L’article 4 du projet de loi sur les partis politiques lève toute ambiguïté sur ce sujet qui a miné l’actualité nationale durant cet été.
C’est fini. L’activité politique n’est pas autorisée aux dirigeants de l’ex-FIS. Ces derniers ne peuvent plus espérer un quelconque retour sur la scène politique nationale. La nouvelle loi sur les partis le définit clairement dans sa mouture.
L’article 4 de ladite loi lève toute ambiguïté sur ce sujet qui a miné l’actualité nationale durant cet été. «L’interdiction de création ou d’adhésion à un parti politique reste de rigueur pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale, ou ayant participé à des actions terroristes et qui refuse de reconnaître sa responsabilité pour sa participation dans la conception, la conduite et l’exécution d’une politique prônant la violence et la subversion contre la nation et les institutions de l’Etat», stipule le présent article. Le gouvernement campe sur sa position. Exprimant à maintes reprises son refus, le gouvernement l’a inscrit noir sur blanc. Ainsi, les dirigeants de l’ex-FIS qui se préparaient à investir la scène politique n’ont plus d’espoir. L’annonce des réformes politiques et d’ouverture du champ pour les partis a sérieusement motivé les anciens dirigeants de l’ex-FIS. Ces derniers n’ont pas perdu de temps.
Au lendemain de l’annonce des réformes, ils ont commencé leurs manoeuvres. Cette question a suscité des inquiétudes au sein de la classe politique durant la fin d’août dernier. Le retour des islamistes et l’option de l’amnistie générale partagent l’opinion politique. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a démenti catégoriquement l’existence d’un projet appelé amnistie générale. «Il n’y aura pas d’amnistie générale en Algérie», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion de la tripartite. «J’ai lu dans certains journaux, que je parcours en diagonale même lorsque je n’ai pas le temps, qu’il y avait une amnistie générale: faux, faux! sur toute la ligne. Et je la démens le plus solennellement du monde», a-t-il réitéré avec certitude. Ce n’est pas la première fois que le Premier ministre apporte un tel démenti.

Il y a quelques mois seulement, M. Ouyahia a écarté la libération de détenus islamistes. En mai dernier, El Hachemi Sahnouni, fondateur du FIS dissous, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que le Président Abdelaziz Bouteflika «signerait un décret présidentiel visant la libération des prisonniers islamistes».
Selon M. Sahnouni, les détenus qui devaient être libérés sont les islamistes arrêtés entre 1991 et 1992 «sauf ceux qui sont impliqués dans les attentats à la bombe et les viols», a-t-il ajouté. Il a même fait savoir que des négociations sont en cours avec des responsables au pouvoir sur ce sujet. Quelques jours plus tard, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a laissé planer le doute en «avouant» qu’il avait rencontré le fondateur du l’ex-FIS avec la précision qu’il ne l’a pas reçu «en tant qu´ex-responsable du FIS dissous, mais en tant qu´individu». «Nous avons parlé de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale», a-t-il confié à l’issue de la réunion du comité central. Toujours concernant le retour des ex-dirigeants du FIS dissous à la politique, Maître Farouk Ksentini n’y voit pas d’inconvénient.
Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme, Me Farouk Ksentini est d’accord pour que les militants de l’ex- FIS adhérent à des partis politiques, mais s’oppose à un retour du Front islamique du salut après sa dissolution par décision de justice. «Je pense personnellement que nous ne pouvons pas priver ces militants de leur droit de faire de la politique, nous devons leur donner l’opportunité d’exprimer leurs opinions dans d’autres partis, mais un parti légalement dissous ne peut pas revenir à la politique», a-t-il déclaré en live sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon lui, l’interdiction ne peut en aucun cas être généralisée. Elle ne peut également pas avoir le caractère de la perpétuité. «Toute interdiction doit être limitée dans le temps. Il faut se pencher sur la question», a-t-il encore réitéré lors de son passage récemment au forum d’El Moudjahid. Même si l’Etat a bouché toutes les issues, les anciens dirigeants de l’ex-FIS vont tenter de rebondir dès que l’occasion se présentera.