Retrait des documents de l’état-civil, La fin de la bureaucratie ?

Retrait des documents de l’état-civil, La fin de la bureaucratie ?

Aujourd’hui, retirer un quelconque document de l’état civil relève, jusque-là, du parcours du combattant. Pour ne pas dire de l’enfer sur terre.

Enfin, une bonne nouvelle pour le citoyen algérien qui va, sans doute, renouer avec un petit pan de sa citoyenneté. Cette bonne nouvelle qui sera effective dans quatre mois, c’est-à-dire, en mars 2014, va enlever aux usagers de l’état civil une sérieuse épine de leurs pieds passablement aplatis par la bureaucratie.

En tout cas et si l’on doit croire le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz,  » le retrait des documents de l’état civil dans la plus proche commune sera généralisé au plus tard en février ou en mars 2014 « .

Plus concrètement, cela veut dire pour cet usager qu’outre sa commune de naissance, il pourra retirer ses documents dans la commune de son lieu de travail, de voyage ou d’étude… « L’application de la mesure, nous dit-il, a débuté par la création d’un registre national de l’état civil dans six wilayas et elle sera généralisé l’année prochaine « , ajoutant qu’elle « concernera également le retrait du casier judiciaire dans le plus proche tribunal « (sic !!!).

Même les Algériens résidant à l’étranger pourront retirer leurs documents dans le plus proche consulat de leur domicile. Le citoyen Lambda (si tant est qu’il existe en ce moment) pourrait ainsi dire qu’il était temps ! Pour ceux qui l’ignorent, et ils ne sont pas nombreux, à notre avis, retirer un quelconque document de l’état civil relève, jusque-là, du parcours du combattant. Pour ne pas dire de l’enfer sur terre.

A chaque fois qu’il se trouve face à la nécessité impérieuse de s’adresser aux guichets passablement bondés de son APC, l’Algérien ressent d’étranges maux à l’estomac.  » Reviens la semaine prochaine, glisse le billet, il n’y a pas d’imprimés, le chef de service est absent… « , sont parmi les nombreuses joliesses auxquelles il fait face invariablement.

Ces joliesses sont, d’ailleurs, parmi les autres facteurs qui ont contribué à faire des Algériens des hypertendus, des cardiopathes, des ulcérés et des diabétiques… le moindre document, quand bien même ce serait un vulgaire extrait d’acte de naissance, exige des citoyens une patience aux contours de montagnes. Et un stoïcisme de bouddhiste.

Sans doute conscient que la bouteille était pleine et qu’elle risquerait, d’un jour à l’autre, de se transformer en bombe artisanale, le gouvernement a instruit le département de Belaiz d’entamer la mise en oeuvre de ses instructions qui se résument, par exemple, à « déterminer les jours de réception hebdomadaire au niveau des communes et des sièges de wilaya, la nécessité de répondre à toute plainte ou correspondance du citoyen et le retrait dans des délais réduits de certains documents, à l’instar du passeport, de la carte grise et de la carte d’identité « .

Pour les heureux  » citoyens au dessus de tout soupçons  » qui l’ignorent toujours, les délais pour se faire établir un nouveau permis de conduire ou retirer l’ancien, dépassent les six mois,  » faute d’imprimés ».

Mais si vous sortez le billet magique de 2000 dinars, les imprimés surgissent du fond d’un tiroir et les délais peuvent se réduire à une quinzaine de jours. Idem pour les passeports qui font le va-et-vient entre les services de la daïra et ceux du commissariat.

Cela peut aller, parfois, jusqu’à une année. Bref, pour ne pas tirer le diable par la queue, disons que le ministre a réitéré le souci du gouvernement de faciliter les mesures administratives au citoyen et d’améliorer le service public. Mais cela va-t-il suffire pour mettre fin à la dévoreuse bureaucratie ? Wait and see !

R. H.