Retour des Islamistes soutenus par l’occident,Au coeur du malaise algérien

Retour des Islamistes soutenus par l’occident,Au coeur du malaise algérien

La mode est à l’islamisme «light».

Maintenant que les Américains sont disposés à composer avec l’islamisme «light», M. Belkhadem jubile, il estime que l’heure a sonné…

Depuis le début de la transition dans les pays arabes, la tendance islamiste se manifeste de plus en plus. Absents, par tactique, aux moments forts des révoltes, les islamistes bombent à présent le torse en Egypte et en Tunisie. Des salafistes ont voulu empêcher un spectacle programmé au théâtre de Tunis, et les frères musulmans ont publiquement revendiqué un Etat islamique dans une exhibition à la place Etahrir au Caire. A Alger, la mouvance islamiste réduite au silence et confinée dans le commerce informel, frémit à la faveur des promesses de réformes annoncées par le président Bouteflika. Dans son discours prononcé le 15 avril dernier, le chef de l’Etat a annoncé un canevas de réformes qui devait toucher la loi fondamentale du pays, la loi sur la presse, la loi électorale et la loi sur les partis politiques. Cette dernière est censée remodeler de fond en comble un paysage politique figé depuis 20 ans, ouvre une brèche aux islamistes algériens qui ont multiplié les sorties médiatiques ces dernières semaines. Des sorties curieusement ponctuées d’une recrudescence d’actes terroristes, particulièrement en Kabylie. Ces démonstrations de force donnent un avant-goût de la sauce à laquelle seront mangées les révoltes arabes. Discrédités, sous la pression de la rue et des chancelleries occidentales, les dirigeants arabes n’ont d’autre choix que d’ouvrir le champ politique et d’organiser des élections libres. Il est à craindre que ces mêmes islamistes raflent la mise. Pour le cas de l’Algérie il y a au moins deux raisons de le croire. La première est que de l’avis des politologues et sociologiques, l’islamisme a gagné la majorité de la société algérienne. Certes, on n’est plus dans le même schéma extrémiste de la fin des années 1980 mais dans un modèle qui a «mûri». La seconde raison tient aux Occidentaux, notamment aux Américains. Ces derniers ne veulent plus que leur Boys meurent dans d’autres pays pour des causes perdues d’avance. Convaincus que la majorité silencieuse dans les pays arabes est de tendance islamiste, «pourquoi alors ne pas laisser cette tendance s’exprimer».

Dans un rapport détaillé établi en 2010 par la Brookings Institution, un influent think tank américain, il a été explicitement suggéré à l’administration Obama de «soutenir les islamistes et de leur donner un coup de pouce dans les pays», car c’est la tendance lourde au sein des société arabes. Le rapport soulignait avec insistance que «l’islamisme politique dans les années à venir aura des répercussions lointaines sur la politique et la sécurité des Etats arabes». Le même rapport a relevé que «durant ces 20 dernières années ils ont passé leur temps à se structurer et à gagner la sympathie des populations», «ils ont renoncé au rêve d’instaurer un Etat islamique et ont de plus en plus recours à l’opération électorale en utilisant de façon rationnelle le parlement pour affaiblir l’emprise des gouvernements sur la vie publique». C’est cette direction que semble priviléger l’administration Obama. «Les progrès accomplis par la Turquie au cours des dernières décennies sur le plan tant de la démocratie que de l’économie sont «remarquables», et le pays peut servir d’exemple à ses voisins du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui sont eux-mêmes en train d’adopter des réformes», a déclaré le 16 juillet dernier, la secrétaire d’État, Hillary Clinton lors de son voyage en Turquie. La démocratie turque «est un modèle de par ses origines et sa situation», a poursuivi Mme Clinton. «Il me semble que la région, et les peuples du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en particulier, cherchent à tirer les enseignements de l’expérience de la Turquie» a conseillé Mme Clinton. La formule donc est à l’islamisme «light», inoffensif pour les intérêts occidentaux et qui reflètent peu ou prou la volonté populaire et tout le monde sera gagnant. Quelle belle opportunité pour l’actuel secrétaire général du FLN qui surfe sur cette vague qui le berce malgré les dénonciations sans répit du mouvement de redressement! Abdelaziz Belkhadem est tout, sauf un rêveur. Pour la première fois depuis 1999, la situation n’a jamais été aussi propice pour caresser un destin présidentiel. Il ne s’en cache plus. Il le revendique même. «Tout homme politique est en droit d’avoir des ambitions présidentielles», a-t-il répondu en direct à la télévision à un journaliste qui voulait savoir s’il avait l’intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2014. Maintenant que les Américains sont disposés à composer avec l’islamisme «light», l’ambition de M. Belkhadem s’est renforcée et il semble conforté ne son projet de conquête de la magistrature suprême est possible et effectivement réalisable. De 2000 à 2008, l’époque du tout-sécuritaire américain, il n’aurait jamais eu cette ambition. L’écueil de la communauté internationale étant evacué, reste à trouver maintenant la meilleure manière de vendre cette candidature au plan national. Il s’est d’abord taillé…sa «barbe-FLN», lui qui n’a jamais caché sa proximité avec les milieux islamistes. L’ancien émir de l’AIS, Madani Mezrag, se rendait au siège du FLN à Hydra comme dans un moulin. Kertali qui a été victime d’une bombe, a eu l’honneur d’une visite inattendue du secrétaire général du FLN et a rencontré El Hachemi Sahnouni il y a deux mois pour évoquer avec lui la question de prisonniers politiques.

Pour ficeler tout cela, il fallait aller de l’avant et agiter le spectre du retour du FIS dissous. Après tout vaut mieux un islamiste docile qu’un extrémiste de l’ex-FIS dissous. Quelle machiavélique suggestion!