembre 2017).Universitaire et écrivain, Nourredine Saâdi fait ses études à Alger où il devient professeur de droit. En 1994, il s’installe dans la ville de Douai en France et enseigne à l’université d’Artois. Il a publié de nombreux romans et essais, notamment La Maison de lumière (Albin Michel), La Nuit des origines (Barzakh) ou encore Martinez : peintre algérien (Casbah).

Yasmine Azzouz