Retour du commerce de la friperie, Joie des uns, déception des autres

Retour du commerce de la friperie, Joie des uns, déception des autres

Interdit en 2009, le commerce de la friperie revient à la faveur de l’amendement introduit par les députés de l’APN à la loi de finances complémentaire pour 2011. D’après des estimations de la Douane, l’importation de la friperie est revenue en 2009, soit avant l’interdiction, à 13 millions de dollars. Le textile, un secteur réputé en mauvaise santé, crie déjà au scandale.

Hier, un représentant du monde de l’entreprise a dénoncé sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale cette mesure qui selon lui «va ruiner la production nationale». Mais de leur côté, les faibles bourses jubilent. Face à la chute du pouvoir d’achat, les Algériens lambda trouvent là, un moyen de s’offrir des habits à moindre frais. Ce sont les familles nombreuses surtout qui trouvent leur compte, avec le niveau des salaires actuels, il est impossible font-elle observer de maintenir en l’état le trousseau des uns et des autres.

On parle de pression des lobbies des habits usagers sur les députés. Mais à vrai dire rares sont les personnes qui savent que le commerce de la friperie a été interdit puisqu’on a continué au vu et au su de tout le monde à l’exercer, les magasins n’ayant du reste pas fermé. Ce qui a changé c’est que la procédure d’importation était sortie du circuit légal pour être reprise par celui du marché noir. L’interdiction a eu pour effet, relèvent des spécialistes de cantonner les importations à la frontière algéro-tunisienne, devenue de la sorte le principal transit de la fripe. En tout état de cause, l’APN a infligé un véritable camouflet à l’UGTA qui lors de la tripartie spéciale «économie» de fin mai dernier, avait préconisé au titre de la sauvegarde de l’économie nationale, l’arrêt de l’importation de la friperie. L’UGTA avait même fait figurer cette revendication parmi ses quatorze propositions visant à promouvoir et à protéger l’économie nationale. Pour certains observateurs, les députés ont trouvé dans le fait que l’interdiction n’ait pas entraîné l’arrêt attendu sur l’importation de la friperie un justificatif commode pour la «légaliser». Ils auraient pu soulignent-ils, faire des propositions de loi visant la relance du crédit à la consommation tablant sur la production nationale. Or, les élus ont préféré ne plus faire de pari sur le secteur du textile national qui à leurs yeux est en train de s’en aller à vau-l’eau. Pour autant une simple tournée dans les magasins du prêt-à-porter de la capitale, révèle que ce sont les habits importés qui dominent les rayonnages. Quand votre attention est attirée par un beau blue-jean ou un superbe tee-shirt, et que vous êtes admiratif devant un travail bien fini, vous ne seriez pas tenté de chercher à voir la petite étiquette qui indique la provenance du vêtement. Et pourtant lorsque arrivé chez vous, vous décidez d’y jeter un coup d’œil, vous allez trouver que votre bijou provient de la Tunisie voisine, de la Turquie ou de la Chine. Bien sûr l’importation via le marché informel n’a pas qu’un seul inconvénient. Outre qu’elle pénalise le recouvrement des droits douaniers, elle fait encourir un risque certain sur la santé publique car nul ne peut garantir que les vêtements ainsi écoulés chez nous sont indemnes de toute bactérie. Le reversement de l’importation dans le circuit formel présente l’avantage de soumettre la marchandise aux différentes procédures de certification attestant de la non-contamination des produits par quelque maladie que ce soit.

Par : LARBI GRAÏNE