Retour de l’ex-FIS ? Madani Mezrag et Rabah Kebir passent à l’offensive

Retour de l’ex-FIS ? Madani Mezrag et Rabah Kebir passent à l’offensive

Des informations rapportées par le quotidien arabophone Al Khabar lundi font état d’un déplacement de l’ex chef de l’AIS ( Armée islamique du salut) à Constantine où il a récemment rencontré les « repentis » de son organisation terroriste pour discuter des voies et moyens du retour de l’ex- FIS à la légalité. Il semble que Rabah Kebir mobilise également les anciens activistes du FIS dans l’est du pays pour les mêmes objectifs…

Madani Mezrag, l’ancien chef terroriste de l’AIS (Armée islamique du salut) « repenti » est-il adoubé par Abdelaziz Bouteflika à la faveur du dialogue qu’il poursuit avec Ansar Eddine affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique au Nord-Mali? L’ex-chef de l’Armée islamique du salut, bras armé du FIS dissous en 1992 et « officiellement » interdit de retour sur la scène politique par la loi organique sur les partis politiques inscrite dans les réformes de Bouteflika de 2011, saisit-il la victoire des partis islamistes, notamment en Tunisie et en Egypte, pour tenter de s’imposer sur la scène politique plus qu’il ne l’a déjà fait précédemment en renouant les liens avec ses  hommes, près de 4000,  du bras armé du FIS reconvertis dans les affaires à la faveur de la concorde civile dont Madani Mezrag s’est fait le héraut sans pour autant renier son passé de chef terroriste.

Selon le quotidien arabophone Al Khabar, Madani Mezrag aurait rencontré ces derniers jours, dans le quartier de Kitouni Abdelmalek, quartier de villas déclarées « constructions illicites » de  Constantine, plusieurs membres de son ancienne organisation terroriste avec lesquels il aurait discuté  du retour à l’activité politique des ex-membres de l’AIS ayant bénéficié de la grâce amnistiante et de l’urgence qu’il y a à la désignation d’un leadership pour concrétiser cette initiative. Le journal précise que, lors de cette recontre, les discussions ont porté sur trois points.  Le premier consiste à faire pression sur le gouvernement Sellal afin que les ex-membres de l’AIS bénéficient en priorité de postes de travail, de l’accès au logement social et de l’octroi de pension et de couverture sociale aux familles des terroristes de l’AIS tués au cours de la décennie noire.

Le deuxième point, note la même source, est éminemment politique. Il a porté sur le retour du FIS à la légalité. Madani Mezrag en a revendiqué la légitimité par  la victoire des Frères musulmans en Egypte considérant que le retour à la légalité constitutionnelle du FIS est « la voie » ouverte et tracée par Ennahdha en Tunisie et les Frères musulmans en Egypte.

Le troisième sujet, enfin, a porté sur l’urgence qu’il y a à désigner  un  leadership capable d’organiser les « repentis » de l’AIS au niveau local afin que toutes les propositions relatives aux voies et moyens de ce retour à la légalité constitutionnelle  soient discutées au niveau national.  Ce dernier point, selon la même source, s’est heurté à la guerre d’influence que se livent Madani Mezrag et Rabah Kebir, ex-chef du FIS rentré en Algérie en 2006 après 14 ans d’exil en Allemagne.

Le quotidien Al Khabar ajoute que Rabah Kebir a tenu cette semaine une réunion similaire avec environ 80 anciens activistes du FIS à Skikda,  Constantine, Jijel, fief de Madani Mezrag, pour les mêmes objectifs, considérant que l’ex-chef de l’AIS, Madani Mezrag, a abandonné la cause des « repentis » en s’alliant au gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, accusé ainsi par Rabah Kebir d’avoir trahi la cause des revendications socioéconomiques des « repentis » et des familles des terroristes disparus ou tués dans les maquis.

Récemment, Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), n’a pas exclu l’éventualité du retour de l’ex-Fis sur la scène politique en déclarant  dans les colonnes de TSA septembre dernier : « En ce qui concerne les chefs de l’ex‑FIS, la question est tout autre. Je pense que les positions peuvent être révisées si eux‑mêmes révisent leurs positions et reviennent à de meilleurs sentiments », estimant même  qu’il « ne pense pas que le président Bouteflika soit contre le retour des dirigeants du parti islamiste dissous sur la scène politique. »

Rappelons que, suite aux réformes initiées par le Chef de l’Etat avril 2011, Abassi Madani, de Doha, a rendu public un communqiué dans lequel il a menacé de saisir les instances internationales suite à l’interdiction de retour sur la scène politique de son parti. Bien qu’ayant appelé au boycott du scrutin législatif, des ex-activistes du FIS et de l’AIS avaient assisté à plusieurs meetings de partis islamistes.

R.N