Retour triomphal de Yahia à Bochum : «Anthar, du bist ein held !»

Retour triomphal de Yahia à Bochum : «Anthar, du bist ein held !»

Anthar, du bist ein held !» Que de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase en cette fin d’après-midi pluvieuse au café Zentral, situé au cœur de Bochum et qui constitue le coin préféré de Anthar Yahia pour prendre un café ! Après l’épopée de Khartoum, le défenseur algérien est rentré vendredi soir à Bochum.

Le lendemain, il s’est déplacé avec son équipe à Hambourg pour le match de dimanche et était rentré tard après la rencontre. C’était donc, lundi après-midi, la réapparition de Yahia à son café préféré où le personnel et les clients l’apprécient au plus haut point. «C’est quoi le held-là dont ils t’affublent ?», lui avons-nous demandé, trop petits dans notre compréhension approximative de la langue de Goethe. «Held veut dit héros en allemand. Ils me disent que je suis un héros», nous explique-t-il non sans rougir un peu.

«Yahia El Djazaïr !»

C’est que c’est vrai : à Bochum, il suffit de dire qu’on est algérien pour qu’on nous lance «Yahia !» Encore un peu et nous leur aurions crié «Yahia El Djazaïr !», histoire de nous réapproprier «notre» héros, mais nous avons vite découvert qu’ils considèrent Anthar comme tel par rapport justement à l’Algérie et à son rôle dans le match contre l’Egypte.

Des Allemands qui supportent l’Algérie, qui l’eut cru ? Eh bien, c’est une vérité vérifiée sur place : Algérie-Egypte a été autant suivi, sinon plus, que le match amical Allemagne-Côte d’Ivoire (2-2). Pas seulement parce qu’il y avait Yahia, Matmour et Ziani qui étaient concernés, mais parce que l’Allemagne, si cruellement injuste envers les Algériens en 1982, se sont mobilisés pour lui inviter une nouvelle injustice après la mascarade du Caire.

Au Zentral, on a vibré pour l’Algérie et pour le chouchou de la ville

Au Zentral, on a suivi le match sur Eurosport, on a vibré pour l’Algérie et on a sauté après le but du chouchou de l’équipe de la ville. Il faut être à Bochum pour mesurer la popularité de Yahia, avant même qu’il y ait ces matches. Seul titulaire indiscutable au sein de l’équipe (c’est son entraîneur qui l’a franchement déclaré à la presse), c’est le seul qui est bien noté même après les défaites, nous a confié un journaliste de Rheinisch Post. Même fatigué à son retour du Soudan, il a été pris dans le groupe à Hambourg, car l’entraîneur comptait surtout sur ses qualités de leader pour encourager ses coéquipiers. Cela a payé puisque Bochum a créé la surprise à Hambourg (0-1).

Bochum se contente de la victoire dans le «derby» contre Zidan

Il n’est point étonnant qu’à son retour au club, et sitôt dans le vestiaire, il fut reçu avec les applaudissements de tous ses coéquipiers. Des coéquipiers qui, après l’agression dont avaient été victimes les Verts, s’étaient relayés pour lui envoyer des messages de soutien. Nous l’avons constaté à la façon avec laquelle ils plaisantent avec lui : ils l’apprécient énormément. Si on ajoute, en plus de ça, que Yahia a remporté le «derby» qui l’opposait à Zidan, joueur du Borussia Dortmund (Bochum et Dortmund sont distantes de 15 kilomètres seulement), le bonheur et la fierté étaient totaux chez les supporters.

«Maintenant, c’est à moi de leur donner de la joie !»

Bochum pourra retrouver son héros vendredi à l’occasion d’un match important contre Cologne à domicile. «Si nous gagnons, nous passerons devant Cologne au classement et sortirons de la zone de relégation», nous a affirmé Yahia. Sa priorité à présent est de vite guérir des petits soucis de santé qui sont apparus avant-hier afin d’être fin prêt pour vendredi. «Le club a été à mes côtés lorsque je m’étais blessé avant le match de l’Egypte, mes coéquipiers et les supporters m’ont soutenu, ils ont applaudi l’Algérie… C’est maintenant à moi de lui procurer de la joie en rejouant et en contribuant à son redressement», martèle-t-il. Non, le héros n’est pas encore fatigué…

F. A-S.