Certaines agences de voyages se sont échangées des pèlerins au cours du parcours menant aux lieux saints. Elles qui ont réduit le pèlerinage à une simple opération commerciale où le pèlerin est une marchandise. Certaines agences ont vendu des visas à d’autres pour les besoins de l’opération Omra.
Comment en est-on arrivé à ce stade de l’arnaque ? En Algérie, ce sont 117 agences de voyages qui se sont plantées. Tous munis d’un agrément qui leur permet d’exercer leurs activités en toute légalité, certaines de ces agences n’hésitent pas, cependant, à utiliser l’arnaque pour s’enrichir sur le dos de nos pèlerins ou bien sûr sur d’autres voyageurs qui partent vers d’autres lieux dans le monde. Certaines ont déjà montré leurs limites et ne peuvent assurer leur mission telle qu’énoncée dans le cahier des charges. Pis, certaines agences de voyages se sont échangées des pèlerins au cours du parcours menant aux lieux saints. Elles qui ont réduit le pèlerinage à une simple opération commerciale où le pèlerin est une marchandise. Certaines agences ont vendu des visas à d’autres pour les besoins de l’opération Omra. D’ailleurs, l’ONHO confirme à son tour l’existence de spéculateurs spécialisés dans la filière du trafic et de l’arnaque des pèlerins à l’approche de la Omra ou du Hadj. Certains spéculateurs dans les wilayas de l’intérieur perçoivent un pourcentage sur le nombre de pèlerins qu’ils arrivent à faire enrôler dans leur stratagème. La marge bénéficiaire peut atteindre 5 000 dinars sur chaque pèlerin. Cette dure réalité est aujourd’hui utilisée par beaucoup d’agences. Lutter contre la spéculation sur ces rituels, reste la vocation de l’ONHO, voire également du gouvernement.
L’ampleur du scandale de la Omra et du Hadj de cette année a poussé l’ONHO à établir un rapport pour le gouvernement. Les abus très graves de la part de certaines agences de voyages ne resteront pas impunis. Désormais, le choix des agences de voyages devra se faire d’une manière rigoureuse pour ne plus permettre aux spéculateurs de réinvestir le créneau censé être sacré.
Il y a également l’image de l’Etat qui est en jeu. Il est grand temps que la discipline et le professionnalisme soient appliqués rigoureusement dans ce domaine à toutes les agences de voyages. De ce point de vue, l’Office est très confiant quant à l’avenir, voire à l’intervention de l’Etat pour mettre un terme à ces agissements maffieux qui nuisent à l’image de tout un pays. Toujours dans ce sillage, le président de l’ONHO a exhorté les pèlerins arnaqués par leurs agences de voyages à les poursuivre en justice. C’est le cas d’un pèlerin qui a déposé plainte contre une agence de voyages qui a usurpé une carte d’un pèlerin et de son épouse, alors qu’elle ne dispose même pas d’un agrément lui permettant d’exercer l’activité d’agence de voyages. Aujourd’hui, 400 pèlerins sont dans la même situation que lui.
La sélection des agences de voyages sera revue
Après la mise en garde du président de l’Office national du Hadj et Omra (ONHO), Berbara Cheikh, lancée à l’encontre de certaines agences de voyages au lendemain du scandale du Hadj, les choses sérieuses ont déjà commencé sur le terrain. En effet, selon une source proche de l’ONHO, le président de cet Office a envoyé un rapport détaillé sur les irrégularités qui ont entaché l’opération du Hadj au Premier ministre Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre tranchera dans les jours qui viennent sur cette affaire, et des mesures seront prochainement prises contre certaines agences de voyages «coupables» de ces dépassements, ajoute notre source généralement bien informée.
Parmi les mesures éventuelles qui seront certainement prises dans quelques jours par Ahmed Ouyahia, c’est bien entendu la fermeture définitive de certaines agences de voyages. Cela dit, une poursuite judiciaire sera également lancée contre ces «professionnels» du métier, toujours selon notre source. L’ONHO a également présenté au Premier ministre le déroulement de l’opération au niveau des lieux saints et le rôle qu’a joué l’Etat algérien par l’intermédiaire de son consul général à Djedda, Salah Attia, qui a su régler le problème de nos pèlerins.
De son côté, le président de l’ONHO est conscient de la tâche que les pouvoirs publics lui ont confiée. Il s’agit pour lui de mieux gérer désormais toute l’opération de la Omra, ouverte bien entendu toute l’année, contrairement à l’opération du Hadj gérée une fois par an. Evidemment, les deux opérations sont très différentes dans la logistique. Elles se distinguent surtout au niveau du transport des postulants pour la Omra ou le Hadj, notamment par les agences de voyages censées assurer la prise en charge des Hadjis et ceux qui font la Omra depuis le départ de leur pays jusqu’à leur retour. Les négligences de certaines agences de voyages à l’encontre des citoyens qui ont fait les dernières Omra et Hadj et qui se sont retrouvés bloqués sur les lieux saints ne seront pas laissées sans avoir des explications et des comptes à régler. Ainsi, après des accusations de Berbara Cheikh contre certaines agences de voyages, cet homme va s’engager dans une «guerre» ouverte contre ces «affairistes». Il s’agit des agences non agréées par l’Etat, elles recourent généralement à des pratiques relevant de la spéculation et de l’arnaque. Elles promettent aux pèlerins une prise en charge excellente en matière d’hébergement dans des hôtels de luxe, le transport, mais en réalité ce n’est que des mensonges versés par les propriétaires de ces agences. A vrai dire, ces promesses n’ont d’autres fins que d’augmenter le coût de la
«prestation». Une fois les pèlerins sur les lieux saints, ils se voient, malheureusement, hébergés dans des hôtels miteux non loin de La Mecque, voire livrés à leur triste sort. Cette malheureuse situation vécue chaque année par nos pèlerins est la conséquence de ces agences qui versent dans la spéculation et le «trabendo» dans le domaine du sacré. Une vraie arnaque, expliquent même les pèlerins. Le plus malheureux dans cette affaire c’est que ces agences n’hésitent pas à arnaquer les pèlerins avant tout, mais aussi dans des lieux saints, alors où est passé la conscience de ces «trabendistes». Ces derniers n’ont même pas peur de leur Créateur ; toutefois, l’argent reste leur seul objectif, peu importe les lieux saints ou la religion.
Par Sofiane Abi