Retour des combattants de Daesh: Une bombe à retardement

Retour des combattants de Daesh: Une bombe à retardement

En 2014 Daesh comptait plus de 70.000 terroristes composés de Tunisiens, Saoudiens, Marocains et Européens.

Chassé en Syrie, anéanti en Irak, Daesh, cette organisation terroriste multinationale, continue de se retrancher dans des pays au contexte tendu sur le plan politique et sécuritaire. Comptant des centaines de milliers de mercenaires de différentes nationalités aussi bien des pays arabes qu’occidentaux, l’Etat islamique revient vers la Libye, le Mali, le Niger, mais compte aussi des centaines d’éléments qui reviennent vers l’Europe, en France, en Belgique et en Allemagne.

Une vraie bombe à retardement qui menace le monde d’où cette réaction de l’UE qui vient d’exprimer son souhait de solliciter l’aide de l’Algérie. En effet, le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme Gilles de Kerchove, vient de formuler cette sollicitude en soulignant que «les gouvernements des pays membres de l’Union européenne, coordonnent leur action avec les Etats nord-africains, notamment l’Algérie».

Par cette démarche, l’UE compte bénéficier de l’expérience de l’Algérie pour mettre en place a-t-on souligné «des mécanismes de prévention contre le phénomène de recrutement des jeunes». Dans ce contexte Gilles de Kerchove a indiqué, dans de nombreuses circonstances, qu’ «une cellule de coordination des efforts pour la siégera prochainement à Bruxelles», ajoutant que celle-ci est «composée d’experts ayant la qualité de conseillers, qui veillera, en collaboration avec des partenaires nord-africains, à prémunir la population jeune au sein de l’UE, du phénomène de radicalisation à travers les réseaux sociaux».

L’Union européenne estime que «la parfaite maîtrise du langage et des codes utilisés par ces groupes, fait des services de renseignements dans le nord de l’Afrique, surtout l’Algérie, de précieux alliés pour lutter contre la propagande de Daesh qui continue à prospérer malgré le revers essuyé sur le terrain». Le site Algérie Focus rapporte à ce propos, citant plusieurs sources, que «c’est le gouvernement français qui aurait proposé d’inviter les partenaires nord-africains, notamment l’Algérie, pour intégrer cette équipe. La partie française aurait salué, lors de réunions tenues par cette coordination, les résultats impressionnants obtenus par l’Algérie qui a pu démanteler, en un temps record, des réseaux complexes de recrutement et de radicalisation». Gilles de Kerchove souligne encore qu’ «il faut se préoccuper du terrorisme low cost, tout en gardant à l’oeil l’évolution des organisations terroristes dominantes».

Pour lui une union entre Daseh et Al Qaïda est fort possible d’où le développement d’une stratégie de prévention.

Il propose donc l’installation d’une cellule au niveau de la capitale européenne qui sera composée d’au moins six personnes. Ces dernières auront comme charge l’identification des supports de communication utilisés par ces organisations terroristes ainsi que la manière avec laquelle est diffusée la propagande terroriste. 15.000 recrues étrangères, dont 3000 venues d’Europe au sein de Daesh. Un chiffre qui n’est pas exhaustif puisque de son côté l’Irak qui combat cette organisation avance des chiffres plus importants, mais confirme les 3000 venus d’Europe. En 2014 Daesh comptait plus de 70.000 terroristes composés de Tunisiens, Saoudiens, Marocains et d’Européens surtout. Ce chiffre a été revu à la baisse depuis.

Rien qu’en Irak, Hakem Al Zamali chargé de la sécurité parlementaire abordant le sujet sur la chaîne de télévision Al Mayadeen souligne qu’en plus des 3000 Européens, il existe 4000 prisonniers des pays arabes et Daesh compte au moins 6000 Tunisiens en Irak. Ces chiffres ont été révélés après la grande bataille de Mossoul. L’on note selon le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel que cinq Algériens seulement sont dans les prisons de l’Irak. Ce qui suppose que les jeunes Algériens ont complètement tourné le dos aux groupes terroristes. L’Algérie a vécu une période traumatisante qui a marqué l’histoire lors des années 1980 quand des jeunes ont été envoyés combattre en Afghanistan.

Cela n’a pas été sans conséquence sur la sécurité du pays lors de la crise du 5 octobre qui profitera à des opportunistes qui ont instrumentalisé la religion pour atteindre le pouvoir en semant dans les années 1990 le chaos dans le pays. Des milliers de morts et l’Algérie a sombré dans un lendemain incertain. Le travail de fond, sur le plan sécuritaire, mais aussi politique, a fini par donner des fruits pour que l’Algérie qui a chèrement payé sa paix soit aujourd’hui une référence dans la lutte antiterroriste. Grâce à son armée, l’ANP, mais aussi tous ses services de sécurité qui demeurent solides, déterminés et très engagés, l’Algérie jouit d’une expérience incontestable sollicitée par les plus grandes puissances mondiales.