Les agences bancaires n’attendent que la promulgation du décret exécutif à même de définir qui, de l’entreprise ou du produit, sera pris en compte pour l’octroi de ce type de prêt dédié, rappelons-le, exclusivement à la production nationale.
Les banques se préparent sérieusement pour le retour du crédit à la consommation, prévu, en principe, pour le mois d’octobre prochain.
Elles seront fin prêtes pour ce rendez-vous tant attendu par les citoyens.
Sur un plan purement technique, la mise en place de ce produit bancaire ne posera aucun problème pour les institutions financières. “Nous savons faire le crédit à la consommation. Nous sommes organisés pour cela et nous avons les outils pour le mettre en œuvre”, avoue Abderrezak Trabelsi, délégué général de l’Association des banques et établissement financiers (Abef). Ces derniers ont déjà proposé, il y a quelques années, ce type de prêt à leur clientèle avant d’être supprimé par les pouvoirs publics en 2009. L’opération a connu un franc succès auprès des citoyens notamment pour le secteur de l’automobile dont le marché a enregistré un boom sans précédent.
Les banques ont été, par la suite, instruites d’abandonner ce produit et elles ont appliqué à la lettre la décision gouvernementale. Cette fois-ci, l’Exécutif décide de reprendre le crédit à la consommation, mais avec comme seul produit éligible au financement bancaire, celui fabriqué localement.
La production nationale seule est concernée par ce genre de prêt.
Aux responsables du ministère du Commerce, chargé de cette opération, de définir les produits que les consommateurs peuvent acquérir par le biais de ce crédit à la consommation. C’est ce qui sera consacré, d’ailleurs, dans un projet de décret exécutif en étude actuellement au ministère de tutelle. Ce texte fixera les modalités pratiques pour lancer ce prêt. L’institution qui va donner l’habilitation à l’entreprise ou à son produit sera ainsi identifiée.
Le groupe de travail installé au département du commerce chargé d’élaborer ce texte aura donc à trancher sur cette question : est-ce que c’est la société qui sera habilitée pour ce type de financement ou ça sera son produit ? En termes plus clairs, ce crédit à la consommation, dédié exclusivement à la production nationale, sera accordé sur la base de l’entreprise productrice ou son produit. Une institution d’habilitation s’impose “Les banques, sur la base d’une information venant d’une institution d’habilitation, désignée par les pouvoirs publics, vont de ce fait accorder ce crédit à la consommation”, explique M.
Trabelsi. La mise en place du dispositif pour ce type de prêt doit remplir des conditions d’ordre législatif et organisationnel. Étant, jusque-là, interdit conformément à l’article 75 de la loi de finances complémentaire de 2009, un amendement doit être apporté dans le cadre d’une éventuelle LFC pour 2014, ou la LF ordinaire de 2015. Un décret doit être également promulgué en application de l’article 20 de la loi 09-03 sur la protection du consommateur qui définit les conditions d’octroi du crédit à la consommation.
Une chose est certaine, les banques ne rencontreront aucun problème pour reprendre ce produit d’autant plus qu’elles ont déjà exercé cette activité pendant trois ans. Néanmoins, l’existence d’une centrale des risques pour protéger les banques et les établissements financiers est primordiale. Son rôle est indispensable.
“Il n’existe pas de système bancaire sans centrale des risques”, soutient le délégué général de l’Abef. À travers ce décret qui sera promulgué prochainement, l’État fixera le plafond d’endettement pour le consommateur.
Ce seuil peut être arrêté, comme cela a été effectué de par le passé, à 30%. Le niveau d’endettement du demandeur de crédit à la consommation ne doit pas dépasser, donc, les 30% de son salaire mensuel. Les 70% restants doivent servir à la nourriture de la famille, la scolarité des enfants, les différentes factures… Ce qui est appelé par les banquiers “appréciation” des capacités de remboursement du client.
La Banque d’Algérie (BA), chef de file des différents intervenants, compte créer l’environnement adéquat pour une meilleure concrétisation du projet. La Banque centrale use de ses prérogatives pour veiller à la sécurité, financière s’entend, des particuliers et celle des banques, appelées à octroyer ce type de prêts. La BA vient de lancer, dans ce cadre, un appel d’offres pour la modernisation de sa Centrale des risques. En dépit des précautions prises dans l’octroi de crédit, des situations d’impayés ou de non remboursement sont apparues.
Le taux de “casse”, terme usité dans le jargon des financiers, ne dépassait pas les 3% dans ce type de prêts, estime. M Trabelsi. La mesure de suspension du crédit à la consommation, en 2009, a été prise car l’on se rendait compte que ce prêt est octroyé à 95% pour le véhicule.
Or, l’industrie algérienne ne fabriquait pas de voitures à cette époque. Cet avantage inouïe a boosté les ventes des concessionnaires automobiles implantés en Algérie, pendant trois longues années. Conséquence : l’Algérie utilisait ses propres ressources financières pour relancer les économies des autres pays qui lui vendent leurs véhicules. Échaudés par ce constat, les pouvoirs publics ont procédé immédiatement à la suspension de ce crédit, mais qui, toutefois, sera accordé pour l’achat des voitures qui sortiront de l’usine Renault d’Oued Tlélat, à Oran.
B K